Javier Perez de Cuellar, diplomate péruvien et secrétaire général de l'ONU entre 1982 et 1991, est mort mercredi soir à Lima à l'âge de 100 ans.
«Mon papa, Javier Perez de Cuellar, le "pacifiste par nature et par vocation" est décédé après une semaine compliquée, il est décédé à 08h09 du soir (01h09 GMT jeudi matin, ndlr) et repose en paix», a déclaré Francisco Perez de Cuellar à la radio péruvienne RPP.
La dépouille de l'ancien diplomate recevra les honneurs vendredi au palais Torre Tagle, siège du ministère péruvien des Affaires étrangères, avant d'être inhumée au cimetière Presbitero Maestro de Lima, selon la même source.
Né à Lima en 1920, Javier Perez de Cuellar a été le cinquième secrétaire général des Nations unies, qui l'ont salué pour son centième anniversaire, le 19 janvier.
«C'est avec une grande fierté et une grande joie que je lui adresse mes meilleurs vœux à l'occasion de son 100e anniversaire. J'ai souvent réfléchi à son exemple et à son expérience pour m'inspirer et me guider», avait écrit l'actuel secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, dans un message sur son compte Twitter.
«Sa vie s'étend non seulement sur un siècle, mais aussi sur toute l'histoire des Nations unies», avait ajouté le Portugais à propos de celui qui avait été par ailleurs fait docteur honoris causa dans près de quarante universités à travers le monde.
«Son mandat en tant que secrétaire général a coïncidé avec deux époques distinctes dans les affaires internationales: d'abord, certaines des années les plus tendues de la guerre froide, puis, avec la fin de la confrontation idéologique, un moment où les Nations unies ont commencé à jouer plus pleinement le rôle envisagé par les fondateurs», a souligné Antonio Guterres dans son communiqué.
Jeudi matin, à l'annonce du décès de De Cuellar, dans un communiqué, Guterres, «profondément triste», a rendu hommage à un «homme d'Etat accompli, un diplomate engagé et une inspiration personnelle qui a profondément marqué l'ONU et notre monde».
A l'actuel président péruvien Martin Vizcarra a réagit également sur Twitter : «Je regrette profondément le décès de don Javier Perez de Cuellar, illustre Péruvien, démocrate au plus haut point, qui a dédié sa vie entière au travail pour grandir notre pays».
Une carrière politique à l'âge de 80 ans
Né le 19 janvier 1920 au sein d'une bonne famille de «l'oligarchie blanche» de Lima, il avait embrassé en 1945 une carrière de diplomate qui lui permettra de représenter son pays en Grande-Bretagne, au Brésil, en Bolivie, en Union soviétique, en Pologne, en Suisse, et enfin au Venezuela, avant d'être nommé en 1982 à la tête de l'ONU.
Au Pérou, il connut un cinglant échec à l'élection présidentielle de 1995, en ne rassemblant que 21,8% des voix au premier tour, remporté haut la main par Alberto Fujimori (64,4%). Après sa défaite, Perez de Cuellar se retira dans son domicile parisien.
Il revint au Pérou afin de démarrer pour de bon sa carrière politique, à l'âge de... 80 ans, et pour une expérience assez brève: il est nommé simultanément président du Conseil des ministres et ministre des Affaires étrangères pendant le gouvernement de transition de Valentin Paniagua, du 22 novembre 2000 au 28 juillet 2001.
A ce poste de Premier ministre d'un gouvernement «d'unité et de réconciliation nationale», il participa à la mise au jour d'un réseau de corruption monté par l'ancien chef des services secrets, Vladimiro Montesinos, sous la décennie Fujimori.
Après l'élection d'Alejandro Toledo à la présidence en 2001, Perez de Cuellar revient à Paris en tant qu'ambassadeur en France et à l'Unesco. Il avait d'ailleurs épousé une Française en premières noces, Yvette Roberts, avec laquelle il aura deux enfants, puis la Péruvienne Marcela Temple Seminario, toutes deux décédées.
Présidence du monde
Pendant les dix années (1982-1991) qu'il a passées à la tête de l'ONU, Perez de Cuellar avait coutume de dire qu'il exerçait «la présidence du monde».
Il y fit prévaloir ses sentiments pacifistes très marqués, notamment par ses efforts pour obtenir un cessez-le-feu lors de la guerre Iran-Irak (1980-1988), en organisant des pourparlers de paix pendant la guerre civile au Salvador (1979-1992), la libération des otages américains détenus au Liban ou encore l'accord de paix au Cambodge.
Il estimait par ailleurs l'indépendance de la Namibie en 1990, l'une des dernières colonies du continent africain, comme sa plus grande réussite en tant que secrétaire général.