À l’occasion de la 80ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations Unies, tenue à New York, M. Aziz Akhannouch, Chef du Gouvernement du Royaume du Maroc, a prononcé une allocution marquée par des positions claires sur les grands enjeux internationaux. Il y a abordé notamment la question palestinienne, le dossier du Sahara marocain, les défis climatiques, la coopération en Afrique, ainsi que les perspectives liées à l’intelligence artificielle et au développement durable.
Ce que vous devez retenir
Soutien à la cause palestinienne : Appel à un cessez-le-feu immédiat, au renforcement de l’aide humanitaire et à une solution à deux États.
Sahara marocain : Réaffirmation que l’initiative d’autonomie est la seule solution sérieuse et crédible, soutenue internationalement.
Climat et eau : Priorité donnée à la lutte contre le stress hydrique et au développement des énergies renouvelables.
Afrique : Vision panafricaine ambitieuse pour transformer les défis en opportunités grâce à des projets structurants.
Intelligence artificielle : Nécessité d’une adoption éthique et inclusive à travers la stratégie « Maroc numérique 2030 ».
Coupe du Monde 2030 : Le Maroc coorganisera l’événement avec l’Espagne et le Portugal, comme levier de diplomatie culturelle.
Madame la Présidente,
Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies,
Altesses, Excellences,
Mesdames et Messieurs, la paix soit sur vous.
Je tiens tout d’abord à féliciter Son Excellence Madame Annalena Baerbock pour son élection à la présidence de cette 80ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Je lui souhaite, en mon nom propre et au nom de la délégation du Royaume du Maroc, plein succès dans sa mission.
Je saisis cette occasion pour réaffirmer le plein soutien du Royaume du Maroc aux efforts considérables déployés par le Secrétaire général des Nations Unies, Monsieur António Guterres, dont le leadership demeure décisif face aux défis mondiaux.
Madame la Présidente,
Cette session se tient dans un contexte unique, marqué par de profondes transformations. Un contexte qui exige de nous une vision équilibrée et pragmatique. La mondialisation, qui a rapproché les peuples et les économies, se heurte aujourd’hui à des défis sans précédent : perturbations économiques, changements climatiques, avancées technologiques accélérées, etc. Tout cela soulève des questions fondamentales sur la gouvernance et la responsabilité.
Nous vivons une époque dont la principale caractéristique est la reconfiguration des priorités et des dynamiques internationales. Ainsi, toute évaluation des transformations géopolitiques ne saurait souffrir d’imprécision, si nous voulons y répondre de manière adéquate.
C’est ce qu’a exprimé Sa Majesté le Roi Mohammed VI — que Dieu l’assiste — lorsqu’il a affirmé que le monde vit aujourd’hui un moment de transition majeure, quittant un ordre mondial arrivé à bout de souffle, incapable de répondre aux aspirations de l’humanité, vers un nouveau modèle à construire collectivement.
Madame la Présidente,
L’Organisation des Nations Unies, malgré ses réussites historiques, se trouve aujourd’hui dans l’obligation de s’adapter aux mutations en cours. Cela signifie-t-il que l’ONU est en péril dans ce monde en pleine transformation ? La réponse est catégoriquement non. Mais notre organisation est appelée, plus que jamais, à revoir ses priorités. Sa mission fondamentale reste inchangée, mais ses méthodes de travail nécessitent une refonte pour faire face à l’ampleur et à la complexité des crises contemporaines.
Le Royaume du Maroc n’a cessé de plaider pour un multilatéralisme fondé sur le respect de la souveraineté des États et de leur intégrité territoriale.
Madame la Présidente,
Conformément à l’engagement clair et constant de Sa Majesté le Roi Mohammed VI — que Dieu le préserve — Président du Comité Al-Qods, et à sa préoccupation permanente concernant la détérioration de la situation dans les territoires palestiniens, le Maroc appelle aujourd’hui à une mobilisation accrue de la communauté internationale pour sortir la région de la spirale sombre dans laquelle elle s’enfonce.
Cette action doit se concentrer sur quatre priorités :
- Un cessez-le-feu immédiat et un retour à la table des négociations en vue de mettre fin définitivement à la guerre.
