La compagnie Tassili Airlines, déjà fragilisée par des critiques sur sa gouvernance, se retrouve aujourd’hui au cœur d’une tempête judiciaire. Son directeur général, Abdessamad Ourihan, est interdit de quitter le territoire et placé sous contrôle judiciaire, soupçonné de détournement de fonds publics. Derrière les chiffres qui circulent – plus d’un demi-million d’euros versés à WFS et 2,7 millions de dollars transférés à une obscure compagnie jordanienne – se dessine l’image d’un système opaque où les zones d’ombre pèsent plus lourd que la transparence. Une affaire symptomatique des dérives qui minent le transport aérien algérien et qui pourrait bien devenir un nouveau symbole des scandales politico-économiques du pays.
Des soupçons de détournement de fonds publics
La mesure intervient alors que la justice algérienne enquête sur de possibles cas de dilapidation de deniers publics imputés au dirigeant. Les contours du dossier demeurent encore flous, mais plusieurs opérations financières sont citées par les sources proches du dossier.
Parmi elles :
- Un transfert de 512 000 euros au profit de la société Worldwide Flight Services (WFS), acteur mondial spécialisé dans les services aéroportuaires.
- Une transaction supérieure à 2,7 millions de dollars vers une compagnie aérienne privée jordanienne, effectuée dans le cadre d’un contrat entouré de nombreuses zones d’ombre.
Pour l’heure, aucune communication officielle des autorités judiciaires n’a précisé la nature exacte des griefs retenus contre Ourihan ni le rôle éventuel d’autres parties. Les investigations se poursuivent, et le dossier reste suivi de près par les observateurs du secteur aérien en Algérie.
Un régime d’oligarques sans trasnport domestique aérien
La mise en cause du DG intervient dans un contexte de reconfiguration profonde de Tassili Airlines. En juin 2025, la compagnie a été rachetée entièrement par Air Algérie, qui a absorbé sa flotte et son personnel pour lancer une nouvelle filiale dédiée au transport domestique, baptisée “Domestic Airlines”.
Présentée comme une rationalisation visant à améliorer la connectivité intérieure, cette opération est critiquée comme un simple rebranding, sans réelle réforme de gouvernance. Avec 15 avions supplémentaires intégrés à sa flotte et l’ambition affichée de corriger les failles du service public, Air Algérie hérite aussi des zones d’ombre de Tassili, dont le dossier judiciaire en cours pourrait jeter une lumière crue sur les fragilités structurelles du secteur aérien algérien.
Cette affaire intervient dans un contexte déjà tendu pour le secteur, marqué par une série de polémiques concernant la gestion et la gouvernance des compagnies publiques. L’évolution du dossier sera scrutée de près, tant les montants en jeu et les partenaires étrangers cités suscitent des interrogations sur la régularité des procédures.