Le Front Polisario a officiellement reconnu, mardi 7 octobre, l’authenticité d’un document interne révélant l’enlèvement de plusieurs travailleurs chinois sur le site minier de Gara Djebilet, dans le sud-ouest de l’Algérie.
Dans une brève déclaration, le mouvement séparatiste a annoncé l’arrestation d’un de ses membres soupçonné d’avoir participé à l’attaque, sans préciser le sort des otages ni les circonstances exactes de l’opération.
Une attaque contre un chantier stratégique
Selon le document daté du 6 octobre 2025 et signé par un représentant du « ministère de la justice » du Polisario, un groupe armé a intercepté, la veille vers 14 heures, un véhicule appartenant à la société China Railway Construction Corporation (CRCC), chargée de construire la ligne ferroviaire reliant la mine de Gara Djebilet au réseau national.
L’incident se serait produit à proximité de Bir El-Mahchouda, dans les camps de Tindouf, où pâtissent les populations prises en otage, et aurait conduit à la disparition de plusieurs employés chinois, ainsi qu’à la saisie d’un véhicule utilitaire de type Toyota Hilux.
L’exploitation du gisement de Gara Djebilet, considéré comme l’un des plus vastes d’Afrique, constitue un projet central de la coopération économique sino-algérienne. Estimé à plusieurs milliards de dollars, ce chantier vise à faire de l’Algérie un exportateur régional de minerai de fer. Sa sécurisation est un enjeu majeur pour Alger, qui y voit un symbole de son rapprochement économique avec Pékin.
Une reconnaissance embarrassante pour Alger
La reconnaissance du Polisario survient après la fuite d’un document judiciaire attribué au mouvement séparatiste largement diffusé sur les réseaux sociaux. Ce texte mentionnait déjà la mobilisation des « services de sécurité et des unités militaires » du Polisario pour retrouver les auteurs de l’enlèvement.
Sous la pression médiatique, l’organisation terroriste a confirmé la véracité du document et indiqué avoir procédé à une arrestation parmi les assaillants présumés.
Aucune réaction officielle n’a été enregistrée du côté algérien. Mais cet épisode soulève de vives interrogations : comment un groupe armé lié au Polisario a-t-il pu attaqué sur un site industriel hautement stratégique, sous la barbe de la fameuse armée nationale populaire ?
Pour de nombreux observateurs, cette affaire met en lumière la porosité sécuritaire de la région de Tindouf, où les groupes terroristes exercent un contrôle de fait depuis plusieurs décennies.
Pékin observe avec prudence
Les autorités chinoises n’ont pas encore commenté publiquement l’incident, mais selon une source diplomatique à Alger, l’ambassade de Chine suit de très près la situation.
La Chine, qui déploie des milliers de travailleurs sur le continent africain, se montre particulièrement sensible à la sécurité de ses ressortissants. Toute atteinte à l’intégrité de ses employés est susceptible d’avoir des répercussions diplomatiques immédiates.
Pour Pékin, Gara Djebilet symbolise le potentiel de sa coopération industrielle avec l’Algérie.
Un incident de cette nature pourrait amener les entreprises chinoises à revoir leurs investissements dans le pays.