En forçant la promulgation de la réforme des retraites, Emmanuel Macron espérait rassurer les marchés sur la situation financière du pays. Il n'en est rien. L'agence de notation Fitch a décidé, ce vendredi, de dégrader la notation de la dette souveraine de la France. L'arbre de la réforme de Macron n'a finalement pas cacher la forêt de ses échecs.
Fitch a abaissé vendredi la note de crédit souverain de la France d'un cran à «AA-», citant une impasse politique potentielle et des mouvements sociaux qui posent des risques pour le programme de réforme du président Emmanuel Macron.
«Les pressions sociales et politiques illustrées par les manifestations contre la réforme des retraites compliqueront l'assainissement budgétaire», a déclaré l'agence de notation mondiale.
L'agence revient également sur la décision du gouvernement d’avoir eu recours au 49.3 pour faire passer la réforme des retraites, écrit Le Monde. Une décision qui « renforcera probablement les forces radicales et anti-establishment » dans le pays, prévoit Fitch.
Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, a réagi à cette décision dans un communiqué.
Il dit prendre « note de la décision » de Fitch, il rappelle que « l’agence Moody’s a fait une évaluation différente la semaine précédente en ne rouvrant pas la question de la notation de la dette française ».
Le ministre considère que cette décision « résulte d’une appréciation pessimiste de Fitch quant aux perspectives de croissance de la France et de la trajectoire de sa dette ».
« L’agence sous-évalue les conséquences des réformes engagées : assurance chômage, retraites et baisse des impôts de production » a-t-il déploré.
Fitch, qui a également révisé la perspective du pays de négative à stable, a déclaré que l'économie française se développerait de 0,8 % cette année, ce qui est conforme à la moyenne de la zone euro mais inférieur à la prévision de croissance de 1,1 % faite par l'agence lors de sa dernière révision en novembre.
L'économie a légèrement progressé au premier trimestre malgré une série de grèves contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, mais l'inflation est restée obstinément élevée.
Fitch prévoit que les pressions inflationnistes s'atténueront au cours du second semestre 2023 en raison d'effets de base et que l'inflation s'établira en moyenne à 5,5 % en 2023, avant de retomber à 2,9 % en 2024.
La deuxième économie de la zone euro a vu son inflation augmenter à 5,9 % en glissement annuel en avril, contre 5,7 % en mars. L'INSEE a attribué la hausse de l'inflation en partie à l'augmentation des prix de l'énergie.
L'incertitude entourant la trajectoire des recettes reste élevée, car les bonnes performances récentes pourraient être au moins partiellement dues à des facteurs temporaires, y compris le rebond économique et l'inflation élevée, a ajouté l'agence.
L'agence de notation a ajouté que les paramètres budgétaires du pays sont plus faibles que ceux de ses pairs et qu'elle s'attend à ce que la dette publique/PIB reste sur une tendance légèrement à la hausse, reflétant des déficits budgétaires relativement importants et des progrès modestes en matière d'assainissement des finances publiques.
La France est actuellement confrontée à un coût élevé du service de la dette, le pays empruntant à un taux d'environ 3 % contre 1 % il y a un an. Vendredi, le ministre français du budget, Gabriel Attal, a déclaré que d'ici 2027, le coût du service de la dette pourrait être le premier poste de dépenses budgétaires du pays.