Rien ne va plus entre Rome et Paris, et pour cause. La France joue les missi dominici dans le dossier libyen, historiquement chasse gardée de l’Italie, laissant sur la touche le gouvernement Renzi. Ni l'Italie, ancienne puissance coloniale, ni le Maroc, qui a accueilli les négociations et l’Accord de Skhirat, n’ont été conviés au sommet tripartite du Château de La Celle Saint-Cloud le 25 juillet dernier ayant réuni autour du président français Emmanuel Macron, le premier ministre libyen Fayez el-Sarraj et le maréchal Khalifa Haftar commandant en chef de l'Armée nationale libyenne.
Le 25 juillet 2017, une réunion interlibyenne sous l'égide du gouvernement français se tient au Château de La Celle Saint-Cloud, en présence du président français, Emmanuel Macron, et du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. La réunion se conclut par la signature d'un accord entre Fayez el-Sarraj, premier ministre libyen et le maréchal Haftar qui s'engagent à un cessez-le-feu en Libye.
Les deux hommes s’étaient déjà rencontrés une première fois le 2 mai dernier à Abu Dhabi sous la houlette du prince héritier Mohammed Ben Zayed. Les deux protagonistes avaient annoncé la publication prochaine d'un communiqué sur un accord conjoint. C’est ce qui a été fait trois semaines plus tard au Château de La Celle Saint-Cloud dans la banlieue de Paris, là même où ont eu lieu en novembre 1955 les discussions sur les accords d’indépendance du Maroc entre le Sultan Mohamed V et Antoine Pinay, ministre des Affaires étrangères français.
En ne conviant ni l’Italie ni le Maroc à cette réunion tripartite, Emmanuel Macron fait preuve d’une condescendance envers ces deux pays-clés dans le processus de paix en Libye, les rétrogradant à un rôle de seconde zone.
Car au cas où le Maroc perdait la main sur le dossier libyen, ce sont aussi ses intérêts géopolitiques et militaires qui pourraient se trouver menacés, sachant qu’entre la frontière libyenne Ouest et la frontière Est du Maroc il n’y a qu’un canal désertique incontrôlable qui traverse l’Algérie et qui lie les deux pays. Rabat ne pourrait accepter voir se déverser au Maroc les hordes de terroristes chassés de Mossoul et de Syrie vers la Libye.
De même pour l’Italie qui paie le plus lourd tribut en terme d’immigration clandestine au départ de la Libye vers l’Europe. Le déclin économique de l’Italie impose à Rome de garder son influence sur le voisin libyen du Sud et notamment le champion italien de l’énergie ENI qui risque de perdre un marché historique colossal au profit de Total.
ENI, vecteur d'investissement et de «diplomatie du gaz», est la plus grande société d'exploitation en Libye, emploie des milliers de salariés locaux et fournit de l'électricité presque exclusivement dans le pays. La société a un rôle particulier de stabilisation dans la crise migratoire. Une interférence de Paris menacerait la sécurité nationale de l’Italie.
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