Avoir un billet pour Doha pour assister à un match de la Coupe du Monde n'est pas suffisant pour embarquer dans l'avion. Même si ce billet vous a été donné directement par le PDG de la compagnie aérienne lui-même. C'est l'histoire invraisemblable de l'impuissance d'Abdelhamid Addou face à une mafia qui a pris le pouvoir de la Royal Air Maroc.
Abdelhamid Addou, Président Directeur Général de la RAM, était dans un avion qui partait pour Doha pour assister à un match de la sélection nationale. Il reçoit un appel de deux personnes qu'il les aurait invité par ses soins. «L'avion est complet nous dit-on à l'enregistrement. On ne nous pas laissé embarqué» se sont-ils plaint au président.
Interloqué, M. Addou descend de l'appareil pour aller s'enquérir de la situation. Les billets émis à ses invités étaient en règle. C'est lui-même qu'il leur a donné.
Au guichet d’embarquement on lui jette à la figure le même discours : «l’avion est complet». Furieux, il appelle le chef d’escale et lui demande expressément de lui transmettre la liste des passagers.
En la parcourant, le PDG découvre le pot aux roses. Trente quatre (34) places étaient inscrites aux noms du personnel naviguant. Des places payées entre 80 et 500 dh soit au coût de l’assurance voyage !
Abdelhamid Addou décide alors de faire débarquer les trente passagers concernés. Ses invités ont finalement pu s'envoler à Doha.
Selon nos sources et des témoignages de plusieurs passagers de la RAM, il aurait fallu donner un dessous de table allant de 2000 à 6000 pour avoir un billet. Quand bien même le billet à la main, pour pouvoir embarquer à l'aéroport, fallait-il glisser 2000 à 3000 dirhams supplémentaires.
«C'était trop flagrant. C'est un scandale. J'ai demandé à être déchargé de traiter les vols vers Doha et de ne m’occuper que des billets pour les autres destinations», nous a confié un responsable dans une agence RAM.
Il faut donc être invité du PDG ou payer un dessous de table pour pouvoir s'envoler à Doha ?
C’est de la défaillance du management que naît la mafia
La RAM est une entreprise très difficile à gérer. Outre la conjoncture internationale depuis le Covid puis la flambée des prix de l'énergie qui ont a fait connaître au secteur de l'aérien la pire crise de son histoire. La particularité de la structure de gouvernance de la compagnie pèse lourdement sur son pilotage.
Décider de lancer un dispositif exceptionnel pour la Coupe du Monde sans mettre en place de garde-fous, de règles et des mesures nécessaires pour éviter les dérapages, les abus et le vol est une défaillance avérée du management.
Il est profondément désolant et regrettable, qu'à chaque fois le Maroc sous la conduite du Roi Mohammed VI souhaite de changer d'échelle et passer à la vitesse supérieur, l'avidité et la bassesse éthique de certains de nos petits responsables se manifestent avec férocité. Nous l'avons vécu avec le Covid et aujourd'hui avec la Coupe du Monde.
M. Abdelhamid Addou doit savoir que le Royaume du Maroc est engagé irréversiblement dans une dynamique exceptionnelle qui le met d'ores et déjà dans une place privilégiée dans le concert des nations. Le Maroc de demain se fera avec ou sans lui.