Oracle a offert à Wall Street l’un de ses plus grands bonds boursiers depuis trois décennies, propulsé par un récit séduisant : sa capacité à devenir un acteur incontournable du cloud et de l’intelligence artificielle (IA).
Au premier trimestre, Oracle a publié un chiffre d’affaires de 14,9 milliards de dollars, légèrement en deçà des attentes de 15 milliards. Si la division logicielle recule de 1 %, c’est la branche cloud qui attire tous les regards : une progression de 28 %, avec une prévision de +77 % pour l’infrastructure cloud sur l’année.

Ces chiffres reflètent l’appétit du marché pour les services liés à l’IA, un secteur où Oracle veut se positionner comme alternative aux géants déjà établis.
Quand la flambée d’Oracle propulse Ellison devant Musk
Cette envolée boursière a eu un impact spectaculaire sur la fortune de Larry Ellison, cofondateur d’Oracle. À 81 ans, il est devenu l’homme le plus riche du monde, dépassant Elon Musk, avec une richesse estimée à 486 milliards de dollars, après avoir engrangé 101 milliards en une seule journée — le plus important gain jamais enregistré par l’indice des milliardaires de Bloomberg. Cette progression fulgurante reflète directement la confiance des marchés dans le virage stratégique d’Oracle vers le cloud et l’intelligence artificielle, une orientation que l’entreprise développe depuis plusieurs années pour rivaliser avec Microsoft et Amazon.
Pour les analystes, la dynamique actuelle d’Oracle repose moins sur ses résultats immédiats que sur sa capacité à convaincre sur l’avenir.
- Brad Sills (Bank of America) parle d’un « fossé compétitif encore flou » et souligne que la rentabilité des charges de travail IA reste un « sujet de débat ».
- Angelo Zino (CFRA) estime au contraire que la visibilité offerte par les contrats déjà signés – évalués à 455 milliards de dollars de revenus contractuels – justifie une « grande confiance dans les projections jusqu’à la fin de la décennie ».
Résultat : plusieurs analystes ont rehaussé leur objectif de cours, et Bank of America a relevé sa recommandation de neutre à acheter.
Cette embellie s’est traduite par la plus forte hausse journalière d’Oracle depuis 1992, propulsant sa valorisation à des niveaux inédits. Son ratio cours/bénéfices (P/E) a grimpé à plus de 77, contre 50 pour Nvidia, leader incontesté des puces IA.
Autrement dit, Oracle est désormais plus « chère » que le champion incontesté du hardware, alors même que ses preuves restent à faire.
Le défi de la crédibilité
Wall Street achète l’histoire d’Oracle : un cloud dopé à l’IA, à forte croissance et à haute rentabilité future. Mais comme le rappelle Axios, il s’agit d’un pari : les prévisions ne sont pas des garanties. Si Oracle échoue à tenir ses promesses, la sanction du marché pourrait être rapide et sévère.
Faits
Oracle capitalise sur le récit de l’IA, qui séduit investisseurs et analystes malgré des résultats mitigés sur le logiciel traditionnel.
La croissance du cloud (+28 %) et des revenus contractuels massifs nourrissent la confiance.
Mais la valorisation record implique que l’entreprise devra rapidement prouver que son histoire n’est pas qu’un storytelling bien ficelé.