Les pays du monde entier se barricadent devant la pandémie du nouveau coronavirus, désormais concentrée en Europe, qui a infecté plus de 150.000 personnes : aucun individu sur la planète ne semble à l'abri, pas même Donald Trump qui a annoncé s'être soumis au test.
Le président américain, qui suscite de nombreuses interrogations depuis qu'il a été en contact le week-end dernier avec deux personnes testées positives au coronavirus, a indiqué que les résultats du test seraient connus «dans un jour ou deux» (dimanche ou lundi).
Mais tous les regards sont braqués pour le moment ailleurs, en Espagne, deuxième pays le plus touché d'Europe avec 5.753 cas dont plus de 1.500 depuis vendredi soir et quatrième pays au monde en nombre de décès avec 183 morts.
Commerces fermés, places et rues désertes: d'habitude grouillante de vie, Madrid est devenue samedi, comme Milan ou Rome, une cité fantôme.
Le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez doit s'exprimer samedi à l'issue d'un conseil des ministres extraordinaire convoqué pour décréter l'état d'alerte.
Epicentre européen
L'Europe, "épicentre" de la maladie selon l'OMS, voit ses systèmes de santé mis à rude épreuve.
Une infirmière à bout de forces endormie sur son clavier d'ordinateur: cette photo partagée sur les réseaux sociaux est devenue le symbole de l'épuisement du personnel soignant dans le nord de l'Italie, pays qui a enregistré 175 nouveaux décès en 24 heures.
La France, où 800 nouvelles contaminations et 18 décès ont été comptabilisés en 24 heures, s'apprêtait à se rendre aux urnes dimanche. Poignées de porte, tables, isoloirs seront nettoyés et des mesures prises pour éviter les files d'attente et faire respecter les distances de sécurité.
Une secrétaire d'Etat, Brune Poirson, a été annoncée positive au coronavirus samedi, ainsi qu'une sénatrice et trois députés (soit une douzaine de cas pour l'heure).
Première destination de sports d'hiver en Europe, l'Autriche, où 602 cas ont été confirmés samedi, a annoncé la fermeture anticipée de la quasi-totalité de ses stations de ski.
C'est aussi le cas en Suisse, où 1.355 personnes ont été infectées et 11 sont mortes.
L'ONU a annoncé samedi un premier cas de nouveau coronavirus parmi le personnel de son siège à Genève.
Critiqué pour sa lenteur à réagir, dans un pays qui ne comptabilise officiellement que 798 cas dont 10 mortels, le gouvernement britannique de Boris Johnson s'apprête à interdire les rassemblements de masse. Le tournoi de tennis de Wimbledon pourrait en faire les frais.
La reine Elisabeth II a donné l'exemple en annulant "par précaution" plusieurs engagements prévus la semaine prochaine, selon le palais de Buckingham.
Le monde se barricade
Point de départ de l'épidémie, la Chine (3.189 morts) semble l'avoir désormais surmontée, faisant état samedi de seulement onze nouvelles contaminations et treize décès supplémentaires en une journée.
Mais la pandémie, qui a déjà contaminé plus de 150.000 personnes dans 137 pays et en a tué 5.764, progresse quasiment partout ailleurs: un premier cas a été diagnostiqué au Rwanda, un autre en Guinée équatoriale, et les pays scandinaves recensent trois décès.
Les pays les plus touchés après la Chine sont l'Italie avec 1.441 morts, l'Iran (611 morts), l'Espagne (183 morts), et la France avec (79 morts).
Face à cette propagation inexorable, la Russie (45 cas, aucun décès) a décidé de fermer dimanche ses frontières terrestres avec la Norvège et la Pologne aux étrangers. Le Danemark, qui a annoncé son premier mort du coronavirus samedi, a fait de même et la Norvège va fermer ses ports et aéroports.
Outre-Atlantique, l'état d'urgence a été déclaré aux Etats-Unis, où l'on dénombre officiellement 2.000 cas et 47 morts. Cette décision exceptionnelle, traditionnellement utilisée pour les catastrophes naturelles, a provoqué un spectaculaire rebond à Wall Street au lendemain de sa pire séance depuis le krach boursier d'octobre 1987 et à l'issue d'une semaine noire pour les Bourses mondiales.
Apple tire le rideau
L'interdiction d'entrée sur le territoire américain s'applique à présent aux voyageurs du Royaume-Uni et de l'Irlande.
Dépistage gratuit, accès facilité à l'assurance chômage et déblocage de fonds fédéraux pour couvrir les frais de santé des Américains les plus modestes: le berceau du libéralisme semblait redécouvrir les vertus de l'Etat-providence, dans un pays dépourvue de système de couverture universelle pour la santé et où les congés maladie ne sont accessibles qu'à une minorité.
Comme un symbole, le géant américain Apple a annoncé samedi la fermeture de tous ses magasins jusqu'au 27 mars à l'exception de la Chine, où il vient juste de rouvrir ses boutiques.
Même le Maroc, qui ne recense que huit cas, a fermé ses frontières et pris des mesures sévères de confinement.
Couvre-feu et civisme
Fermeture des magasins, restaurants et pubs en République tchèque, des théâtres, salles de concerts et stades à Rio de Janeiro (Brésil), des parcs et jardins publics à Rome: partout les villes se calfeutrent.
Parfois, à l'initiative des commerçants: sur les devantures des cafés et restaurants à Madrid, des affichettes annoncent: "fermé par responsabilité sociale". Et la Conférence des évêques espagnols a incité les catholiques à suivre la messe "à la radio et à la télévision".
Les 12 millions d'habitants de Manille, la capitale des Philippines (11 cas, 8 morts), seront soumis dès dimanche à un couvre-feu entre 20H00 et 5H00 du matin.
Au Sénégal, toutes les manifestations publiques sont interdites, les écoles fermées et les mesures annoncées semblent s'appliquer à une série de grands festivals musulmans prévus en mars qui peuvent drainer des centaines de milliers de fidèles.
Hauts-lieux du tourisme mondial, le Musée du Louvre à Paris, la Tour Eiffel et le Château de Versailles sont fermés, tout comme les musées et sites archéologiques grecs.
Le parc floral du Keukenhof aux Pays-Bas, le plus grand jardin à bulbes au monde et l'une des principales attractions touristiques du pays, a décidé de reporter sine die son ouverture annuelle.
Ligue des champions, championnats d'Angleterre, d'Allemagne et de France de football, Tour d'Italie cycliste, Formule 1, NBA: le calendrier sportif mondial continue de se réduire comme peau de chagrin en raison de la pandémie, les rares événements maintenus étant pour la plupart organisés à huis clos.
Malgré cela, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a promis que Tokyo accueillerait bien comme prévu en juillet les Jeux Olympiques.
AFP