Le 10 avril au soir, le ministère de l'Intérieur avait pris des millions de Turcs de court en annonçant, deux heures avant son entrée en vigueur, une interdiction de sortir pendant 48 heures dans les 30 plus grandes villes du pays. Une annonce au dernier moment qui a provoqué la ruée de milliers de Turcs paniqués dans les commerces pour y faire des provisions, sans respect des règles de distanciation sociale. Vivement critiqué, le ministre turc de l'Intérieur Süleyman Soylu va présenter dimanche soir sa démission que Recep Tayyip Erdogan va refusé un peu plus tard.
Les images d'attroupement de turcs devant les commerces ont été largement relayées sur les réseaux sociaux. Les critiques de nombreux opposants et internautes ont fusé blâmant le gouvernement pour la manière dont ce confinement a été mis en oeuvre, accusant les autorités d'avoir mis en danger la vie de milliers de personnes.
Le maire d'opposition d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, a indiqué ne pas avoir été prévenu à l'avance.
Endossant «l'entière responsabilité de la mise en oeuvre de cette mesure», le ministre de l'Intérieur Süleyman Soylu a annoncé dimanche soir qu'il présentait sa démission, provoquant un séisme politique.
«Que ma nation, à laquelle jamais je n'ai voulu nuire, et notre président, à qui je serai fidèle toute ma vie, me pardonnent. Je quitte la fonction de ministre de l'Intérieur que j'ai eu l'honneur de remplir», a déclaré ce 12 avril le ministre turc de l'Intérieur Süleyman Soylu.
Dans son communiqué le ministre de l'Interieur a défendu le confinement, une «mesure prise de bonne foi, visant à ralentir autant que possible la propagation de l'épidémie».
«Les scènes qui se sont produites n'ont pas rendu justice à la gestion impeccable de l'épidémie», a-t-il regretté.
Mais quelques heures plus tard, coup de théâtre : la présidence a indiqué que sa requête avait été rejetée par Erdogan.
«La démission de notre ministre de l'Intérieur n'a pas été acceptée. Il va continuer de remplir sa fonction», a déclaré la présidence dans un communiqué.
Après la panique initiale, la mesure, qui a pris fin dimanche à minuit (21H00 GMT), a globalement été respectée.
Un silence inédit a ainsi régné pendant le week-end à Istanbul, ville tentaculaire de 16 millions d'habitants.
Le confinement a été mis en place alors que l'épidémie de Covid-19 s'est accélérée en Turquie ces derniers jours.
Près de 57.000 personnes ont été infectées et environ 1.200 personnes sont mortes, selon le dernier bilan officiel publié dimanche par le ministère de la Santé.