Patronat et gouvernement : Chakib Alj met de l’eau dans son vin

La dernière conférence de presse de la CGEM a sérieusement agacé le camp d’Aziz Akhannouch. Le patronat, perçu comme conciliant, a adopté une position plus critique, augmentant la pression sur un gouvernement en difficulté. Akhannouch n'a pas fait que soupirer face aux accusations de lenteurs du mouvement patronal. Il a consacré une partie significative de son discours au parlement pour «clasher» ses anciens suiveurs.

Ce jeudi, en réponse à cette tension croissante, le Conseil d'Administration de l'organisation patronale a joué la carte de l'apaisement en adoptant une approche conciliante dans la Loi de Finances 2024, tout en réaffirmant son engagement en tant que partenaire «franc, sincère, fiable et constructif» pour l'exécutif.

La tension est montée d'un cran entre le patronat et le gouvernement, depuis le recadrage en règle de Aziz Akhannouch à l'endroit de Chakib Alj devant les députés au parlement. Une intervention qui a été suivie par le refus de Fouzi Lekjaa, figure clé du gouvernement, de participer aux travaux du Conseil d'Administration de la Confédération, invoquant la même raison.

Le 15 décembre dernier, le Président de la CGEM avait déclaré qu'il aurait espéré une Loi de finances de 2024 plus équilibrée. Chakib Alj a partagé les inquiétudes des chefs d’entreprises quand à certaines disposition du projet dont le traitement de la réforme de la TVA.

«Des évolutions qui peuvent remettre en question des décisions et intentions d’investissement», a estimé le président de la CGEM.

Chakib Alj a également fustigé la «lenteur des réformes» notamment celles du Code du travail, de la loi sur la grève et la simplification des procédures administratives.

Pour sa défense, Aziz Akhannouch a axé son argumentaire autour des accusations de lenteur des réformes, tout en évitant de s'aventurer dans les sujets qui hantent les chefs d'entreprises notamment celui de la TVA.

«Chakib Alj aurait dû réagir dès les premiers jours de la présentation du PLF2024. C'est le patronat qui a fait preuve de lenteur et de manque de courage», estime un homme proche du dossier.

Le Conseil d'administration de la CGEM adopte une approche «modérée et constructive»

L'ordre du jour du Conseil d'Administration de la CGEM, tenu ce jeudi 21 décembre, était chargé, avec des points clés tels que la validation du budget 2024, diverses nominations au sein du Conseil et des propositions concernant la Loi de Finances 2024. Cependant, ce qui ressort de cette réunion, c'est une volonté manifeste de la CGEM de «mettre de l'eau dans son vin», adoptant une posture plus conciliante et constructive face aux défis économiques actuels.

Le Président de la CGEM a ouvert la session en revenant sur les priorités qui ont guidé la formulation des propositions de la Confédération pour la Loi de Finances 2024. Il a souligné l'importance de la contribution de la CGEM à l'élaboration de cette loi depuis février 2023, reflétant un engagement continu dans le dialogue et la concertation. Cette démarche témoigne d'une volonté de travailler de concert avec les différentes parties prenantes pour façonner un cadre législatif favorable au développement économique.

«La CGEM a organisé, le 15 décembre dernier, une conférence de presse lors de laquelle elle a partagé son appréciation de la Loi de Finances 2024 et un bilan des sujets économiques sur lesquels un effort soutenu continuera à être déployés, par toutes les parties, pour concrétiser les ambitions communes de développement socio-économique de notre pays.

Dans le cadre d’un débat démocratique, la CGEM émet des recommandations qui vont dans le sens de la construction d’un tissu économique fort susceptible de contribuer activement au momentum positif que traverse notre pays grâce au Leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, à travers la promotion de l’investissement privé dans les secteurs à forte valeur ajoutée et créateurs d’emplois.

Ces recommandations n’ont en aucun cas vocation à discréditer le travail indéniable entrepris par le Gouvernement en faveur des entreprises marocaines et du secteur privé».

Communiqué de Presse CGEM - 21 décembre 2023

Loin de se positionner en opposition systématique, la CGEM reconnaît les efforts substantiels entrepris par le Gouvernement pour dynamiser le secteur privé dans une période marquée par des défis économiques et sociaux. Cette reconnaissance est un signe clair que la Confédération est prête à «calmer le jeu» et à s'engager dans une voie de collaboration et de dialogue constructif.

Chakib Alj a réitéré l'attachement de la Confédération au partenariat et au dialogue public-privé, des piliers essentiels pour atteindre les objectifs de développement du pays.

Notre Confédération sera toujours, pour l’exécutif, un partenaire franc, sincère, fiable et constructif. Par ailleurs, le Conseil d’administration a approuvé le Budget de la Confédération au titre de l’année 2024.

Communiqué de presse CGEM - 21 décembre 2023

Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist
20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

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