Le Maroc a choisi d’investir dans plusieurs projets gaziers de taille comme le Gazoduc Maghreb-Europe et le projet du gazoduc Maroc-Nigéria reliant 12 pays de l’Afrique de l’Ouest et l’Europe. Et le gaz naturel est amené à «jouer un rôle crucial dans l’amélioration de la sécurité énergétique mondiale et la flexibilité de l’approvisionnement couplé à des mesures d’intégration et de politique d'urgence». Cela dit, le Maroc réussira-t-il à réaliser 52% de son mix énergétique à partir des énergies renouvelables ? L’échéance 2030 approche à grand pas. Est-ce à dire que le défi sera relevé ?
Morocco's Minister of Energy Rabbah: Energy is of great economic importance to our country. We currently import 90% of our energy, and we're eager to cooperate with countries and companies to develop our energy business. pic.twitter.com/6mjNONsgc2
— Kees van der Leun (@Sustainable2050) November 22, 2018
La capitale basque, Barcelone, a accueilli du 21 au 23 novembre dernier, le 6ème Forum ministériel sur le gaz. Organisé à l’initiative du Forum international de l'énergie (IEF) et l’Union Internationale du Gaz (IUG), ce forum a connu la participation de plusieurs hauts responsables marocains en charge du secteur énergétique, dont Aziz Rabbah, le ministre de tutelle, Amina Benkhadra, Directrice générale ONHYM et Abderrahim El Hafidi, Directeur général de l'ONEE. Cette rencontre internationale a traité de plusieurs thématiques dont « le rôle des technologies à gaz dans les systèmes énergétiques », « la sécurité d’approvisionnement du gaz » et « la croissance de la demande en gaz ».
Le Maroc, un modèle continental ?
Plusieurs grandes sociétés énergétiques ont pris part à ce forum, qui cherche à être une plateforme renforçant la coopération entre les pays participants sur les défis énergétiques. Le ministre marocain de l’Energie a profité de cette occasion pour présenter l’expérience du Maroc en matière de transition énergétique et le développement des énergies renouvelables dans le Royaume et les opportunités d'investissement qu'il présente. Le ministre a qualifié de tournant historique, l’adoption en décembre 2014 de la Feuille de route pour la mise en œuvre du Plan National de Développement de l’utilisation du Gaz Naturel. Reposant essentiellement sur le GNL (gaz naturel liquéfié), cette feuille de route est graduelle et vise une montée en puissance progressive en générant d’abord l’énergie (Gas To Power), puis en alimentant l’industrie (Gas To Industry).
Francisco Reynés, Executive Chairman of Naturgy: “The challenge for the future is how energy systems will evolve to meet greenhouse gas emission goals”. @IGU_News @ief_dialogue pic.twitter.com/dy0eMUZvRt
— Naturgy (@Naturgy) November 22, 2018
Grands chantiers
Pour sa part, Amina Benkhadra a rappelé que le Maroc a opté depuis 2009 pour une stratégie énergétique basée sur un mix diversifié et optimisé autour de choix technologiques propres, fiables et compétitifs, le développement à grande échelle des ressources nationales en énergies renouvelables et la promotion de l'efficacité énergétique. Selon elle, «cette stratégie ambitionne, en outre, l’intégration dans le système énergétique régional africain et euro-méditerranéen et l'application en amont de dispositifs de protection de l'environnement dans toutes les activités énergétiques ». « Modèle dans la région et au niveau du continent africain », explique-t-elle, le Maroc a fait des énergies renouvelables « un choix stratégique » pour développer des ressources nationales abondantes et contribuer à la réalisation du développement durable. Les plans éoliens et solaires d’une capacité de 2000 MW chacun d’ici 2020 devraient être portés à 12.845 MW en 2030.
40 milliards de DH d’investissements
Durant cet événement les responsables marocains ont expliqué e fait que l’«intensification de l'exploration pétrolière et gazière est (…) l'un des piliers de notre stratégie ». Outre les découvertes encourageantes de gaz dans le bassin du Sebou, les bassins sédimentaires marocains affichent un bon potentiel. « Ambitieuse » et « réaliste », la stratégie marocaine reste réaliste. Le Royaume compte investir 40 milliards de dirhams dans le secteur de l’énergie. Le projet de complexe gazier à Jorf Lasfar d’un coût de 4,6 milliards de dirhams en est l’une des composantes, de même que le développement des interconnexions électriques avec l’Espagne, le Portugal et la Mauritanie.
Le Maroc, qui compte bien relever le challenge qu’il s’est lancé, devra toutefois surveiller de près la gouvernance des projets énergétiques afin de ne pas commettre les mêmes erreurs que par le passé et qui avaient donné lieu à pas mal de ratages et de déceptions.