Le président américain a qualifié Madrid de «mauvais élève» de l’Alliance, après le refus du gouvernement Sánchez d’adhérer au nouvel objectif de 5 % du PIB consacré à la défense.
Lors d’une conférence de presse conjointe avec le président finlandais Alexander Stubb, jeudi 9 octobre, Donald Trump a suggéré que l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) pourrait «envisager de se séparer de l’Espagne», en raison du refus de cette dernière de porter ses dépenses militaires à 5 % du produit intérieur brut.
« Nous avons un seul retardataire : l’Espagne. Il faut leur demander pourquoi », a déclaré le président américain, avant d’ajouter : « Peut-être faudrait-il tout simplement les exclure de l’OTAN, franchement. »
Le chef de la Maison Blanche a salué, à l’inverse, les efforts consentis par la Finlande, qui a nettement augmenté ses budgets militaires depuis son adhésion à l’Alliance, en 2023, à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine. « Vous, vous avez été formidables. L’Espagne, non. »
Une cible controversée : 5 % du PIB pour la défense
L’OTAN a adopté, lors de son dernier sommet à La Haye en juin 2025, un nouvel objectif collectif de 5 % du PIB consacré à la sécurité et à la défense, dont 3,5 % pour les dépenses militaires stricto sensu et 1,5 % pour les investissements de sécurité élargie.
La mesure, ardemment soutenue par Washington, a été présentée par Donald Trump comme un “nouveau standard” destiné à “garantir la suprématie stratégique du monde libre”.
Tous les membres de l’Alliance ont accepté ce seuil, à l’exception de l’Espagne, qui a négocié une clause dérogatoire. Madrid s’est engagée à atteindre 2,1 % du PIB, invoquant des contraintes budgétaires et la nécessité de préserver ses priorités sociales.
Avec 1,2 % du PIB consacré à la défense en 2023, selon les chiffres de l’OTAN, le pays demeure le plus faible contributeur de l’Alliance.
Une menace sans précédent
Si les critiques américaines sur le “partage du fardeau” ne sont pas nouvelles, l’idée d’exclure un membre est sans précédent. Le traité de Washington, fondateur de l’OTAN en 1949, ne prévoit aucun mécanisme d’expulsion, et les engagements de dépenses y sont purement politiques.
En s’en prenant publiquement à l’Espagne, Donald Trump prolonge la ligne de fermeté qu’il défend depuis sa première présidence (2017-2021), lorsqu’il exigeait déjà des alliés qu’ils respectent le seuil de 2 %.
Cette nouvelle escalade rhétorique, à quelques mois de la présidentielle américaine de 2026, vise autant à mobiliser son électorat sur la question du leadership américain qu’à rappeler à l’Europe sa dépendance stratégique.
Encadré — L’Espagne, un partenaire en marge
- Dépenses de défense (2023) : 1,18 % du PIB (OTAN)
- Objectif officiel de Madrid : 2,1 % d’ici 2028
- Objectif OTAN (2025) : 5 % du PIB (3,5 % militaires + 1,5 % sécurité)
- Position du gouvernement Sánchez : participation “pleinement engagée” aux opérations de l’Alliance, mais refus d’un “objectif irréaliste”
- Statut au sein de l’OTAN : membre depuis 1982, aucune procédure de suspension prévue