Nadia Fettah, cible d’un bashing injustifié : quand la compétence dérange et le calme irrite

Depuis quelques jours, un vent de critiques disproportionnées s’abat sur Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances, après une intervention maîtrisée depuis Washington sur la chaîne émiratie Sky News Arabia.

Calme, décomplexée, confiante, elle y a exposé la situation budgétaire du Maroc, évoqué les aspirations légitimes de la jeunesse, et rappelé la solidité des équilibres macroéconomiques du pays. Une prestation qui aurait dû susciter la fierté nationale. Elle a, au contraire, déclenché une vague de bashing.

Une parole nécessaire dans un moment sensible

Cette sortie médiatique n’était ni une improvisation, ni une opération de communication. La ministre s’exprimait depuis Washington, à l’occasion des Assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale (BM), rendez-vous stratégique réunissant les plus hautes instances économiques et financières mondiales, les délégations des pays membres, ainsi que des représentants du secteur privé et du monde académique.

Le contexte n’était pas neutre :

  • Le Maroc venait de décrocher le statut «Investment Grade», un jalon majeur pour la crédibilité financière du Royaume.
  • Dans le même temps, le mouvement GenZ212, né sur les réseaux sociaux, focalisait l’attention des médias internationaux, occultant même la couverture de la flottille de Gaza.

Alors que le Chef du gouvernement gardait le silence et que deux ministres multipliaient les maladresses sur Al Arabiya, Nadia Fettah a fait ce que l’on attend d’un responsable d’État : parler pour rassurer.

Une femme d’État qui assume sa parole

La ministre n’a rien dévoilé de nouveau. Elle a rappelé les orientations du projet de loi de finances, connues depuis des mois à travers la note du Chef du gouvernement. Mais elle l’a fait avec méthode et assurance, devant un média international, démontrant que le Maroc sait défendre sa ligne économique avec sérieux et sérénité.

Pourtant, cette communication claire a dérangé. Parce qu’elle vient d’une femme ? Parce qu’elle tranche avec le désordre ambiant ? Ou simplement parce qu’elle incarne une autorité tranquille, dans un paysage politique où la démagogie tient souvent lieu de courage ?

Refuser la censure, refuser la démagogie

Dans une publication lucide, le journaliste Younes Masskine a tenu à rappeler que la liberté d’expression ne saurait être sélective :

« Tenter de museler les voix et de réprimer la liberté d’expression est inacceptable, quelle qu’en soit la direction, qu’il s’agisse du gouvernement envers l’opposition, ou de l’opposition envers le gouvernement. L’opposition ne peut être exercée selon une logique de “tchiar”, c’est-à-dire une manière de parler sans réfléchir, de critiquer tout et n’importe quoi sans discernement ni responsabilité.

La ministre des Finances, dont les Marocains se sont réjouis de la prise de parole, n’a fait que rappeler les priorités et les grandes orientations du projet de loi de finances, connues depuis plusieurs mois. Son intervention depuis Washington, face à des médias internationaux, est naturelle et compréhensible, car la loi de finances suscite un intérêt non seulement national, mais aussi international : les institutions financières et économiques mondiales y accordent autant d’attention que le citoyen marocain lui-même.

On ne peut pas se plaindre sans cesse du manque de communication des responsables, puis, lorsqu’ils s’expriment, leur opposer un discours de suspicion ou chercher à les opposer au Roi, comme le font certaines voix malveillantes. »
— Younes Meskine, journaliste et éditorialiste

Ces mots replacent le débat là où il doit être : dans la responsabilité et la décence.
On ne peut pas dénoncer le mutisme des responsables publics, puis leur reprocher de parler dès qu’ils s’adressent à la presse internationale.

Un Maroc crédible, soutenu et respecté

Il faut aussi saluer nos partenaires du Golfe, notamment l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui mettent à la disposition des responsables marocains des plateformes médiatiques internationales puissantes, leur permettant de corriger les narratifs biaisés et de défendre l’image d’un Maroc stable et ambitieux.

Dans une période où certains médias étrangers cherchent à associer le Maroc au chaos, ces interventions sont essentielles pour préserver la crédibilité du pays et rappeler sa trajectoire de confiance.

Ce que symbolise Nadia Fettah à Washington, c’est la maturité institutionnelle du Maroc : une gouvernance qui assume ses choix, une voix féminine forte dans les instances économiques mondiales, et une diplomatie financière cohérente avec la vision royale.

Au lieu de la critiquer, il faudrait s’en inspirer. Car ce que beaucoup ont pris pour une “erreur de communication” est en réalité une expression de souveraineté assumée et de leadership lucide.

Nawfal Laarabi
Nawfal Laarabi
Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist 20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

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