Depuis plusieurs semaines avant la tempête GenZ212, un nom circulait discrètement dans les salons casablancais : Tarik Hammane, actuel directeur général de l’ONEE. L’ancien cadre de Total, recruté par Aziz Akhannouch, aurait, selon plusieurs sources, attiré l’attention du chef du gouvernement pour un poste autrement plus symbolique : la présidence du groupe OCP.
Un profil qui cochait toutes les cases
Tarik Hammane entrait dans toutes les cases du casting idéal selon Aziz Akhannouch. Son passage par TotalEren, concurrent direct du groupe Afriquia, où il a piloté les activités hydrogène vert et les filiales Afrique du Nord, lui a donné une légitimité naturelle sur un secteur devenu prioritaire aux yeux du chef du gouvernement.
Ajoutée à son expérience à Masen, où il a dirigé les programmes d’énergies renouvelables, Hammane incarne ce nouveau type de profil hybride, à la croisée de l’industrie fossile et de la transition propre, le profil idéal, discret et loyal, pour un Akhannouch qui rêverait de voir son groupe happé par la poussée du Groupe OCP dans les énergies propres et notamment l’hydrogène vert.
Pour mesurer l’importance stratégique de cette orientation, il faut rappeler qu’Akhannouch a confié à son homme de confiance, Rachid Idrissi Kaitouni, le pilotage du chantier de transformation énergétique d’Akwa Group, matérialisé par la création d’une nouvelle filiale : Saha Gaz.
Un cercle de pouvoir méthodiquement resserré
Dans les milieux économiques, cette hypothèse faisait sourire, mais pas pour longtemps.
Car si elle s’était confirmée, elle aurait marqué une étape décisive dans la consolidation silencieuse du pouvoir économique d’Akwa group, l’empire familial d’Aziz Akhannouch.
Les signaux ne trompent pas. Depuis son arrivée à la primature, Akhannouch a neutralisé ou écarté des figures qui pouvaient lui tenir tête : Moulay Hafid Elalamy, Mohamed Benchaâboun, Ahmed Réda Chami, Chakib Benmoussa ou encore Khalid Aït Taleb.
Tous représentaient, chacun à leur manière, des contre-pouvoirs au sein de son système, porteurs d’une légitimité institutionnelle, intellectuelle ou morale que la logique patrimoniale d’Akwa ne pouvait tolérer.
À mesure que le cercle se refermait, le pouvoir exécutif se transformait en écosystème économique, où les loyautés comptaient plus que les compétences, et où les postes-clés servaient de points d’ancrage pour un maillage d’influence inédit
Une rumeur stoppée net par la rue
Le timing a finalement trahi le projet.
Alors que la vague GenZ212 balayait les certitudes du Chef du Gouvernement, le dossier OCP s’est brutalement évaporé des conversations. Les priorités ont changé, la rue s’est imposée comme le nouveau centre de gravité du politique, et l’idée même d’un remaniement stratégique a semblé soudain déplacée.
Dans les milieux bien informés, on parle d’un “projet suspendu”, pas d’un abandon.
Une manière élégante de dire que les équilibres internes ont simplement gelé les ambitions, pour un temps.
Car au Maroc, les nominations stratégiques ont souvent la mémoire longue.