L’agence Reuters a consacré, ce samedi 11 octobre, une dépêche au discours du Roi Mohammed VI prononcé la veille devant le Parlement, soulignant la portée socio-économique de son message et le contexte social dans lequel il intervient. Le média anglo-saxon y voit un appel à l’action pour créer des emplois, accélérer les réformes et réduire les fractures territoriales, notamment dans les zones montagneuses et oasiennes.
Un cadrage socio-économique marqué par la jeunesse et les inégalités
Reuters situe le discours dans la continuité des priorités royales : emploi des jeunes, santé, éducation et développement local. L’agence rappelle les taux de chômage alarmants, 35,8 % chez les jeunes et 19 % chez les diplômés, pour montrer que la question de l’insertion des nouvelles générations reste un défi central.
Le média britannique y voit la volonté du Souverain de redonner souffle aux politiques publiques à travers un “rythme d’exécution plus rapide” et “des impacts plus forts”, expressions qu’il cite directement du discours.
Entre mouvement social et cohésion nationale
Autre élément relevé par Reuters : le contexte. Le discours royal intervient une semaine après des manifestations menées par des jeunes, rassemblés sous la bannière de GenZ 212, pour réclamer davantage de transparence et de justice sociale. L’agence souligne que le Roi ne s’est pas adressé directement aux manifestants, mais qu’il a envoyé un message d’équilibre : aucun projet national ne doit entrer en contradiction avec les politiques sociales.
Une lecture qui place le discours dans une dynamique d’apaisement et de continuité institutionnelle, loin des tensions électoralistes ou conjoncturelles.
Fait notable, l’agence britannique, média anglo-saxon exerçant sous une monarchie et rompu à l’exercice démocratique, a scrupuleusement respecté la posture institutionnelle du discours. Elle ne confond pas silence et esquive, mais y voit une fidélité du Roi à ses prérogatives constitutionnelles : ne pas céder à la pression de l’urgence tout en renvoyant la responsabilité de l’action aux élus et au gouvernement.
Le Maroc de Reuters : entre vitrine et vulnérabilités
Reuters dresse le portrait d’un Maroc à deux vitesses, reprenant la désormais célèbre expression introduite par le Roi Mohammed VI lors de son dernier Discours du Trône. En employant cette formule, devenue un marqueur du débat public, le Souverain avait désigné avec lucidité l’écart qui subsiste entre un nord-ouest urbanisé, industrialisé et connecté, où se concentrent infrastructures et investissements, et un arrière-pays rural encore tributaire de l’agriculture, de la pêche et du tourisme.
L’agence rappelle que, malgré la baisse du taux de pauvreté national, passé de 11,9 % en 2014 à 6,8 % en 2024, les zones enclavées et fragiles continuent d’accuser un retard structurel. En mobilisant cette expression, Reuters ne fait pas qu’observer : elle réinscrit son analyse dans une grille de lecture désormais familière au Maroc lui-même, celle d’un pays conscient de ses déséquilibres et engagé dans une quête d’équilibre entre modernité économique et équité territoriale.
Une symbolique royale toujours intacte
Enfin, Reuters insiste sur la dimension protocolaire et symbolique de l’événement : l’accueil populaire du Roi Mohammed VI devant le Parlement, entouré du Prince Héritier Moulay El Hassan et du Prince Moulay Rachid. Pour l’agence, cette image incarne la continuité du pouvoir et la stabilité institutionnelle dans un moment socialement sensible.
La dépêche note également le geste des jeunes de GenZ 212 qui, «par respect pour le Roi», ont suspendu leur mobilisation le jour du discours — un détail qui souligne la portée symbolique du lien monarchique, même dans un contexte de contestation.
