Selon le média en ligne Hespress, plusieurs personnalités politiques, académiques et militantes en Tunisie tentent, depuis des mois, de convaincre la présidence de reprendre langue avec le Maroc. Mais ces efforts se heurtent à l’inflexibilité du président Kaïs Saïed, qui refuse de rouvrir le dialogue avec Rabat et maintient ainsi une crise diplomatique inédite.
Une relation gelée depuis 2022
Depuis l’accueil, en août 2022 à Tunis, du chef du Front Polisario par le président tunisien dans le cadre du sommet TICAD 8, les relations entre Rabat et Tunis connaissent un gel inédit. Le Maroc avait immédiatement réagi en rappelant son ambassadeur, dénonçant une « dérive » diplomatique perçue comme un alignement de la Tunisie sur les positions algériennes concernant le Sahara marocain. Depuis, les canaux de dialogue sont restés fermés, accentuant le sentiment d’isolement de Tunis dans son environnement régional.
D’après Hespress, plusieurs figures de la société civile et du paysage politique tunisien ont adressé des correspondances officielles à la présidence et au ministère des Affaires étrangères. Objectif : convaincre les autorités de renouer avec la tradition diplomatique tunisienne de neutralité et de coopération maghrébine. Ces acteurs se disent prêts à jouer les médiateurs afin de restaurer la confiance entre les deux pays.
Or, jusqu’ici, ni la présidence ni la diplomatie tunisienne n’ont répondu à ces sollicitations. Cette absence de réaction alimente les interrogations sur la volonté réelle de Kaïs Saïed de sortir de l’impasse, au moment où les critiques sur son isolement régional et international s’intensifient.
Les observateurs soulignent que le refus du président tunisien ne semble pas motivé par des considérations stratégiques, mais par des calculs politiques internes. Cette approche fragilise encore davantage la position de la Tunisie, dont le rôle régional s’est considérablement réduit ces dernières années. Historiquement reconnue pour sa posture de médiateur et sa politique étrangère équilibrée, Tunis est désormais perçue comme ayant perdu en crédibilité, aussi bien dans le Maghreb qu’auprès de ses partenaires arabes et africains.
Toujours selon Hespress, les acteurs politiques et académiques tunisiens favorables à un rapprochement avec Rabat promettent de poursuivre leurs efforts et d’exercer davantage de pression sur les institutions. Mais face à la rigidité de Kaïs Saïed et à l’alignement de plus en plus marqué de sa politique étrangère sur Alger, la perspective d’un dégel rapide des relations bilatérales reste hypothétique.