- La garantie d’un accès sans entrave ni condition à l’aide humanitaire dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.
- Le renforcement du rôle vital de l’UNRWA (l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens).
- La mise en œuvre d’une feuille de route claire et globale pour la reconstruction, adoptée lors du sommet arabe extraordinaire, sous la conduite de l’Autorité palestinienne et sous supervision arabe et internationale conjointe.
Le Maroc, conformément à la vision de Sa Majesté le Roi, demeure convaincu que la solution à deux États est la seule voie pour établir une paix durable et globale au Moyen-Orient. Cette solution ne peut être reportée ni marginalisée : elle doit devenir une exigence morale et une priorité politique immédiate.
Dans ce cadre, le Maroc réaffirme la nécessité d’ouvrir des perspectives à une solution politique crédible avec un calendrier précis, garantissant les droits légitimes du peuple palestinien à établir un État indépendant dans les frontières de juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, Gaza en faisant partie intégrante.
Le processus de paix doit intégrer une dimension économique, car il ne saurait y avoir de paix sans prospérité partagée. Il est aussi essentiel de renforcer le soutien à l’Autorité palestinienne afin de consolider ses institutions et répondre aux aspirations du peuple palestinien en matière de sécurité, de dignité et de développement. Enfin, il convient de mettre en place des mécanismes régionaux de sécurité durables, fondés sur le droit international et le respect mutuel.
Le Maroc réitère également son engagement ferme en faveur de la défense des lieux saints, notamment la mosquée Al-Aqsa, qui occupe une place particulière dans le cœur de Sa Majesté le Roi Mohammed VI — que Dieu l’assiste — en tant que Président du Comité Al-Qods. Cet engagement se manifeste à travers l’action conjointe de la diplomatie marocaine et de l’Agence Bayt Mal Al-Qods, bras opérationnel du Comité, qui réalise sur le terrain des projets essentiels visant à préserver le statut juridique de Jérusalem, protéger son identité culturelle et soutenir les droits légitimes du peuple palestinien.
Le Maroc exprime aussi sa solidarité avec le Qatar, la Syrie et le Liban face aux agressions israéliennes, et appelle à des solutions pacifiques pour les crises que traversent la Libye, le Yémen, le Soudan et la Somalie, à travers le dialogue et le consensus, en respectant leur souveraineté et intégrité territoriale, loin de toute ingérence étrangère.
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs,
Dans un monde marqué par l’incertitude et les tensions croissantes, le dialogue et la coopération sont plus cruciaux que jamais. Ils sont les piliers de la paix durable.
Guidé par la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc place le partenariat sincère et le développement partagé au cœur de son action internationale. L’Afrique, en particulier, se trouve à un carrefour stratégique. Longtemps prisonnière de stéréotypes réducteurs, elle s’affirme aujourd’hui comme un espace d’innovation et de renouveau à travers le lancement de projets structurants favorisant son intégration dans le système mondial.
Le Royaume du Maroc, fidèle à la vision royale, fait de l’Afrique non seulement une priorité de sa diplomatie, mais aussi un espace naturel d’appartenance, de solidarité et de partenariat.
Comme l’affirme Sa Majesté le Roi :
« L’Afrique doit transformer ses défis en opportunités et valoriser ses forces pour bâtir son avenir avec confiance et ambition. »
L’Afrique est au cœur des grandes initiatives internationales portées par le Maroc. Le projet du « Processus de Rabat » pour les pays africains bordant l’océan Atlantique en est un exemple : une initiative civilisationnelle basée sur une solidarité géopolitique nouvelle, permettant à ces pays de reconquérir leur espace maritime et de transformer la façade atlantique africaine en un centre de stabilité et de développement.
Dans le même esprit, le projet du gazoduc Afrique-Atlantique est une réalisation majeure qui incarne cette vision, suscitant un grand intérêt international. Ce projet colossal constitue une réponse concrète aux défis énergétiques, économiques et climatiques, et illustre le visage innovant d’une Afrique intégrée dans l’économie mondiale.
