En marge de la réunion ministérielle de la Coalition mondiale anti-Daech, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita, s’est entretenu à Washington, le 6 février 2019, avec le Secrétaire d’Etat américain, . Lors de cette rencontre, à laquelle a pris part l’ambassadeur du Maroc à Washington, Lalla Joumala Alaoui, les deux responsables ont réaffirmé le partenariat stratégique de longue date unissant les deux pays et examiné les opportunités d’élargir la coopération aux questions régionales. Les deux ministres ont discuté de la prochaine conférence ministérielle sur la promotion d’un avenir de paix et de sécurité au Moyen-Orient, relevant que ce conclave sera une étape importante vers la construction d’un cadre de sécurité plus solide pour cette partie du monde.
Concernant la question du Sahara, le Secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, a reconnu la participation constructive du Maroc aux pourparlers de Genève avec l’envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara, Horst Köhler, tout en remerciant le royaume pour “ses efforts résolus dans la lutte contre l’influence néfaste de l’Iran dans la région.”
Le chef de la diplomatie américaine a profité de cette occasion pour exprimer ses remerciements au Maroc pour son soutien au Président par intérim du Venezuela, Juan Guaidó, même si officiellement, la position du Maroc est un peu nuancée sur ce sujet, sachant que Rabat préfère respecter la voix et le choix du peuple vénézuélien.
Pour sa part, Nasser Bourita a tenu à rappeler que le Maroc a été en mesure d’initier, sous le leadership du roi Mohammed VI, en sa qualité de Commandeur des croyants, une approche “unique” et “reconnue” en matière de prévention et de lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent.
Premier à prendre la parole après Mike Pompeo lors de la deuxième session de la réunion ministérielle de la Coalition mondiale anti-Daech, qui s’est déroulée en présence du président américain, Donald Trump, Nasser Bourita a affirmé que l’«approche [marocaine] s’articule autour d’une série de mesures qui ont démontré toute leur pertinence».
Selon le chef de la diplomatie marocaine, la stratégie marocaine s’appuie sur un triptyque qui porte sur la formation adéquate des prédicateurs au sein de l’Institut Mohammed VI pour la formation des Imams, dans le but de diffuser les valeurs authentiques de l’Islam de la modération et contrer la propagation des idéologies radicales, tout en déconstruisant le discours extrémiste à travers les médias audiovisuels et les réseaux sociaux.
Le troisième élément de ce triptyque consiste en la prévention et la lutte contre la propagation de l’extrémisme violent dans les prisons et la réhabilitation et la réinsertion des détenus, à travers un programme spécifique baptisé «Mosalaha».
En effet, le Maroc, en sa qualité de co-président du Forum mondial de Lutte contre le terrorisme (GCTF), est résolument déterminé à poursuivre la promotion de l’importance du développement et de la consolidation des capacités de la société civile pour qu’elle puisse se prémunir contre la résurgence de Daech ou tout autre groupe partageant les mêmes desseins extrémistes violents.
Sur ce sujet, Nasser Bourita a assuré que la priorité du Maroc demeure une meilleure coordination avec d’autres plateformes multilatérales en vue d’encourager la mise en oeuvre des bonnes pratiques développées par le GCTF contre l’émergence des menaces liées au terrorisme et à l’extrémisme violent.
Tout en mettant en avant les efforts ayant permis le déclin de Daech en Irak et en Syrie, le chef de la diplomatie marocaine a, toutefois, averti que les menaces de ce groupe jihadiste demeurent persistantes dans la région et partout dans le monde et ce, du fait de la résilience de ses combattants et de ses sympathisants estimés à quelque 20000 dans les zones de conflit.
Nasser Bourita a également mis en garde contre l’émergence d’une «marque de fabrique» Daech via des groupes affiliés dans plus 25 pays à travers le monde, dont une douzaine s’activent en Afrique du nord et en Afrique sub-saharienne, ainsi que contre les capacités consolidées des groupes affiliés du fait de leur propension à diversifier leurs sources de revenus et de redéployer leurs combattants.
La veille, et dans le cadre du Dialogue stratégique Maroc-États-Unis, Washington a abrité la première session du groupe de travail Afrique entre les deux pays avec la participation d’une importante délégation interministérielle marocaine. Conduite par le ministre chargé des Affaires africaines, Mohcine Jazouli, la délégation marocaine comprenait notamment le Pr. Ahmed Abbadi, secrétaire général de la Rabita Mohammedia des Oulémas et l’ambassadeur Mohamed Methqal, directeur général de l’AMCI, l’agence marocaine de coopération internationale. La présence de Ahmed Abbadi à cette session explique clairement la vision déclinée par Nasser Bourita.