«C’est bien moi ! » Le président Buhari répond aux rumeurs sur sa mort et son clonage

Le président Nigérian, Muhammadu Buhari, s’est enfin résolu à réagir aux rumeurs selon lesquelles il aurait été remplacé par un sosie, un dénommé "Jubril al Sudani", mettant ainsi fin à une théorie du complot loufoque qui circule depuis plusieurs mois dans les médias sociaux et que nous avions révélé sur www.le1.ma le 30 novembre dernier.


C’est lors d’une réunion publique, devant des ressortissants nigérians en Pologne, le dimanche 2 décembre, la veille de l’ouverture de la conférence de l'ONU sur le changement climatique, COP24, que Muhammadu Buhari est sorti de son mutisme. Interpellé par l’assistance sur la rumeur de sa mort et de son clonage, qui a pris des proportions importantes en faisant le tour du monde, le président n’a pas hésité à réagir : «C’est le vrai moi, je vous assure. Je vais bientôt fêter mes 76 ans et je suis toujours vigoureux. »

La réponse de Buhari va amuser toute la salle, y compris les membres de sa délégation. Il continue alors dans sa lancée : «Beaucoup de gens espéraient me voir mourir quand j’étais en mauvaise santé. Certains, persuadés que j'étais mort, ont même contacté le vice-président pour les prendre comme adjoints. Cela l'a beaucoup embarrassé et, bien sûr, il m'a rendu visite quand j'étais en convalescence à Londres.»

Buhari a ensuite fustigé ceux qui propagent la rumeur en les traitant «d’ignorants et d’impies» avant de rajouter : "S'il y a quelqu'un qui me harcèle [sur ce sujet], ce sont surtout mes petits-enfants, et ils sont trop nombreux."

Ces déclarations de Buhari ont par la suite fait l’objet d’une diffusion à grande échelle, par son cabinet, via un communiqué portant l'intitulé «C’est bien moi, le président Buhari répond à l’allégation de clonage». De plus, l’échange en Pologne entre le président nigérian et l'assistance a été filmé, publié sur son compte Twitter et affiché sur sa page de profil.

Un retentissement mondial

L'affaire a fait par la suite le tour de toutes les rédactions. Après un fackcheck de l'AFP, l'info a même fait l'objet d'un passage satirique sur la fameuse emission américaine "Jimmy Kimmel Live". Le célèbre présentateur a partagé la vidéo de l'émission sur Twitter en commentant: "Le président nigérian Buhari est-il un clone"?

La longue maladie et les séparatistes du Biafra à l’origine de la rumeur

Buhari a passé cinq mois au Royaume-Uni l'année dernière pour recevoir un traitement contre un cancer. La longue période d’absence pour convalescence, durant laquelle la présidence a très peu communiqué, a ouvert la voie à de nombreuses théories sur les raisons de son absence.

Plusieurs vidéos sur YouTube, Facebook et Twitter, relayant la théorie de sa mort, ont été ainsi publiées depuis, enregistrant des milliers de vues.

La théorie du sosie doit en grande partie sa propagation aux séparatistes qui espèrent toujours établir un État indépendant, le Biafra, dans le sud-est du Nigéria.

Nnamdi Kanu, dirigeant de l'organisation des peuples autochtones du Biafra, l'un des groupes les plus en vue dans la lutte du Biafra, est l'un des principaux promoteurs de l'allégation du sosie “Jubril le soudanais”. Il affirme que l'imposteur “Jubril” est presque identique à Buhari, à l'exception d'une oreille fissurée, d'un large pont nasal et des mains étrangement jeunes.

Par ailleurs, et selon le site Internet du Daily Post, le chef des séparatistes, Kanu, persiste et signe ! Il a répondu au discours de Buhari en déclarant: «J’ai dit que Jubril était un imposteur. [Les conspirateurs] l’ont amené à agir et à se comporter comme le Buhari «mort». Je n'ai jamais dit qu'il était cloné. […] L'introduction du clonage dans le récit était un stratagème visant à semer la confusion parmi le peuple. »

Et comme nous l’avions rapporté dans un précédent article sur www.le1.ma, la rumeur aurait été alimentée également par la mort mystérieuse d'un diplomate nigérian au mois de mai dernier. Habibu Almu a été retrouvé poignardé à mort dans la capitale soudanaise, Khartoum, par une soudanaise d'origine nigériane.

La police locale a déclaré que le meurtre ne semblait pas être motivé par des considérations politiques, mais les théoriciens du complot l'ont considéré comme la preuve d'un subterfuge soudano-nigérian visant à dissimuler le complot de Jubril.

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