#MaMoForum – Comment le Maroc est devenu l’oasis agricole de l’Afrique

En marge de la 3ème édition du Panel Malabo Montpellier tenue dans les nouveaux locaux du Policy Center For the New South, ex-OCP Policy Center, Karim El Aynaoui, directeur général du centre de réflexion et membre du Panel Malabo, a défendu dans un article publié sur CNBC Africa, la stratégie marocaine en matière de contrôle et de gestion de l’eau qui fait du Maroc une oasis d’agriculture africaine.

Malabo Montpellier Forum, Rabat, Morocco

Avec les dunes du désert du Sahara qui chevauchent ses frontières, le Maroc est à première vue, n’est pas le pays qui prendrait le lead au niveau de sa région et de son continent en matière de contrôle et de gestion de l’eau.

Pourtant, ce sont précisément ces caractéristiques naturelles et le défi de la pénurie d’eau qui ont poussé le royaume à investir massivement dans l’irrigation pour stimuler la production agricole et résister aux sécheresses structurelles. En effet, le Maroc mobilise, aujourd’hui, environ 22 milliards de mètres cubes d’eau et équipe environ 20% des terres cultivées pour l’irrigation.

Une performance qui est d’autant plus mesurable si on se fie au nouveau rapport publié par le Forum Panel Malabo Montpellier à Rabat, qui révèle que seulement 6% des terres arables d’Afrique sont actuellement irriguées. Ce qui positionne le Maroc comme un acteur majeur qui peut offrir des informations précieuses pour aider les autres pays africains à exploiter cet énorme potentiel d’extension de l’irrigation qui s’offre au continent.

L’expérience marocaine a été l’un des facteurs clés de la reconnaissance de l’importance de l’agriculture pour la réalisation d’objectifs économiques et sociaux plus vastes, puis de l’importance de l’irrigation pour l’agriculture.

En plaçant l’agriculture au cœur de ses politiques publiques tout en tenant compte de la pénurie d’eau, le Maroc a fait du développement du secteur de l’irrigation une étape cruciale pour répondre aux problématiques de la croissance économique et assurer la sécurité alimentaire de sa population.

A cet effet, le gouvernement a créé plusieurs départements clés, tels que la Direction de l’irrigation et du développement de la zone agricole, chargés de gérer les ressources en eau à des fins agricoles et de déployer de nouvelles technologies y afférentes. Des mesures organisationnelles et un cadre institutionnel qui ont accompagné la réalisation d’importants investissements dans les infrastructures d’irrigation à grande et à petite échelle.

A titre d’exemple, le pays a investi dans des barrages pour stocker l’eau pendant les périodes de pluies abondantes, ce qui a également permis de transférer les excédents d’eau vers le sud, où le stress hydrique est plus fort.

Le gouvernement a également utilisé le levier fiscal pour renforcer son modèle et inciter à la mise en oeuvre des techniques de conservation de l’eau. En effet, les exonérations fiscales et les subventions aux agriculteurs ont encouragé l’utilisation du matériel d’irrigation. De plus, en laçant, en 2009, un nouveau programme visant à moderniser les techniques d’irrigation, la superficie des terres équipées du goutte à goutte ont atteint 450 000 hectares en 2014, l’objectif étant d’atteindre 550 000 hectares d’ici 2020 dans le cadre du Plan Maroc Vert.

Enfin, le Maroc a fait de la formation son cheval de bataille en instaurant une forte culture de soutien et de formation pour les agriculteurs, avec la mise en place de 52 centres de formation professionnelle agricole dans tout le pays. Ces centres, non seulement accompagnent les agriculteurs sur l’utilisation des divers systèmes d’irrigation, mais ils forment également des techniciens sur leur entretien et leur réparation. Tandis que des agents de vulgarisation agricole ont été dotés de formation nécessaires pour conseiller les agriculteurs sur la manière d’utiliser les nouvelles technologies d’irrigation.

Le potentiel d’irrigation au Maroc pourrait encore être amélioré, mais notre pays a montré qu’il était possible d’investir et de déployer des technologies de gestion de l’eau pour accroître la production alimentaire, même dans un climat difficile. Par exemple, les précipitations de la saison 2015-2016 ont chuté de plus de 50% par rapport à la moyenne, alors que le PIB agricole n’a diminué que de 7%. Sans irrigation, les pertes dues à des précipitations aussi faibles auraient pu atteindre 40%.

L’expansion et la modernisation du potentiel d’irrigation d’un pays peuvent améliorer la productivité agricole des terres existantes, ce qui impactera positivement les revenus des agriculteurs, réduira la pauvreté, l’insécurité alimentaire et la dépendance à l’importation sur le continent.

L’eau est une ressource partagée, utilisée dans différents secteurs et de différentes manières. Pour ce faire, nous avons besoin d’actions individuelles et collectives de la part des gouvernements, du secteur privé et des communautés rurales et urbaines.


Panel Malabo Montpellier

Des experts en agriculture originaires d’Afrique, d’Europe et d’Asie
Le Panel Malabo Montpellier est un groupe d’experts internationaux spécialisés en agriculture qui guide les choix de politiques permettant d’accélérer les progrès vers la sécurité alimentaire et une meilleure nutrition en Afrique. Il fournit des recherches de grande qualité pour aider les décideurs à mettre en œuvre efficacement des politiques et des programmes qui profitent aux petits exploitants agricoles.

Un engagement dans la lutte pour une réduction de la pauvreté
La Déclaration de Malabo, adoptée par 54 gouvernements africains en 2014, engage les pays signataires à réduire de moitié le nombre de personnes vivant dans la pauvreté d’ici 2025 grâce à une croissance agricole inclusive qui crée des emplois pour les jeunes et les femmes.

Faciliter le dialogue entre les parties prenantes
Le Forum annuel Malabo Montpellier réunit les décideurs pour évaluer les stratégies permettant d’atteindre les objectifs mondiaux en matière d’agriculture et de sécurité alimentaire. Le dialogue entre le Panel, les principales parties prenantes, les ONG et le secteur privé favorise le partage de la recherche au-delà des frontières.

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