Le média en ligne Brut, spécialisé dans la vidéo et particulièrement populaire auprès des jeunes audiences, a officiellement été racheté par CMA CGM, groupe dirigé par le milliardaire Rodolphe Saadé. L’acquisition, finalisée vendredi 12 septembre, vient s’ajouter à une série d’opérations qui ont profondément transformé le paysage médiatique français au cours des trois dernières années.
Un nouvel axe stratégique pour CMA Media
Avec Brut, CMA Media, la filiale médias du groupe, crée un troisième pilier stratégique consacré aux réseaux sociaux, qui vient compléter ses pôles presse et audiovisuel. L’entreprise revendique désormais « la deuxième plus grande rédaction de France, et la première du secteur privé », avec plus de 1 600 journalistes.
Déjà actionnaire de Brut, CMA Media avait annoncé début juillet être entré en négociation exclusive pour son rachat. Brut, qui compte 250 salariés, est redevenu rentable fin 2023 après une phase de réorganisation et continue de mettre en avant sa capacité à générer un fort engagement en ligne.
La direction opérationnelle de Brut sera maintenue : Elsa Darquier reste directrice générale, désormais placée sous l’autorité de Claire Léost, nouvelle directrice générale de CMA Media et présidente de Brut. Les cofondateurs Renaud Le Van Kim et Guillaume Lacroix continueront d’accompagner la stratégie en tant que conseillers.
Depuis 2022, Rodolphe Saadé multiplie les acquisitions :
- La Provence et Corse Matin en octobre 2022,
- une entrée au capital du groupe M6,
- le rachat du journal La Tribune et le lancement de son édition dominicale en 2023,
- l’acquisition en 2024 de BFM-TV, RMC et des chaînes RMC Découverte et RMC Story auprès d’Altice.

CMA Media s’apprête également à reprendre la chaîne Chérie 25 (NRJ Group).
Avec l’intégration de Brut, CMA Media parachève une architecture médiatique polymorphe, articulant presse, audiovisuel et réseaux sociaux. Mais au-delà de l’ambition industrielle de Rodolphe Saadé, cette opération s’inscrit dans une reconfiguration plus large du champ médiatique français depuis l’intronisation d’Emmanuel Macron, où l’information est de plus en plus concentrée entre les mains des grandes fortunes hexagonales. Dans ce nouvel équilibre, l’armateur devenu magnat des médias n’entend pas seulement élargir son empire : il consolide sa place dans le réseau d’influence politique et économique qui façonne désormais le récit national.