Son nom, facile à retenir, circulait déjà entre les couloirs de la Maison Blanche et des chancelleries israélienne et arabes pour occuper le poste voulu par l'administration Biden et visant à garder la main sur le processus de normalisation entre Israël et les pays arabes, initié par Donald Trump.
Dan Shapiro, ancien ambassadeur américain en Israël a été nommé officiellement, ce jeudi, Conseiller Principal pour «l'intégration régionale, chargé de stimuler le Forum du Néguev».
Selon The Time Of Israel, Dan Shapiro ne sera pas en charge du dossier saoudien. Sa sensibilité est telle, qu'il restera sous la tutelle d'autres responsables de la Maison Blanche, notamment ceux de la sécurité nationale et sécurité énergétique.
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a annoncé jeudi que l'ancien ambassadeur des États-Unis en Israël, Dan Shapiro, rejoindrait l'administration Biden en tant que premier responsable de l'élargissement des accords d'Abraham.
«Dan soutiendra les efforts américains visant à promouvoir une région plus pacifique et interconnectée, à approfondir et à élargir les accords d'Abraham et à construire le Forum du Néguev», a tweeté Antony Blinken, ajoutant que M. Shapiro occupera le poste de conseiller principal pour l'intégration régionale.
Le champ d'action du nouveau Conseiller aux Accords d'Abraham n'inclura pas le dossier de la normalisation saoudienne, rapporte The Time of Israel. Le rapprochement entre Ryadh et Tel-Aviv est géré par les hauts responsables de la Maison Blanche Brett McGurk et Amos Hochstein.
En revanche, Dan Shapiro sera chargé de promouvoir d'autres aspects des accords d'Abraham, notamment le Forum du Néguev, le groupe formé en 2022 par les États-Unis, Israël, les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Maroc et l'Égypte, qui cherche à faire avancer des projets régionaux communs dans divers domaines.
Pour rappel, la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants (HFAC) s'est réunie, le 16 mai 2023, pour évaluer le projet de loi H.R. 3099 du représentant Michael Lawler (R-NY) pour la création d'un poste d'envoyé spécial au sein du Département d'État, chargé exclusivement de renforcer et de faire avancer les travaux des Accords d'Abraham. La commission a voté en faveur de l'avancement de la législation à la Chambre des représentants.
La HFAC a également voté en faveur du projet de loi H.R. 3202, intitulé «Assad Anti-Normalization Act», présenté par le représentant Joe Wilson (R-SC). Ce projet de loi constitue la législation américaine la plus importante sur la Syrie depuis la loi César. Laquelle loi instaurait des sanctions visant les personnes étrangères qui facilitent l'acquisition par le régime d'Assad de biens, de services ou de technologies qui soutiennent les activités militaires du régime, ainsi que ses secteurs de l'aviation et de la production de pétrole et de gaz.
Ce n'est qu'au 5 juin dernier, que l'administration Biden a annoncé la création d'un poste dédié aux accords d'Abraham et envisageait de nommer Dan Shapiro. Le Chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait déclaré à ce titre : «Nous allons bientôt créer un nouveau poste pour faire avancer notre diplomatie et notre engagement avec les gouvernements et le secteur privé, les organisations non gouvernementales, tous œuvrant pour une région plus pacifique et plus connectée.»
«La poursuite de l'intégration d'Israël dans la région contribue à une région plus stable, plus sûre et plus prospère. C'est pourquoi le président Biden en a fait la pierre angulaire de sa politique au Moyen-Orient» avait-il assuré.
Dans Shapiro prend ses fonctions en juillet
Dan Shapiro prendra ses fonctions en juillet, après que la responsable du département d'État américain en charge du Forum du Néguev, Mme Yael Lempert, quittera ses fonctions pour rejoindre son poste d'ambassadeur en Jordanie, précise The Times of Israel.
Le nouveau Conseiller des Accords d'Abraham a été conseiller spécial pour l'Iran dans l'administration Biden durant sept mois. Sous le mandat Obama, Shapiro avait gardé le poste d'ambassadeur en Israël durant 6 ans, de 2011 à 2017.
M. Shapiro a quitté lundi son poste au sein du Think Tank Atlantic Council, où il dirigeait depuis un an l'initiative N7, qui visait à élargir et à approfondir la normalisation entre Israël et les pays arabes et musulmans.
