Au siège passager de MBS et MBZ, Al-Sissi se laisse conduire vers un nouvel ordre régional

En l’espace de deux jours, Abdel Fattah al-Sissi a été conduit tour à tour par Mohammed ben Salmane à Neom et par Mohammed ben Zayed à El-Alamein, dans la côte méditerranéenne égyptienne. Deux séquences inattendues, captées par les caméras, où les deux dirigeants du Golfe ont pris le volant pour transporter le président égyptien. Mais derrière l’image insolite se dessine une autre lecture : la “conduite” n’est pas seulement automobile, elle devient diplomatique.

Car ces gestes, qui rompent avec les codes protocolaires habituels, sont porteurs d’un message clair : l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats se placent dans un même véhicule stratégique, face aux recompositions accélérées du Moyen-Orient. Gaza, la question palestinienne, la sécurité de la mer Rouge et l’équilibre des rapports de force régionaux étaient au cœur des échanges.

À Neom, l’image de Mohammed ben Salmane attachant sa ceinture de sécurité avant de démarrer a marqué les esprits par sa spontanéité. À El-Alamein, la balade méditerranéenne de Mohammed ben Zayed et Abdel Fattah al-Sissi, ponctuée d’un petit-déjeuner sur le sable, a donné un autre relief à la rencontre.

En choisissant eux-mêmes de “conduire” leur homologue égyptien, MBS et MBZ ont délivré un message symbolique : la route qui s’ouvre n’est pas seulement protocolaire, elle engage un axe diplomatique en pleine accélération.

Escale à Neom avec Mohammed ben Salmane

Le 22 août, Abdel Fattah al-Sissi a été accueilli à l’aéroport de Neom par Mohammed ben Salmane. Le prince héritier saoudien a conduit lui-même la voiture qui transportait les deux dirigeants, une scène relayée par les médias saoudiens et égyptiens et largement commentée en ligne.

Un détail a retenu l’attention : le geste du prince héritier attachant sa ceinture de sécurité juste avant de démarrer. Un moment perçu comme spontané et marquant la proximité entre les deux responsables.

Selon le communiqué égyptien, la visite avait pour objectif de renforcer la « partenariat stratégique » entre Riyad et Le Caire, avec un agenda chargé : évolution du conflit à Gaza et perspectives de reconnaissance de l’État palestinien, coordination sur les crises régionales (Liban, Syrie, Soudan, Libye, Yémen) ainsi que la sécurité du couloir stratégique de la mer Rouge.

Mohammed ben Zayed, le proprio de la côte méditerranéenne

Moins de 48 heures plus tard, Abdel Fattah al-Sissi recevait Mohammed ben Zayed en Égypte, pour une visite de plusieurs jours. Le président émirati a conduit lui-même son homologue égyptien, un geste à forte valeur symbolique qui a été salué par des observateurs comme le signe d’une confiance et d’une proximité particulières.

Les deux dirigeants ont partagé des moments publics à la fois informels et protocolaires : un petit-déjeuner au bord de la Méditerranée, à El-Alamein, des discussions bilatérales élargies aux grandes questions régionales, ainsi qu’un hommage à la mémoire du fondateur des Émirats, le cheikh Zayed ben Sultan Al Nahyane, dont les portraits ornaient le littoral en compagnie des drapeaux émiratis et égyptiens.

Le calendrier rapproché des visites de MBS et de MBZ à Al-Sissi illustre une coordination régionale renforcée, notamment sur la gestion du dossier palestinien, entre autres.

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