Dans un communiqué du ministère des Finances koweïtien publié par l’agence de presse officielle du pays, KUNA, le Koweït dément les rumeurs selon lesquelles il a été décidé d’annuler la dette mauritanienne et précise qu’il compte bien récupérer sa dette. Des rumeurs que Nouakchott a bien laissé courir au lendemain la visite officielle au Koweït du président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, et qui ont été largement reprises par la presse internationale.
Le ministère des Finances koweïtien a réagi aux vives rumeurs concernant une éventuelle annulation de la dette mauritanienne en publiant jeudi un communiqué sous le titre « Le Mémorandum d’entente signée avec la Mauritanie veille au recouvrement de ses créances ». Il a indiqué que le mémorandum d’entente signé avec la Mauritanie le 23 avril impliquait le remboursement de la créance que détient le Koweït sur la Mauritanie, avec la possibilité de remplacer les intérêts des prêts par des opportunités d'investissement exclusives. Soulignant que ce qui a été diffusé par les médias sur l’annulation de la dette ou de ses intérêts affiliés était incorrecte.
تصريح صحفي: ما يتم تداوله عن إعفاء موريتانيا من فوائد ديون غير صحيح، إن دولة الكويت والجمهورية الموريتانية وقعتا مذكرة تفاهم لاسترداد أصل الدين مع إمكانية استبدال فوائد القروض الممنوحة بفرص استثمارية حصرية للكويت ومنها رخص حصرية للتنقيب عن النفط والغاز والمعادن pic.twitter.com/kQgxjoE2aF
— وزارة المالية-الكويت (@MOFKW) April 25, 2019
L'argentier du pays a également précisé dans son communiqué qu’après plus de 40 ans, un mécanisme de remboursement de la dette a été convenu après que la partie mauritanienne ait cessé de rembourser depuis 1990. Une équipe spécialisée de la Kuwait Investment Authority étudierait ces opportunités d’investissement en Mauritanie, notamment des licences exclusives de prospection de pétrole, de gaz et de minéraux et leur évaluation en fonction de leur faisabilité économique, conformément aux activités et aux objectifs de l'Autorité générale pour les investissements régie par sa loi fondatrice, annonce le communiqué.
Le mémorandum d’accord qui a été signé mardi dernier au siège du ministère koweïtien des Finances, fait partie d’une série de mémorandums d’ententes signés entre le Koweït et la Mauritanie lors de la visite du président de la République islamique de Mauritanie cette semaine. Le ministère des Finances koweïtien a tenu à préciser que la convention « établit le cadre général de la question de la dette et n'a pas de caractère contraignant si l'accord n'est pas conclu ou si les opportunités offertes par la Mauritanie n’étaient pas réalisables ».
La Mauritanie a cessé de payer sa dette envers le Koweït depuis 1990
La dette extérieure mauritanienne asphyxie le pays depuis des décennies. Le Fonds monétaire international avait révélé en 2018 que l’endettement de la Mauritanie approchait la barre symbolique de 100% du PIB. Nouakchott a fait recours de manière excessive à l'endettement extérieur pour financer les investissements publics. Outre les crises politiques à répétition la crise chronique qui touche le marchés des matières premières et la dépréciation de la monnaie locale, la dette extérieur mauritanienne est devenue une vraie bombe à retardement.
Il est à rappeler que pour le cas du Koweït, les relations entre Nouakchott et les pays du CCG s’étaient beaucoup dégradées après les position pro Saddam de la Mauritanie, durant la première guerre du Golfe. D’ailleurs le pays a cessé de payer sa dette envers le Koweït depuis.
La découverte d'hydrocarbure, change la donne géopolitique et donne des ailes à Ould Abdel Aziz
Depuis l'annonce en janvier 2016 de la découverte d'un gisement gazier à cheval sur la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal, l’intérêt mondial pour cette partie de l’Afrique de l’Ouest s’est dédoublé. Dénommé Grande Tortue Ahmeyim (GTA), ce gisement offshore à 5200 mètres de profondeur représenterait des réserves estimées à 450 milliards de mètres cubes que les deux pays vont exploiter conjointement et équitablement, rapportait La Tribune Afrique. Les estimations évoquent une manne annuelle à moyen terme de 500 millions de $ par an par pays.
La perspective d’une Mauritanie pétrolière a donné des ailes au Président Ould Abdel Aziz qui a démultiplié ses voyages au Golfe pour y chercher expertise, financement et conseil. En s’attaquant à l’épineuse question de la dette et l'apurement de son passif envers le Koweït, Ould Abdel Aziz aspire à asseoir sa légitimité politique et lorgne une longévité au pouvoir dans la perspective de belles années de vaches grasses.