C’est au mois de mai dernier que le consul honoraire du Royaume du Maroc auprès du Saint-Siège, Vincenzo Abbinante, avait annoncé à la presse italienne que le pape François comptait effectuer un voyage apostolique au Maroc «dans les mois à venir» à l’invitation du roi Mohammed VI. Aujourd’hui c’est le site d’information spécialisé dans l’actualité pontificale, CRUX, qui précise que le Pape François pourrait se rendre au Maroc à l’occasion de la tenue l’hiver prochain à Marrakech de la conférence internationale sur la migration prévue les 10 et 11 décembre 2018 et qui sera sanctionnée par l’adoption et la signature du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.
A papal visit to Morocco for the adoption of the Global Compact on Migration could give it the booster shot it needs for success. --by @cwwhite212 https://t.co/b4NAxoDfGN pic.twitter.com/K9czlAWz5i
— Crux (@Crux) August 7, 2018
Papa Francesco in Marocco https://t.co/4NZH7IJlZD
— TuriWeb (@TuriWeb_it) May 24, 2018
Trente-trois ans après la première visite d’un pape en terre d’Islam durant laquelle Jean-Paul II avait été reçu en grande pompe à Casablanca par le roi Hassan II en sa qualité d’Amir al-Mouminine, la présence du Pape François au Maroc et sa participation à la #CIM2018 est un événement important aussi bien sur le plan du référentiel religieux et politique mais aussi sur le plan géopolitique régional et international. Car la rencontre entre le Chef de l’Eglise catholique et le Commandeur des croyants est un moment toujours empreint d’une très forte symbolique dans le cadre du dialogue entre les cultures et les civilisations.
La présence du Pape François au #CIM2018 fait trembler Donald Trump
Concernant le sommet de Marrakech, c’est en principe le secrétaire général de l’ONU qui invite, mais le pays hôte a le dernier mot en ce qui concerne l’aspect protocolaire et logistique. D’ailleurs, rien n’empêchera le Pape François d’être l’invité d’honneur du Maroc en marge des travaux de l’ONU sur la migration.
La participation du Pape François aux travaux des Nations unies sur la migration mettrait à mal les politiques des gouvernements populistes qui se sont formés durant ces derniers mois un peu partout dans le monde et qui ont fait de la migration un argument de campagne et de forte démagogie en termes de politique intérieure.
Il est certain que l’engagement personnel du pape François dans la mise en œuvre de l’Accord sur la migration et celui du roi Mohammed VI bousculera des pays comme les États-Unis d'Amérique qui se sont retirés du processus de négociations. La présence du Pape François au Maroc pourrait contrer toute manœuvre menée par les États-Unis pour saper le pacte, et ainsi maintenir toutes les nations engagées.
Les observateurs sont unanimes à dire que si le souverain pontife pesait de tout son poids, il est peu probable que le processus s’effondre comme le souhaitent les américains et d’autres gouvernements de droite, car tout le monde chercherait la voix du compromis voulue le Pape François et par le pays hôte, le Maroc, qui fait de la question de la migration la trame de sa politique étrangère et de son approche holistique de la coopération sud-sud.