Dans les couloirs du pouvoir algérien, l’affaire est devenue un sujet chuchoté à voix basse. Le général Abdelkader Haddad, plus connu sous le surnom inquiétant de Nacer El Djen, ex-patron de la Sécurité intérieure, s’est volatilisé. Officiellement limogé en mai et placé en résidence surveillée, il aurait franchi la Méditerranée à bord d’une embarcation de fortune pour rejoindre l’Espagne. Une fuite rocambolesque, à la hauteur d’un homme qui connaissait tous les secrets d’un système qu’il a longtemps servi.
Complicités internes et humiliation institutionnelle
Selon plusieurs sources, des officiers l’auraient accompagné dans son escapade. Une hypothèse qui, si elle se confirmait, sonnerait comme un désaveu cinglant pour l’état-major. Le général Saïd Chengriha, chef de l’armée, aurait ordonné dans la foulée la fermeture de plusieurs points de passage avec la Tunisie, signe que la panique n’est pas feinte.
Un détail, tenu longtemps sous silence, intrigue particulièrement : Nacer El Djen aurait contracté un mariage en Espagne avec une Hispano-marocaine, mariage religieux qui lui aurait ouvert une porte de sortie discrète vers une éventuelle naturalisation. Une précaution, disent certains, pensée de longue date comme une assurance-vie en cas de disgrâce.
Figure redoutée de la « décennie noire », il fut l’homme des basses œuvres, dirigeant l’appareil chargé de traquer, d’éliminer, de museler. Aujourd’hui, l’ancien bourreau apparaît comme un fugitif, traqué à son tour par le système qu’il servait. En Algérie, les généraux tombent rarement pour leurs crimes, mais souvent pour ce qu’ils savent.
L’affaire dépasse le simple cadre judiciaire. Elle agit comme un signal adressé à la nomenklatura militaire : nul n’est intouchable, et les loyautés ne survivent pas à la moindre fissure dans l’édifice. Pour Alger, cette évasion est un aveu d’impuissance et révèle la fragilité d’un équilibre interne fondé sur les purges successives.