Invité d’une émission spéciale diffusée sur Al Oula et 2M, le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch a présenté un bilan qu’il qualifie de « positif et concret » de l’action de l’Exécutif depuis son investiture. Un exercice de synthèse qui s’est voulu chiffré et démonstratif, sur fond de contexte mondial instable et de contraintes climatiques récurrentes.
Selon Akhannouch, l’économie nationale a affiché une croissance moyenne de 4,4 % sur la période 2021-2026, avec une progression de 4,6 % en 2025. Un rythme jugé satisfaisant au regard des secousses internationales liées à la guerre en Ukraine et aux séquelles du COVID-19.
Le Chef du gouvernement a souligné la progression notable des recettes fiscales, qui devraient atteindre 363 milliards de dirhams en 2026 contre 199 milliards en 2020, ainsi que la réduction du déficit budgétaire de 7,1 % à 3,5 %. Les transferts des Marocains résidant à l’étranger, estimés à 82 milliards de dirhams, viennent conforter ces équilibres.
1. Protection sociale : généralisation et ciblage
L’un des marqueurs de ce mandat reste l’opérationnalisation du registre social unifié, permettant à plus de 11 millions de citoyens d’accéder à des programmes d’aide. Le budget annuel alloué avoisine 9,5 milliards de dirhams.
Le dispositif d’aide directe, décrit comme « programme royal réussi », bénéficie aujourd’hui à quatre millions de ménages, dont un million de personnes âgées et 300.000 veuves. À cela s’ajoute l’appui spécifique à la rentrée scolaire (200 à 300 dirhams par enfant), touchant plus de 8,3 millions d’élèves.
2. Éducation et santé : élargir l’accès et renforcer l’offre
Le système éducatif a connu une expansion rapide du modèle des « écoles pionnières », passées de 600 à 4.600 en un an, avec un objectif de 6.600 dès 2026. Parallèlement, des efforts de formation des enseignants ont été engagés.
Côté santé, 1.400 centres sont en cours de réhabilitation, tandis que chaque région doit se doter d’un CHU. La réforme du système s’articule autour des groupements sanitaires territoriaux, conçus pour améliorer la gestion des ressources humaines et l’accès aux soins.
3. Emploi et agriculture : des signaux encourageants
Environ 600.000 emplois ont été créés au cours du mandat, selon Akhannouch, auxquels s’ajoutent ceux du secteur public. Le secteur agricole, malgré la pression hydrique, enregistre des récoltes record : +100 % pour les olives, +50 % pour les dattes, +20 % pour les légumes et +25 % pour les agrumes.
4. Défis structurels : eau et reconstruction post-séisme
Le stress hydrique reste au centre des préoccupations. Les projets d’interconnexion des bassins Sebou-Bouregreg et les usines de dessalement (Tanger, Nador, Casablanca, Tiznit) sont présentés comme des réponses stratégiques.
Le Chef du gouvernement a également rappelé l’ampleur de la reconstruction dans les zones touchées par le séisme d’Al Haouz : 51.000 logements, 300 écoles et 100 structures de santé réhabilités ou reconstruits.
5. Dialogue politique : ouverture revendiquée
Aziz Akhannouch a insisté sur la qualité des relations avec l’opposition, affirmant que 70 % des 30.000 questions parlementaires ont reçu une réponse et que son gouvernement a adopté un nombre record de propositions issues des bancs adverses.
Un bilan chiffré, mais à confronter aux réalités
Si le discours du Chef du gouvernement met en avant des résultats tangibles et mesurables, il laisse en suspens plusieurs questions : la soutenabilité des réformes sociales, l’impact de la croissance sur l’emploi des jeunes, ou encore la capacité de l’appareil public à absorber les investissements annoncés dans la santé et l’éducation.
Dans un contexte où l’opinion publique exprime des attentes fortes sur le pouvoir d’achat et l’équité territoriale, le récit gouvernemental apparaît comme une démonstration de résilience et de méthode. Mais la confrontation de ce bilan aux perceptions sociales et aux défis à venir déterminera si ce « positif et concret » trouvera un écho durable auprès des citoyens.