Le lancement de la LGV Kénitra-Marrakech ne marque pas seulement une prouesse technique : il incarne une nouvelle grammaire du dialogue franco-marocain. À travers cette infrastructure, c’est une vision partagée du développement, de la mobilité durable et du co-investissement industriel qui prend forme, dans un contexte de réconciliation politique assumée.
Le lancement, jeudi 24 avril 2025 à Rabat, de la nouvelle ligne à grande vitesse reliant Kénitra à Marrakech a immédiatement suscité des réactions de haut niveau. Parmi elles, celle du président français Emmanuel Macron, qui a salué sur X (ex-Twitter) une « coopération franco-marocaine qui avance à grande vitesse ! ».
Dans ce tweet rédigé en français et en arabe, Emmanuel Macron a souligné le lien direct entre cette infrastructure stratégique et les engagements noués lors de sa visite d’État au Maroc en octobre 2024.
« La coopération franco-marocaine avance à grande vitesse ! Sa Majesté le Roi Mohammed VI a lancé hier les travaux de la nouvelle ligne à grande vitesse entre Kénitra et Marrakech. C’est le résultat concret des partenariats noués entre nos entreprises lors de ma visite d’État au Maroc en octobre dernier. Vive l’amitié entre le Maroc et la France ! » s’est-il félicité.
Ce tweet met en lumière l’aboutissement tangible des engagements pris lors de la visite d’État d’Emmanuel Macron au Maroc du 28 au 30 octobre 2024. Cette visite, marquant la fin de trois années de tensions diplomatiques, a été l’occasion pour les deux nations de sceller une réconciliation historique. Le président français avait alors exprimé sa volonté de « tourner la page » et d’ouvrir un « nouveau chapitre » dans les relations bilatérales, notamment en reconnaissant le plan marocain d’autonomie pour le Sahara comme « la seule base sérieuse et crédible » pour résoudre le conflit.
Ce message vient également souligner l’importance géostratégique d’un projet qui dépasse largement la simple infrastructure ferroviaire. Estimée à près de 10 milliards d’euros, cette extension de 430 kilomètres vient renforcer la place singulière du Maroc, seul pays du continent africain à disposer d’un réseau LGV en service – et désormais en extension.
Une réconciliation scellée par les projets concrets
Lors de cette visite qualifiée d’historique, le président français avait affirmé sa volonté de « tourner la page » et d’écrire un « nouveau livre » des relations franco-marocaines. Ce changement de ton s’est traduit par une série d’accords structurants, au nombre de 22, couvrant des domaines stratégiques : énergie, eau, sécurité intérieure, éducation, formation, industrie, et infrastructures.
Parmi ces accords, celui concernant la fourniture des rames à grande vitesse pour la LGV Kénitra-Marrakech par le groupe français Alstom incarne parfaitement la volonté de relancer une coopération industrielle ambitieuse, fondée sur la co-production, le transfert de technologie et une logique de souveraineté partagée.
La LGV, vitrine du partenariat renouvelé
La future LGV Kénitra-Marrakech reliera les principales métropoles marocaines – Rabat, Casablanca et bientôt le grand stade de Benslimane – en réduisant de moitié les temps de trajet. Tanger-Marrakech sera atteignable en 2h40 contre près de 5 heures aujourd’hui, et l’aéroport Mohammed V sera relié à la capitale en seulement 35 minutes.
Officiellement initié par SM le Roi Mohammed VI depuis la gare Rabat-Agdal, cette infrastructure incarne une vision royale de la mobilité : plus rapide, plus propre, plus inclusive, mieux intégrée à l’urbanisation croissante du pays et au service de la transition énergétique.
Mais elle est aussi le fruit d’une diplomatie économique assumée, où le rail devient un outil de convergence politique et d’intégration industrielle. Au-delà du simple transfert de technologie et grâce à une unité de fabrication locale, à un objectif d’intégration de 40 %, et à une joint-venture entre l’ONCF et ses partenaires industriels, le projet LGV vise à faire émerger une véritable filière ferroviaire marocaine.
Une dynamique africaine en toile de fond
Bien plus qu’un projet national, cette LGV s’inscrit dans une dynamique continentale. L’ONCF, déjà active comme conseiller technique auprès de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, voit dans cette infrastructure une vitrine d’excellence exportable. Cette projection répond à une logique de soft power, où la technologie devient un levier d’influence régionale et d’accompagnement stratégique.
Pour Emmanuel Macron, qui voit dans le Maroc un partenaire-pivot en Afrique, cette dimension transversale résonne pleinement avec sa propre doctrine de diplomatie partenariale.
Vers une amitié réinventée
Le tweet présidentiel, bien plus qu’une formule de circonstance, est l’expression publique d’un renouveau diplomatique entre Rabat et Paris. En mettant en avant un projet tangible, financé, co-construit et lancé dans un calendrier respecté, Emmanuel Macron légitime une vision : celle d’un avenir bilatéral ancré dans des actions concrètes, des engagements tenus et une amitié restaurée.
Comme il l’avait déclaré devant le Parlement marocain :
« Marocains et Français, une fraternité, un destin commun, un nouveau livre à écrire ensemble. »
Ce livre est désormais ouvert. Sa première page s’écrit sur des rails à grande vitesse.