Le premier ministre israélien Naftali Bennett a mis en place ce mardi soir une cellule de crise pour gérer les retombées des rapports des médias qui pointent du doigt le logiciel Pegasus développé par la société israélienne NSO, soupçonné d'avoir été utilisé par des gouvernements du monde entier pour espionner des journalistes, des militants des droits de l'homme et peut-être des chefs d'États et des chefs de gouvernement. «Nous essayons de bien comprendre les ramifications de cette affaire. Nous devrons vérifier si les rapports sur NSO justifient un changement dans notre politique concernant l'exportation de la cybertechnologie offensive vers d'autres pays», a déclaré un haut responsable israélien au journaliste Barak Ravid qui a rapporté l'information.
L'équipe spéciale mise en place par le gouvernement israélien a pour mission de mener une enquête avec la société incriminée, NSO, dont les premières conclusions seront présentées dimanche prochain.
Dirigée par par le directeur général du ministère de la Défense Amir Eshel Dion et le directeur général du ministère des Affaires étrangères Alon Ushpiz, cette taskforce est composée également :
- du Mossad,
- des représentants du ministère de la Défense,
- du ministère des Affaires étrangères,
- du ministère de la Justice.
Jusqu'à présent, écrit Barak Ravid, la crise a été purement une crise médiatique au vue du flot très important des publications des médias internationaux sur l'utilisation abusive des logiciels NSO. Cependant, poursuit-il, la crainte en Israël est que la crise devienne politique dans les prochains jours. Une crainte qui trouve son origine dans la déclaration de la Cheffe du National Cyber Security Center du Royaume-Uni, Lindy Cameron, lors de la cyberconférence à l'Université de Tel Aviv.
«Nous assistons maintenant à un phénomène de pays qui n'ont pas de capacités élevées et sont capables de l'acheter, avec moins de contrôle direct sur l'impact direct et indirect de leurs activités», a déclaré la responsable britannique faisant allusion à la technologie NSO vendue à plusieurs pays à travers le monde.
« Nous pensons que les cybermenaces auxquelles nous sommes confrontées sont des menaces mondiales. Il est important que tous les cyberacteurs utilisent leurs capacités de manière légale, responsable et proportionnelle pour garantir que le cyberespace reste un espace sûr et prospère pour tous. Et nous travaillerons avec nos alliés pour garantir cette.» a-t-elle souligné.
Le ministre de la Défense Beni Gantz, qui a pris la parole après elle, lors de la conférence, a déclaré qu'Israël « étudiait » les publications des médias sur la société NSO. «Nous approuvons l'exportation de produits cybernétiques uniquement vers les gouvernements et uniquement à des fins légales et pour la prévention du crime et du terrorisme», a-t-il déclaré. Et de souligner «Les pays qui achètent ces systèmes doivent respecter les conditions d'utilisation.»
De hauts responsables israéliens, continue le journaliste de Walla News Barak Ravid, ont affirmé que le gouvernement israélien prenait la crise très au sérieux. Selon eux, bien que les mesures nécessaires semblent avoir été prises concernant l'octroi de la licence d'exportation à la NSO, la principale question est de savoir comment la disposition affectera les autres entreprises et les transactions futures.
«C'est un événement très important», a déclaré un haut responsable israélien. «Nous essayons de comprendre toute sa signification. Nous devrons examiner si, à la suite des publications récentes, il est nécessaire de changer de politique concernant l'exportation de systèmes cybernétiques offensifs vers les pays du monde.»
Selon les dernières révélations des médias ce mardi soir, parmi les numéros qui auraient été inclus dans la liste Pegasus se trouvaient ceux du président français Emanuel Macron et du roi Mohammed VI, ainsi que l'ancien Premier ministre libanais Saad Hariri et les présidents d'Irak et d'Afrique du Sud.