L’ouverture de la 93e Assemblée générale d’INTERPOL à Marrakech ne relève pas du seul protocole : elle s’inscrit dans une trajectoire où le Maroc consolide une posture de puissance-pivot dans la gouvernance sécuritaire mondiale.
Face aux dirigeants des 196 pays membres, M. Abdellatif Hammouchi, Directeur général de la Sûreté nationale et de la Surveillance du territoire, a développé une vision articulée autour de la souveraineté coopérative, de la modernisation institutionnelle et de la continuité stratégique portée par le leadership du Roi Mohammed VI.
Dès l’ouverture, il a situé l’événement dans une dimension claire et assumée :
« La volonté affirmée du Royaume du Maroc d’accueillir les travaux de la 93e session d’INTERPOL découle de son engagement ferme à renforcer la coopération sécuritaire multilatérale et à consolider le front international contre la criminalité organisée transnationale. »
Un socle royal : sécurité collective, responsabilité partagée
S’appuyant explicitement sur les hautes orientations royales, M. Hammouchi a rappelé l’essence d’une doctrine sécuritaire marocaine fondée sur l’équilibre et la cohésion :
« Sa Majesté le Roi Mohammed VI considère que la sécurité est un bien collectif et une responsabilité partagée, qui ne peut être protégée et préservée qu’à travers le renforcement de la coopération institutionnelle et des partenariats sociétaux, d’une part, et le développement d’une solidarité internationale accrue, d’autre part. »
Cette formulation ancre l’événement dans une lecture où la sécurité devient un bien commun, exigeant des alliances durables et une connectivité institutionnelle soutenue.

Un modèle intégré : protection, droits humains et communication institutionnelle
Exposant le modèle marocain, M. Hammouchi a détaillé une architecture sécuritaire fondée sur la cohérence des leviers :
« Les services de sécurité marocains ont élaboré une stratégie intégrée dans laquelle la préservation de la sécurité ne se dissocie pas du respect des droits de l’homme, et où le travail policier ne s’oppose pas à la communication institutionnelle. La fonction policière a pour finalité de servir le citoyen, de garantir sa sécurité et sa protection. »
Cette articulation, devenue un pilier du modèle marocain, marque une inflexion majeure : légitimité, efficacité et transparence ne sont plus des registres distincts, mais les faces d’une même trajectoire.

Un monde fragmenté appelle des structures non fragmentables
Face à l’expansion de la criminalité transnationale, M. Hammouchi a insisté sur la nécessité d’élargir les cercles de coopération :
« Les défis sécuritaires dépassent désormais les frontières nationales du fait de l’extension des structures criminelles virtuelles, de l’interconnexion des réseaux et de l’émergence de pôles terroristes régionaux. Il nous incombe donc de créer des structures sécuritaires communes et indivisibles, en coordination étroite avec INTERPOL et les organisations régionales concernées. »
Dans cette vision, la souveraineté n’est pas amoindrie par la coopération : elle s’y renforce, en empêchant les groupes criminels de prospérer dans les zones grises laissées entre les États.
Une criminalité en mutation : cyberespace, technologies et guerre hybride
Le directeur général a souligné la pression croissante exercée sur les systèmes sécuritaires :
« L’augmentation des menaces et l’apparition de nouvelles formes de criminalité liées à l’usage abusif des technologies placent INTERPOL et les services de sécurité devant des responsabilités accrues et des charges importantes. »
Il a prolongé cette analyse en situant la cybercriminalité dans une nouvelle typologie stratégique :
« La cybercriminalité s’impose aujourd’hui comme l’une des formes des guerres hybrides visant à affaiblir les États et à compromettre leur sécurité et leur stabilité. »
Ce diagnostic place Marrakech au cœur d’un moment où se redessinent les équilibres entre sécurité numérique, résilience nationale et interopérabilité internationale.
