Le journaliste et commentateur politique Fatih Altaylı, l’une des voix les plus suivies du web en Turquie, a été arrêté jeudi soir à Istanbul. En cause : une déclaration jugée menaçante envers le président Recep Tayyip Erdoğan lors d’une émission diffusée sur sa chaîne YouTube.
Suivi par plus de 2,8 millions d’abonnés sur X (anciennement Twitter) et 1,5 million sur YouTube, Altaylı fait désormais l’objet d’une enquête pour « menaces contre le président de la République », selon les articles 310/2 et 106/1 du Code pénal turc. Le parquet d’Istanbul a confirmé l’ouverture de la procédure, évoquant des propos à caractère « menaçant » tenus le 20 juin 2025.
Dans la séquence incriminée, le journaliste dresse un parallèle audacieux entre l’histoire de l’Empire ottoman et la Turquie contemporaine :
« Regarde l’histoire de ce peuple… Ce peuple a étranglé ses propres sultans. […] Il n’aime pas qu’on lui retire le droit de choisir, ni qu’on lui enlève le pouvoir de déterminer son destin pour toujours. »
Et d’ajouter, dans un message perçu comme une mise en garde à peine voilée contre les dérives autoritaires :
« Ceux qui rêvent d’établir une véritable dictature ne pourront jamais réussir. […] Ce n’est bon ni pour eux, ni pour le pays. »
S’il reconnaît que la majorité des Turcs ne déteste pas Erdoğan, Altaylı insiste :
« Le peuple turc a une attitude claire : “Tu es là parce que je t’aime. Tu ne peux pas me dominer.” 70 % des Turcs pensent ainsi. »
Ces propos, largement relayés sur les réseaux sociaux, ont suscité un vif débat entre défenseurs de la liberté d’expression et partisans du pouvoir, certains y voyant une incitation à la violence, d’autres une analyse historique sans appel.
L’interpellation de Fatih Altaylı marque un nouvel épisode de la tension croissante entre le pouvoir turc et les figures médiatiques critiques.