Depuis la Seconde Guerre mondiale, Israël demeure le plus important bénéficiaire cumulé de l’aide américaine, avec près de 174 milliards de dollars alloués en assistance bilatérale et en financement de la défense antimissile (en dollars courants, non ajustés à l’inflation). Cette aide reflète à la fois un attachement profond du Congrès à la sécurité d’Israël, des intérêts stratégiques partagés au Moyen-Orient et des liens historiques qui remontent à la reconnaissance américaine de l’État hébreu en 1948.
En 2016, Washington et Tel-Aviv ont signé un Mémorandum d’entente décennal (2019-2028) prévoyant 38 milliards de dollars d’aide militaire (33 milliards en financements militaires étrangers – FMF – et 5 milliards pour la défense antimissile).
Les aides exceptionnelles depuis le 7 octobre 2023
À la suite des attaques menées par le Hamas et des guerres qui ont éclaté ensuite à Gaza, au Liban et avec l’Iran, les États-Unis ont adopté plusieurs lois de crédits d’urgence.
- Avril 2024 : adoption du P.L. 118-50, qui a prévu 3,5 milliards de dollars de FMF et 5,2 milliards pour la défense antimissile, dont 1,2 milliard pour le système laser Iron Beam, financé pour la première fois.
- 2024-2025 : d’autres textes, dont le Full-Year Continuing Appropriations and Extensions Act (P.L. 119-4), ont reconduit l’aide de base (3,3 milliards de dollars) et prolongé des dispositifs tels que les garanties de prêts à Israël jusqu’en 2030 et l’extension du stock stratégique américain prépositionné en Israël.
Selon le ministère israélien de la Défense, entre octobre 2023 et mai 2025, 800 avions-cargos et 140 navires américains ont livré plus de 90 000 tonnes d’armements et de matériel militaire à Israël.
Un débat politique de plus en plus polarisé
Si le soutien à Israël reste largement majoritaire au Congrès, des voix critiques se sont renforcées depuis 2023, particulièrement chez les démocrates progressistes. Le sénateur Bernie Sanders a multiplié les résolutions de désapprobation des ventes d’armes, bien qu’aucune n’ait abouti, le Sénat rejetant ces tentatives par de larges majorités.
Parallèlement, l’administration Biden a tenté d’imposer des conditions liées au respect du droit international humanitaire, via le mémorandum de sécurité nationale NSM-20 (février 2024). Ce texte exigeait des garanties écrites d’Israël sur l’usage de l’armement fourni. Toutefois, en février 2025, l’administration Trump a annulé ce dispositif et accéléré les livraisons, notamment en recourant à des procédures d’urgence pour notifier près de 12 milliards de dollars de ventes d’armes.
Un enjeu stratégique et industriel
L’aide américaine contribue à maintenir le fameux “avantage militaire qualitatif” d’Israël, inscrit dans la loi américaine. Elle soutient également son industrie de défense, aujourd’hui l’une des plus dynamiques au monde. Les entreprises israéliennes comme Rafael, Elbit ou IAI exportent près de 70 % de leur production, avec une demande accrue malgré les critiques internationales liées à la guerre de Gaza.
À Washington, la question de l’avenir du partenariat militaire reste ouverte : faut-il prolonger le Mémorandum d’entente au-delà de 2028 ? Faut-il conditionner l’aide au respect du droit international ? Les débats autour de l’assistance à Israël illustrent l’équilibre fragile entre solidarité stratégique historique et pressions politiques intérieures grandissantes.
