Sur bien des dossiers, les divergences se multiplient sur des dossiers brûlants, et l’Union européenne avance en rangs dispersés. Si les pays membres ont créé une politique étrangère et de sécurité commune, elle est loin d’être une réalité sur la scène diplomatique internationale. « Nous n’avons plus de politique étrangère commune ». Ce constat dressé par un diplomate européen vient en réaction à la fracture politique sur des dossiers importants qui existe au sein des pays membres de l’UE.
Hier, 4 février, l’Italie a refusé l’adoption d’une position commune de l’UE qui reconnaît à Juan Guaido, président de l’Assemblée nationale du Venezuela, le droit d’organiser un scrutin présidentiel après le refus du Président en exercice de le convoquer. La Grèce a également émis des réserves sur le texte.
Le dossier du Venezuela divise la famille européenne
Lors de la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l’UE qui a eu lieu le 31 janvier à Bucarest, trois courants se sont opposés. Ceux qui soutiennent Juan Guaido comme Président par intérim, ceux qui se rangent du côté de Nicolas Maduro (la Grèce et l’Italie) et les pays soucieux de la légalité et de trouver une position européenne commune comme l’Autriche et le Luxembourg. Le blocage de la déclaration commune et le fait que plusieurs pays n’aient pas pris position sur ce dossier montrent au grand jour que la famille européenne est divisée.
Certes, les pays européens, dans le traité de Maastricht en 1992, ont créé une politique étrangère et de sécurité commune (PESC), mais ils ont pris l’habitude de prendre leurs décisions à l’unanimité. Une unanimité qui a fait défaut aux Européens en 2003 lors de la guerre en Irak. L’UE n’a pas pu adopter une position commune, pourtant une des bases de la PESC. Quand les Etats-Unis ont inauguré leur ambassade à Jérusalem l’année dernière, l’Autriche, la Hongrie, la Roumanie et la République Tchèque ont envoyé des représentants à la cérémonie, tandis que d’autres pays ont boycotté cette cérémonie.
Il n’y a pas vraiment une politique étrangère européenne. Tout au plus, les pays membres essaient de coordonner leurs politiques étrangères. Aujourd’hui, les différends entre les membres de l’Union sont plus nombreux en raison aussi de l’augmentation de leur nombre. L’opposition des points de vue sur des dossiers comme l’immigration, la sécurité ou le respect du droit international et la défense, exprime des divergences d’opinions. Est-ce pour autant qu’il y aura des clans au sein de la famille européenne ? La multiplication des mécanismes de concertation ne penche pas en faveur d’une telle hypothèse. L’Europe compose assez bien avec ses divergences. Quand elle peut serrer les rangs, elle le fait. Sinon, elle essaie d’avancer en rangs dispersés puisque chaque Etat demeure souverain dans sa politique étrangère. Les divergences innombrables entre les grandes capitales européennes comme Paris, Rome ou Berlin n’entament pas la nature des relations au sein de l’union, mais la création d’axes parallèles comme Paris-Berlin dans le domaine de la Défense ou l’axe Paris-Londres-Berlin sur le dossier iranien, affaiblissent la présence de l’union sur la scène internationale.