Biden coincé entre le sabotage de la paix par le gouvernement Netanyahu et le chantage saoudien
L'administration Biden a intensifié ses efforts pour négocier un accord de normalisation entre Israël et l'Arabie saoudite au cours des derniers mois, plusieurs hauts responsables s'étant rendus à Riyad pour aborder la question avec le dirigeant de facto du pays Mohammed ben Salmane, notamment Jake Sullivan et Antony Blinken.
L'administration Biden qui souhaite marqué son mandat par le «deal du siècle» en pacifiant la région grâce à l'adhésion de l'Arabie saoudite ,reconnait les difficultés de réalisation d'un tel accord. D'une part, elle fait face à des demandes saoudiennes importantes notamment des garanties de sécurité de la part des États-Unis, et d'un geste majeur et fort au profit des Palestiniens de la part d'Israël.
D'autre part, la Maison Blanche se doit de contenir les actions et les déclarations violentes du gouvernement Netanyhau ultra-nationaliste, sans affaiblir son allié historique. D'ailleurs, les récentes annonces de colonisation israélienne avaient conduit le Maroc à annuler son projet d'accueillir un sommet ministériel du Forum du Néguev mi-juillet et entachaient également les efforts visant à obtenir un accord de normalisation israélo-saoudien.
Ted Cruz contre la nomination de dan Shapiro
L'homme politique le plus israélien des États-Unis, Ted Cruz, sénateur républicain du Texas avait publié une vidéo, le 15 mai 2023, critiquant le choix de Dan Shapiro pour le nouveau poste de Conseiller «Abraham Accords».
«Depuis des années, Dan Shapiro se fait le relais de l'hostilité des démocrates à l'égard d'Israël. Il a même essayé d'interférer directement avec ma rencontre avec Bibi (Netanyahu) et a menacé de retirer mon accréditation de sécurité. C'était surréaliste ; je lui ai dit d'aller se faire voir.» a déclaré Ted Cruz.
«Aujourd'hui, Biden, qui déteste les accords d'Abraham, veut lui confier la responsabilité des efforts de l'administration pour saper les accords d'Abraham.» lâche le sénateur américain.
Ted Cruz n'est pas à son premier coup d'éclat dans la défense ds intérêts du lobby ultra-nationaliste israélien. En 2021, il avait bloqué l'avancement le projet de loi, base des accords d'Abraham parce qu'il contenait une formulation qui consacrait la solution à deux États comme l'issue préférée des États-Unis au conflit israélo-palestinien.
Cruz avait proposé une formulation modifiée qui ne supprime pas la référence à une solution à deux États, mais qui précise que cette solution doit être la prérogative d'Israël.
Le sénateur Cruz estime que les États-unis devaient soutenir ses alliés et qu'il n'appartient pas aux diplomates américains de dicter à ses alliés ce qu'ils doivent faire de leur «territoire souverain».
Ce dimanche 25 juin 2023, Ted Cruz a publié, en sa qualité de membre de la commission des affaires étrangères du Sénat, un communiqué condamnant « la discrimination antisémite de l'administration Biden contre Israël». Le sénateur réagissait à la décision de la Maison Blanche d'instaurer un boycott contre la coopération scientifique et technologique avec les collons vivant en Judée et en Samarie.
«Joe Biden et les fonctionnaires de l'administration Biden sont pathologiquement obsédés par l'idée de saper Israël. Depuis le premier jour de leur administration, ils ont lancé des campagnes contre nos alliés israéliens qui sont granulaires, qui touchent l'ensemble du gouvernement et qui sont menées en secret» a déclaré Ted Cruz.
«Ce nouveau boycott des Juifs israéliens en est un nouvel exemple. Le département d'État dit à l'ensemble du gouvernement américain de ne pas coopérer avec les Juifs de Judée et de Samarie. Et bien sûr, il a été envoyé au Congrès en secret, et n'a été révélé que parce que les journalistes l'ont découvert»
«L'administration Biden défend le financement de la recherche scientifique à Wuhan avec le Parti communiste chinois, mais elle discrimine et interdit la coopération avec les Juifs en fonction de leur lieu de résidence».
«Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour annuler cette décision et interdire à l'avenir une telle discrimination antisémite de la part du gouvernement américain.» a conclut Ted Cruz.