Ce vendredi, les Marocains ont été agréablement surpris.
Très agréablement surpris, même. Puis heureux. Puis apaisés. Puis confiants.
Le poids de l’anxiété accumulée au fil de cette folle semaine s’est lentement dissipé, scroll après scroll, story après story, à mesure que défilaient les visages et les commentaires sous les vidéos estampillées des logos de 2M et de Medi1 TV.
C’est probablement la première fois depuis septembre 2021 que le pôle public de la télévision semble s’adresser aux Marocains — sans artifices, sans slogans, sans ces tournures convenues qui aseptisent la réalité.
Une parole simple. Claire. Humaine.
Comme si les événements GenZ212 avaient libéré, au-delà des rues, les ondes.
Comme si la télévision nationale, longtemps confinée dans la prudence, s’était soudain souvenue de sa mission première : raconter le Maroc aux Marocains.
La libération du ton
On a vu à l’écran des journalistes simplement redevenir vrais. Ce n’était plus une télévision du gouvernement Akhannouch, c’était une télévision de citoyens. Leur ton, leur regard, leur souffle : tout sonnait juste.
Ils semblaient, eux aussi, respirer pour la première fois depuis quatre ans. Comme si un verrou invisible venait de sauter, celui de la peur de déplaire, celui de l’emprise psychologique de Akwa SA, ce nom que les Marocains donnent désormais au pouvoir fusionné du gouvernement Akhannouch et de sa holding.
Une héroïne, un flegme et un point sur une ligne qui a bougé
Sanaa Rahimi. Un nom des médias qui, en une soirée, est devenu celui de l’héroïne des Marocains, en révélant à l’antenne la débandade des ministres du gouvernement Akhannouch, incapables de répondre aux questions urgentes du moment. Elle a mis des mots sur ce que le pays ressentait tout bas : l’absence de voix là où la parole était la plus attendue.
Face à Hamza Elfadil, journaliste de la nouvelle génération et créateur de l’un des podcasts politiques les plus suivis du pays, elle a su créer un moment de télévision, un moment de vérité, qui semble avoir réconcilié la chaîne d’Aïn Sebaâ avec les Marocains.
Concomitamment, sur un autre signal, celui de Medi1 TV, un autre journaliste, Nouafal Alawamleh, recevait la langue de bois en personne : le porte-parole du gouvernement.
Calme, précis, maître de ses émotions, Alawamleh a tenu tête avec élégance et professionnalisme aux attaques, de l’envoyé d’Akhannouch, sans jamais perdre son flegme.
Il ne s’est pas défendu : il a tenu la ligne.
Il a simplement rempli sa mission : informer avec impartialité, au service du public et du pays.
Et le souffle ne s’est pas arrêté là.
Même Dar El Brihi, longtemps considérée comme le sanctuaire de l’orthodoxie télévisuelle, a surpris par son audace et son ouverture.
Dans ses journaux, les reportages sur la GenZ212 se sont multipliés, neutres et factuels. L’écran national transmettait l’appel de la rue.
Sur Al Aoula, Sabah Bendaoud a été la première à baliser le terrain, à aborder avec tact et rigueur les sujets sensibles liés aux manifestations des jeunes et à leurs revendications.
Dans son émission « Point sur la ligne », elle a ouvert le débat avec calme et précision, sans emphase ni provocation.
Un moment sobre, presque fondateur, où Al Aoula affirme sa vocation première : porter la voix du pays.
Le besoin d’une voix nationale
Les Marocains sont inquiets, mais lucides.
Ils ne cherchent ni polémique ni spectacle : ils veulent être rassurés, représentés.
Ils veulent une télévision qui parle leur langue, des journalistes qui traduisent leur inquiétude en clarté, leur colère en décence, leur silence en sens.
Ce vendredi, le pays s’est redécouvert à travers son écran.
Non pas une télévision d’apparat, mais une télévision du lien.
La force tranquille des institutions
Cette séquence, montre la beauté de la puissance tranquille du Royaume.
Ses institutions, parfois silencieuses, savent retrouver leur équilibre quand la parole dévie.
Elles corrigent sans fracas, recadrent sans menacer, réaffirment l’essentiel : le Maroc est un pays de mesure, de respect, de continuité.
Et quand la voix du peuple traverse enfin les micros du service public, c’est la souveraineté narrative du Royaume qui se remet à battre.