La Chine confirme que le chef d’Interpol, Meng Hongwei, fait l’objet d’une enquête

La Chine a confirmé dimanche soir avoir arrêté le président d'Interpol, Meng Hongwei, également vice-ministre chinois de la Sécurité publique soupçonné de «violation de la loi de l’Etat», rapporte le quotidien South China Morning Post basé à Hong Kong. Bien que Pékin n’ait pas fourni d’informations complémentaires sur l’enquête, les analystes contactés par le journal qui a mené un grand travail de journalisme d’investigation, ont affirmé que sa volonté de mettre en péril ses relations diplomatiques -en saisissant un haut responsable de la sorte- laissait supposer que les enjeux étaient considérables.

La Commission nationale de contrôle (CCN), un organisme judiciaire chinois relevant du pouvoir politique, a souligné dans une déclaration rendue inhabituellement très tard la nuit, que Meng faisait l’objet d’une enquête pour violations présumées graves de la loi de l’Etat.

À Lyon, l’épouse de Meng, Grace Meng, a parlé à la presse, invitant les gouvernements membres d’Interpol à intervenir, affirmant qu'elle craignait que la vie de son mari ne soit en danger, a rapporté l'Agence France Presse.

Grace Meng a déclaré que le dernier message qu'elle avait reçu de son mari sur les réseaux sociaux avait été envoyé le 25 septembre, disant «attendez mon appel», suivi d'un Emoji sous forme de couteau de cuisine.

«Cette affaire appartient à la communauté internationale», a déclaré son épouse lors d'une conférence de presse en anglais : «Je ne suis pas sûre de ce qui lui est arrivé.»

Une source a déclaré vendredi que Meng avait été «emmené» pour être interrogé par les autorités de la discipline «dès qu'il a atterri en Chine».

Mais le communiqué de la CCN, paru tard dimanche, ne précisait pas si Meng était soupçonné d'enfreindre les règles du Parti communiste, comme le dit l'agence anti-corruption à propos de ses enquêtes.

Les observateurs ont déclaré que le fait que Pékin soit disposé à mettre en péril ses relations diplomatiques en saisissant un haut responsable de telle sorte prouve que les enjeux sont énormes.

Dimanche après-midi, dernier jour des vacances de la fête nationale, le ministère de la Sécurité publique n'avait pas encore commenté la question, bien que son site internet indiquait qu'une réunion au plus haut niveau du comité du parti communiste se soit tenue le 30 septembre.

Le quotidien South China Morning Post précise qu’au cours de la réunion du comité du parti communiste, le conseiller d'Etat et ministre de la Sécurité publique, Zhao Kezhi, a annoncé que les entretiens qui avaient eu lieu la veille avec le chef de cabinet du président Xi Jinping, Ding Xuexiang, ce dernier aurait exhorté les responsables du siège du parti et le gouvernement central à rester vigilants face à la menace de corruption.

Pour sa part, Interpol a envoyé samedi à Pékin une demande officielle d'informations sur l'endroit où se trouvait Meng, alors que la police française a annoncé qu'elle menait sa propre enquête sur sa disparition.

La femme et les enfants de Meng ont été placés en lieu sûr sous protection de la police française après avoir reçu des menaces, a annoncé samedi le ministère français de l'Intérieur.

Selon plusieurs sources, la disparition de Meng nuirait non seulement aux efforts de la Chine visant à conclure des accords de coopération avec d’autres pays sur des questions juridiques et d’application de la loi, mais également à la possibilité de faire nommer des fonctionnaires à des postes élevés dans les institutions internationales.

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