L’ambition d’un Interpol renouvelé et projeté
M. Hammouchi a projeté une vision partagée de l’avenir de l’organisation :
« Si nous aspirons tous à un Interpol du futur, garant d’un monde plus sûr, où la sécurité constitue le socle du développement et la clé de la prospérité, alors le chemin vers cet objectif doit passer par les travaux de notre Assemblée générale, réunie aujourd’hui à Marrakech. »
Cette affirmation positionne le Maroc comme terrain d’élaboration des solutions globales face aux menaces en expansion.
INFOBOX – 93e Assemblée générale d’INTERPOL à Marrakech
Lieu & Dates : Marrakech, du 24 au 27 novembre 2025
Objet de la session :
– Renforcement de la coopération sécuritaire multilatérale
– Lutte contre la criminalité organisée transnationale
– Modernisation des capacités policières mondiales
– Promotion de la place des femmes dans les forces de l’ordre
– Approfondissement de l’alliance internationale contre les menaces émergentes (cybercriminalité, réseaux d’escroquerie)
Hautes autorités présentes
Côté marocain :
– Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur
– Mohamed Abdennabaoui, Premier président de la Cour de Cassation
– Hicham Balaoui, Procureur général du Roi près la Cour de Cassation
– Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères
– Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget
– Général de Corps d’Armée Mohamed Haramou, Commandant la Gendarmerie Royale
– Mohamed Yassine Mansouri, Directeur général des Études et de la Documentation
– Mohamed Salah Tamek, Délégué général à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion
Côté international :
– Ahmed Naser Al-Raisi, Président d’INTERPOL
– Valdecy Urquiza, Secrétaire général d’INTERPOL
– Mohamed Ben Ali Koman, SG du Conseil des ministres arabes de l’Intérieur
– Abdelmajid Ben Abdallah El Bouniane, Président de l’Université arabe Naif des sciences de la sécurité
Thèmes au programme
– Cybercriminalité et conflits hybrides
– Réseaux criminels transnationaux
– Centres d’escroquerie internationaux
– Coopération policière multilatérale
– Capacités opérationnelles mondiales d’INTERPOL
– Égalité de genre et leadership féminin dans la sécurité
La dimension humaine comme levier stratégique
Abordant la question du rôle des femmes dans les forces de sécurité, il a affirmé:
« Consacrer un espace important à la discussion sur le rôle des femmes dans la police, afin d’en tirer des enseignements de leadership et de transformation, est une initiative remarquable qui consacre l’approche genre dans le travail sécuritaire. Les femmes policières ont réalisé de grandes réussites, y compris dans les situations les plus complexes et dangereuses. »
Le Maroc inscrit ainsi l’égalité professionnelle non comme un objectif social, mais comme un facteur de performance et de résilience institutionnelle.
Une confiance assumée dans la coopération internationale
Pour conclure, M. Hammouchi a affirmé avec lucidité et conviction :
« Nous sommes, au Royaume du Maroc, convaincus de la réussite de cette Assemblée générale d’INTERPOL et engagés à renforcer notre action collective avec le Secrétariat général et les États membres. La sécurité est un coût partagé et un acquis collectif que chacun doit contribuer à protéger, à préserver et à consolider. »
Enfin, il a rappelé la fonction cardinale de l’événement :
« L’Assemblée générale d’INTERPOL constitue l’espace le plus large et le cadre idéal pour débattre des enjeux de sécurité collective et élaborer les meilleures approches pour la protéger, la renforcer et la pérenniser. »
Depuis Marrakech, le Maroc réaffirme qu’une sécurité durable se construit sur trois piliers : cohésion interne, connectivité internationale et anticipation technologique. Dans un monde traversé par des menaces hybrides et des réseaux transnationaux mouvants, la décennie à venir sera celle des États capables de conjuguer souveraineté, coopération et résilience.
Le Maroc, par la vision qu’il projette, s’y positionne déjà comme l’un des architectes essentiels.







