Key points
- Intervention de la diplomatie marocaine, par le biais de ses consuls à New York et Paris, pour mettre fin à des mois d'escalade et de polémiques qui se sont accélérées ses dernières semaines, après la plainte déposée par trois institutions sécuritaires nationales contre certains youtubeurs pour diffamation et propagation de fake-news.
- ChoufTV, la 1er télé digitale du pays, au centre des polémiques et des attaques de la communauté YouTube à l'étranger est passée d'une moyenne de dizaines de vidéos par jour à deux vidéos par jour et ce depuis le 13 janvier 2021.
- Condamnation en appel, ce mercredi 27 janvier, de la star de la chanson marocaine Dounia Batma à un an de prison ferme. La chanteuse a été reconnu coupable dans l'affaire dite «Hamza Mon BB» pour participation à l’accès frauduleux au système informatique de données, de diffusion d’images et de déclarations d’autrui sans consentement, de diffusion de faits mensongers dans le but de nuire à la vie privée d’individus et diffamation, ainsi que de chantage.
Pourquoi est-ce important:
Alors que l'affaire Hamza mon BB avait tenu en haleine et amusé les marocains durant plusieurs mois de par le caractère Gossip et voyeur des scandales d'artistes, de starlette et d'influenceurs, les décisions de justice favorisant la chanteuse Dounia Batma a provoqué une colère sourde d'un pan de la société marocaine devenue fan de Youtubeurs dont la majorité était installée à l'étranger.
Ce nouveau cercle d'influenceurs «anti-Batma», va trouver quelques mois plus tard un nouveau sujet de mobilisation de leurs abonnés. Il s'agit de l'affaire de l'ancienne officier de police Ouahiba Khourchech, en bras de fer juridique avec son ancien employeur.
Une vidéo publiée sur YouTube par la chaine ChoufTV, montrant l'ancienne officière de police et son avocat, le tonitruant Mohammed Ziane dans leur intimité, créera un mouvement de fond inédit dans la communauté des anti-Batma. Auxquels se rallieront quelques activistes disséminés sur les réseaux sociaux depuis plusieurs années et qui donneront un caractère politique radical au mouvement.
La polémique va prendre de l'ampleur à tel point que le 30 décembre 2020, trois institutions sécuritaires nationales, la DGST, la DGED et la DGSN annonceront avoir déposé plainte, pour diffamation, auprès du procureur général près du parquet général près le tribunal de première instance de Rabat contre des personnes résidant à l’étranger.
Les trois institutions accusent ces youtubeurs d'injures des fonctionnaires en plein exercice de leurs fonctions, d'insultes et de diffamation des organisations et propagation des rumeurs et des fake news.
Une démarche dissuasive qui vise à contenir les badbuzz à répétition qui commençaient à écorcher l'image du pays et polluer les avancées importantes et historiques sur des dossiers stratégiques et vitaux du Royaume.
The big picture:
Le Maroc entame une année 2021 avec des engagements et des défis importants:
- relance économique et sortie de la crise sanitaire,
- synchronisation avec la nouvelle administration américaine,
- bataille juridique sur le dossier du Sahara marocain,
- reprise des relations avec Israël,
- constitution d'un gouvernement légitime et crédible à l'issu des élections législatives.
Pour cela, le Royaume a besoin de l'unité de l'ensemble de ses citoyens et de la mobilisation et la sérénité de ses instituions. Les petites guéguerres sont improductives et ne profiteraient qu'aux adversaires et ennemies de la nation.
La révélation faite par le nouveau patron du BCIJ, Cherkaoui Habboub, faisant état du rôle décisif de la DGST dans l'interpellation de ce soldat américain dénommé «Col Bridges» embrigadé par Daesh, accusé de planification d’actes terroristes, notamment d'avoir comploté une attaque terroriste contre le mémorial du 11 septembre à Manhattan, à New York, n'est pas anodine. Elle recadre l'opinion publique nationale et internationale et rappelle l'importance de l'institution sécuritaire dirigée par Abdellatif El Hammouchi dans la lutte contre le terrorisme.
What’s next:
La médiation diplomatique, le réajustement dans les jugements de l'affaire «Hamz mon BB» et le profil bas de Chouf TV, sont des signaux faibles d'une décision prise par le plus haut sommet de l'Etat pour un apaisement durable dans l'écosystème du YouTube marocain.
Serait-il possible d'envisager une solution à l'amiable de l'affaire Ouahiba et Ziane? Un revirement qui devrait isoler les cas plus complexes d'activistes digitaux, notamment ceux de Zakaria Moumni, Mohamed Hajib et Radi Ellili.
L'avenir nous le dira.