L’administration Trump a annoncé, vendredi 19 septembre 2025, la fin du Temporary Protected Status (TPS) pour les ressortissants syriens vivant aux États-Unis depuis plus d’une décennie. Plus de 6 000 personnes, installées légalement depuis 2012 grâce à ce dispositif, se voient désormais contraintes de quitter le pays dans un délai de 60 jours, sous peine d’arrestation et de déportation.
La mesure a été annoncée par la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, qui justifie la décision par « l’évolution des conditions en Syrie ». Selon le Département de la Sécurité intérieure (DHS), ces conditions « ne justifient plus » la protection exceptionnelle accordée aux Syriens après le déclenchement de la guerre civile en 2011.
Dans un communiqué, la porte-parole du DHS, Tricia McLaughlin, a affirmé :
« La Syrie est un foyer de terrorisme et d’extrémisme depuis près de vingt ans, et il est contraire à notre intérêt national de permettre à ses ressortissants de rester sur notre territoire. TPS est par définition un dispositif temporaire. »
Cette rhétorique s’inscrit dans la ligne dure adoptée par Donald Trump, qui a multiplié depuis son retour au pouvoir les offensives contre les régimes de protection temporaire ou humanitaire. Les Vénézuéliens, Honduriens, Haïtiens, Nicaraguayens et Ukrainiens avaient déjà vu leur statut levé.
Un mécanisme controversé : “self-deportation” et primes au départ
Outre l’expulsion, le DHS introduit une nouvelle modalité inédite : les Syriens ont la possibilité de recourir à l’application CBP Home, leur permettant de signaler leur départ volontaire, de bénéficier d’un billet d’avion offert et d’une prime de sortie de 1 000 dollars. Ceux qui acceptent ce mécanisme pourraient, selon les autorités, « préserver une possibilité future d’immigration légale ».
À l’inverse, les Syriens arrêtés de force seront frappés d’une interdiction définitive de retour sur le territoire américain.
La mesure a immédiatement suscité l’indignation d’associations de défense des migrants, qui dénoncent une décision « inhumaine » et « cynique ». Plusieurs manifestations ont éclaté à proximité des bureaux de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), comme à Burlington (Massachusetts), où les pancartes dénonçaient : « Stop terrorizing immigrants and citizens ».
Les démocrates accusent la Maison-Blanche de mettre en péril la vie de milliers de personnes, renvoyées vers un pays encore marqué par la guerre, l’autoritarisme et l’effondrement socio-économique. Ils rappellent également que de nombreux employeurs américains dépendent de cette main-d’œuvre légale et expérimentée.
Un symbole de la politique migratoire trumpienne
Cette décision illustre la volonté du président Trump de «restaurer la cohérence du système migratoire américain» en réduisant drastiquement toutes les formes de protection humanitaire. Elle s’inscrit dans une stratégie globale de remise en cause des dispositifs temporaires jugés « abusifs » par l’administration.
Pour les Syriens installés aux États-Unis depuis plus de dix ans, l’annonce marque un coup d’arrêt brutal à leurs espoirs de stabilité. Beaucoup avaient reconstruit leur vie, créé des entreprises, ou poursuivaient des études, convaincus que leur statut leur assurait un ancrage durable.