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs,
Nous faisons face à une réalité géopolitique de plus en plus liée aux changements climatiques, qui affectent nos modes de vie, nos économies, remodèlent l’ordre international, et menacent la paix et la sécurité dans le monde.
Comme l’a souligné Sa Majesté le Roi Mohammed VI — que Dieu le préserve — le changement climatique est l’un des plus grands défis de l’humanité, constituant une menace non seulement pour l’environnement, mais aussi pour le développement économique et social, et pour la paix mondiale.
L’enjeu stratégique de l’eau se pose avec acuité. Le Maroc, confronté à une sécheresse structurelle, poursuit, sous l’impulsion royale, la mise en œuvre de politiques novatrices face au stress hydrique : transfert inter-bassins, dessalement, réutilisation des eaux usées, irrigation agricole économe, construction de barrages, etc.
Le Royaume a également réalisé d’importants progrès dans la transition énergétique, en misant sur les énergies renouvelables et sa capacité à faire face aux changements climatiques. Cela confirme l’importance du travail commun face aux défis environnementaux. Aucune nation, aussi puissante soit-elle, ne peut agir seule. Une action mondiale est nécessaire pour atteindre des objectifs communs.
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs,
L’intelligence artificielle s’est imposée en quelques années comme une révolution technologique redéfinissant nos économies et nos modes de vie. Si nous en percevons les immenses opportunités, nous en mesurons aussi les défis. L’intelligence artificielle ne doit pas devenir synonyme d’exclusion ou de discrimination, mais au contraire être un levier de progrès partagé.
Son déploiement dans des domaines clés — santé, éducation, agriculture — en fait un enjeu majeur. Le pari est devenu incontournable. Mais son adoption exige une refonte du marché du travail et une adaptation aux transformations qu’elle impose, tout en veillant à son usage éthique et responsable.
Le Maroc œuvre dans ce sens à travers sa stratégie « Maroc numérique 2030 ».
Madame la Présidente,
Le Maroc considère le sport comme un vecteur de paix, d’autonomisation, d’inclusion sociale, et un symbole de coopération internationale. L’organisation conjointe de la Coupe du Monde 2030 par le Maroc, l’Espagne et le Portugal est un événement d’envergure exceptionnelle, un outil de diplomatie culturelle et de rayonnement mondial, porteur d’un impact durable sur le développement humain, économique et social.
À travers cet engagement, le Maroc réaffirme, sous la conduite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, sa capacité à porter des projets ambitieux, mobiliser ses infrastructures et ses talents, et mettre en lumière l’image positive de l’Afrique sur la scène internationale.
Enfin, le Royaume du Maroc réaffirme son soutien au Secrétaire général des Nations Unies et à son envoyé personnel pour parvenir à une solution définitive au conflit régional autour du Sahara marocain. L’initiative d’autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine est l’unique solution réaliste, durable et crédible, soutenue par une majorité croissante de pays à travers le monde.
Sa Majesté le Roi Mohammed VI a souligné dans son dernier discours du Trône l’engagement du Maroc à trouver une solution consensuelle, sans vainqueur ni vaincu, qui préserve la dignité de toutes les parties.
Le monde est témoin que la question du Sahara marocain est à un tournant historique : une majorité écrasante de pays membres des Nations Unies soutient aujourd’hui l’initiative marocaine, dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Royaume. Sur le terrain, la réalité est claire : le Sahara est devenu un espace dynamique de développement, grâce au modèle économique des provinces du Sud et aux initiatives royales atlantiques. Il s’affirme désormais comme une plateforme stratégique au service de la paix, de la sécurité et du développement partagé.
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs,
Après 80 ans, les objectifs de l’ONU restent plus que jamais d’actualité. Toutefois, les mutations du monde exigent de dépasser la simple gestion des crises pour aller vers leur anticipation, leur désamorçage, et la construction de solutions durables.
Quelle que soit la nature ou l’ampleur des défis, notre responsabilité collective impose la solidarité pour en faire un destin partagé et œuvrer à des solutions globales, équitables et inclusives.
Je vous remercie.