Ce dimanche après-midi, depuis son domicile à Rabat, Chakib Benmoussa, a endossé le costume de président de la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement, qui lui sied si bien, pour donner, devant un parterre de journalistes triés sur le volet, le coup d’envoi officiel de la mission pour laquelle il a été désigné par le roi Mohammed VI.
«Demain, lundi, je rencontre le Chef de Gouvernement, M. Saad Eddine El Othmani et je récupère les locaux du Conseil Supérieur de l'Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique qui accueilleront les futurs membres de la Commission, qui ne sont d’ailleurs, pas encore officiellement désignés (…) Ma mission est de rendre un rapport sur le nouveau modèle de développement qui répond aux défis actuels et futurs dans un délai de 6 mois. Je veillerai à ce que nous mettions l’accent sur la question essentielle du “Comment” et donner la part belle à “l’Action” » a déclaré Chakib Benmoussa, précisant qu’il garderait son poste d’ambassadeur du Royaume en France.
C’est dans le salon de sa discrète maison à Rabat, que Chakib Benmoussa a accueilli dimanche après-midi, deux groupes de journalistes dans une opération de communication bien orchestrée.
Le salon en question est simplement meublé, sans aucun signe ostentatoire ou exubérance. Il donne sur un living room que l’ambassadeur semble avoir l’habitude d’occuper pour feuilleter ses dossiers, face au feu de bois d’une jolie cheminée qui supporte un écran télé éteint durant la rencontre.
Fermeté du ministre de l’Intérieur, finesse du diplomate et pragmatisme d’un manager
«Les médias ont un rôle important à jouer dans le nouveau modèle de développement», une phrase d’une grande habilité qui a fait oublier aux journalistes présents, le temps d’un sourire, la morosité dans laquelle baigne la presse et les médias nationaux depuis plusieurs années déjà.
Le fougueux ministre de l’intérieur et le pressé président du CESE semblent avoir été profondément marqués par la retenue de l’ambassadeur. Le regard perçant du chef de la police est aujourd’hui adouci par la précision des mots, le ton et l’écoute du diplomate, désormais sans la moustache.
Chakib Benmoussa a répondu en toute transparence aux questions ayant une relation avec son mandat. Tout y est passé, vision, défis, priorités, responsabilités et périmètre d’action. Par contre, c’est avec fermeté qu’il a évité de répondre aux questions relatives à l’exécutif et c’est avec diplomatie et prudence qu’il en a contourné d’autres sujets.
Le choix de Chakib Benmoussa pour diriger ce dossier qui revêt une importance capitale à l’ensemble des marocains n’est donc pas fortuit. Le profil désigné, nous donne une indication sur la manière dont le souverain souhaite engager le processus. Nous allons, sans aucun doute, durant ces six prochains mois, assister un travail qui se déroulera sans éclats majeurs, dans l’apaisement, la recherche du consensus, l’efficacité et la fermeté dans la prise de décision.
Le président de la «CSMD» a un rôle d’animateur
« Il faut savoir que le rôle du président de la Commission spéciale sur le modèle de développement est principalement un rôle d’animateur. Un travail important doit être fait par les membres de la commission. Ils ont la lourde responsabilité d’être à l’écoute d’un très large public» a précisé Chakib Benmoussa.
Pédagogique et prudent, Benmoussa a bien spécifié son périmètre d’action : « Je suis très optimiste sur la suite des évènements. Mais je tiens à préciser que la commission ne donne pas de garanties. Nous allons travailler pour établir un nouveau contrat social, qui aurait le consensus des marocains, nous proposerons des programmes et des initiatives et nous nous pencherons surtouts sur la méthodologie, le processus de mise ne place sans oublier des études de faisabilité multiples.»
«Nous allons suivre les hautes orientations du roi Mohammed VI pour établir une analyse franche et objective. Nous allons nous appuyer sur l’ensemble du travail réalisé jusqu’alors sur le sujet, notamment le rapport du gouvernement, pour enfin se concentrer sur le «Comment». La question du «Comment» est essentielle. D’ailleurs toute l’importance est dans l’action.» a-t-il martelé.
« En tant que Président de la Commission spéciale sur le modèle de développement, je suis bénévole, je ne perçois aucune indemnité sur ce mandat, car je garde aussi le poste d’ambassadeur. Il s’agit du même schéma durant la période où j’étais à cheval entre le CESE et l’ambassade à Paris» a tenu à préciser Chakib Benmoussa.
L’image du Maroc à l’extérieur est meilleure que de l’intérieur
Aux interpellations pertinentes du directeur de publication de Panorapost, Aziz Boucetta, au sujet de la confiance des marocains dans le rendement du gouvernement, Chakib Benmoussa, développera une vision claire aux défis qu’attend le Maroc en général et la commission en particulier.
L’ambassadeur, va alerter l’assistance sur des sujets que la scène médiatique et politique ne discutent pas encore dans l’espace public. « Si par exemple, la question de la classe moyenne et les services publics est au coeur des préoccupations des marocains, d’autres challenges non moins importants doivent être anticipés. Notamment l’impact de la révolution digitale, le changement climatique et la montée du protectionnisme dans le monde.»
«Mon expérience en tant qu’ambassadeur m’a permis de constater que l’image du Maroc à l’extérieur et meilleure que de l’intérieur» a-t-il tempéré. «Le monde entier, valorise la stabilité du Royaume et reconnait et loue le rôle de nos institutions qui nous permettent cette stabilité. Car elles nous donnent l’opportunité de gérer le long terme et de préserver nos fondamentaux».
«Ce sont d’ailleurs ces atouts que sur lesquelles nous devons construire le modèle maroco-marocain» a ajouté Benmoussa non sans certitude.