La Chine à l’écoute de l’Afrique qui s’éveille

Le dynamique Think Tank marocain Amadeus a co-organisé avec l’ambassade de Chine au Maroc, le mardi 6 mars 2018, une conférence des experts préparatoire du 6ème sommet du Forum de coopération sino-africain (FOCAC). Près d’une soixantaine de personnalités et d’experts, venant de pays africains et de Chine, ont répondu présents pour plancher sur quatre axes couvrant le partenariat multiforme sino-africain.


Le format simple choisi par Amadeus est pratique et pragmatique pour une meilleure efficacité dans la gestion des débats. Ouverte par l’ambassadeur de Chine Li Li et Brahim Fassi-Fihri, président de l’institut Amadeus, les deux responsables ont mis en exergue la qualité de la coopération et du partenariat tissés par l’Empire du Milieu avec divers pays africains. Le Maroc en est l’illustration parfaite dans divers domaines.

Par la suite, la conférence est entrée dans le vif des thèmes retenus. Ainsi donc la matinée, la première session a traité de la coopération économique et des investissements. Le deuxième atelier s’est penché sur la coopération et le mécanisme politique.

L’après midi, ont été débattus les deux autres thèmes à savoir le développement humain et les transferts de compétence avec une question lancinante et pertinente : l’Afrique peut-elle importer le modèle de développement chinois ?

Enfin, la quatrième session a planché sur la coopération en matière de paix et de sécurité avec l’interrogation suivante : La Chine future actrice de la nouvelle architecture africaine de paix et de sécurité ?

Cette conférence-débat n’était pas ouverte aux médias. Toutefois, à chaque pause café, les journalistes ont pu réaliser des entretiens ou recueillir quelques «indiscrétions». Ce qui a retenu l’attention côté chinois, c’est leur disponibilité qui entre dans le cadre d’une offensive de charme pour dire que la Chine est désormais ouverte, sans complexe, loin de l’étiquette qui lui collait au dos, plaidant pour un véritable partenariat sud-sud gagnant. Les responsables chinois ont souligné la disponibilité de leur pays à travailler avec les pays africains dans le respect des spécificités de chaque pays sans ingérence ou interférence dans les affaires intérieures.

Les experts africains et loin de toute langue de bois, ont estimé que l’Afrique a beaucoup à gagner en diversifiant ses partenariats en coopérant davantage avec la Chine. Ils demandent un rôle accru au secteur privé et une meilleure gouvernance et la présentation de projets bien étudiés à la partie chinoise. Ils ne veulent pas d’un partenariat où l’Afrique sera perçue comme étant le grenier des matières premières pour les superpuissances. Ils veulent du concret, avec des plus values dans les domaines de la formation et des ressources humaines, du transfert technologique et tout ce qui peut aider le continent à assurer tant soit peu son décollage.

Le dossier de la paix et de la sécurité a été largement débattu, parfois avec passion. Les Africains ont été unanimes pour souligner l’équation entre sécurité, développement et démocratie. Ils savent de quoi ils parlent puisque certains pays n’arrêtent pas malheureusement de payer un lourd tribut au terrorisme, aux guerres civiles ou tribales. Ils ont demandé davantage d’implication de la Chine dans le maintien de la paix dans les régions qui subissent des troubles et non pas se contenter du volet économique. A cet égard, un vibrant hommage a été rendu au Maroc et à son armée royale pour le rôle légendaire dans les opérations de maintien de la paix avec les casques bleus marocains qui ont payé de leur vie l'engagement du Maroc et sa mobilisation pour un continent sûr.

La Chine ne sera pas le gendarme de l'Afrique

Réagissant à une «l’interpellation», le jeune attaché militaire chinois à Rabat a souligné que son pays est le deuxième contributeur après les USA dans le budget des forces de l’ONU relevant que son pays n’épargnera aucun effort mais ne sera aucunement une puissance néocoloniale ou gendarme de l’Afrique. En d’autres termes, la Chine ne sera pas un casse tête pour l’Afrique mais plutôt pour ses concurrents sur le continent, les Etats-Unis et l’Europe en tête !

L’intérêt donc de cette journée est de soulever les véritables questions qui taraudent l’esprit des experts, chacun dans son domaine, et de baliser la route pour le prochain FOCAC prévu en principe au mois de septembre à Pékin.

Noureddine Boughanmi, journaliste polyglotte avec plus de trois décennies d'expérience dans différents supports marocains et étrangers. Passionné de littérature, d'actualité et d'art, il a interviewé, en français, en anglais et en arabe des dizaines d'acteurs politiques de renommée mondiale. Durant les années 1980 et 1990 il a roulé sa bosse entre la Tunisie, la France, l'Indonésie, l'Afrique du Sud avant de s'installer définitivement au Maroc

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