Il y a 5 ans, le Maroc annonçait son premier cas confirmé de Covid

Lundi 2 mars 2020. Alors que le pays espérait quelques jours plus tôt échapper à la pandémie du coronavirus, le Maroc déclare son premier cas de Covid-19 par le biais du ministère de la Santé rejoignant ainsi la liste grandissante des pays frappés par ce virus dont on ne connait alors que peu de choses. Il s’agit d’un ressortissant marocain résident en Italie. Cinq années se sont écoulées depuis lors…Reportage.

L’annonce se répand comme une traînée de poudre en mars 2020. L’étrange grippe connue sous le nom de nouveau coronavirus ravive les craintes dans de nombreux foyers. La peur s’installe au sein de la population y compris chez ceux qui doutaient encore récemment de son existence.

La pandémie dont les ravages raisonnaient déjà dans le reste du monde fait alors une irruption brutale dans la conscience collective des Marocains désormais contraints d’adopter un mode de vie inhabituel dans les espaces publics, les administrations, les lieux de travail, les salles de sport, écoles, universités, les hôpitaux, les mosquées… 

Ce qui paraissait n’être qu’une manipulation médiatique en quête de sensationnalisme, ou encore une distraction des dirigeants du monde accusés de vouloir contrôler la mobilité des populations, prend une tout autre tournure lorsqu’un premier décès lié au nouveau coronavirus est annoncé une semaine plus tard.

Craignant qu’elle ne s’aggrave davantage, des mesures strictes sont rapidement mises en place afin de freiner la propagation du virus : voyages soumis à conditions à l’étranger, durcissement des critères d’entrée sur le territoire national, limitation de la mobilité urbaine et interurbaine, contrôles des accès dans les commerces et supermarchés, port du masque obligatoire, barrages routiers, campagne de vaccination, quarantaines, réorganisation des rythmes de travail… Bref, un nouveau mode de vie s’installe accompagné de la pénurie de certains médicaments très recherchés dont la fameuse vitamine C.

5 ans après cette sombre période de la vie collective, Le1 est allé à la rencontre des citoyens issus de divers horizons qui nous livrent leurs souvenirs, leurs ressentis et les bouleversements qu’ils ont vécus dans leur vie familiale, dans l’espace public et dans les administrations.

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Hanane Belhaiba, artiste-peintre

Le confinement a démocratisé l’accès à l’art tant pour le public que pour les artistes eux-mêmes

« Durant la pandémie, nous, artistes, nous étions obligés de dépasser les structures traditionnelles, qui n’étaient pas toujours inclusives de toute façon, pour nous adapter à une communauté tournée vers le numérique et à accéder à de nouveaux publics. 

Les expositions virtuelles ont pris de l’ampleur et permis à de nombreux artistes locaux de s’ouvrir davantage aux créations de leurs contemporains étrangers et de partager les mêmes rendez-vous avec eux. Avec ce passage aux expositions en ligne et à la programmation virtuelle, les gens ne sont plus limités par la géographie, le coût ou le temps. De ce fait, on peut dire que le confinement a démocratisé l’accès à l’art autant pour le public que pour les artistes eux-mêmes. 

Durant cette période, je n’ai personnellement participé à aucune exposition virtuelle. Non par désintérêt, mais parce que le confinement a été pour moi une permission du dehors pour me concentrer sur mon travail. J’ai profité du temps très long qu’offrait le confinement pour peindre et créer. Ma pratique s’est  intensifiée de façon positive ».


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Van Silvère LOUBOTA, Ingénieur Commercial

Au plus fort du confinement, la plupart de nos clients n’étaient pas préparés au Télétravail

« En tant qu’Ingénieur Commercial, la pandémie du Covid19 a eu un impact direct dans mon secteur d’activité car au plus fort du confinement, la plupart de nos clients n’étaient pas préparés au Télétravail. Nous avons dû davantage humaniser notre relation en abordant d’autres aspects liés à la sphère privée. Cela nous a permis de mieux connaître nos clients et donc, d’en être plus proches.

À titre personnel, j’ai eu l’opportunité de passer plus de temps avec ma famille et de renouer avec la cuisine »


 

Pr Mouloud

Mouloud Abdelkader, professeur de langue italienne

Faute d’équipements adaptés, beaucoup d’étudiants éprouvaient des difficultés à suivre les cours en ligne

« Pour les enseignants et surtout les étudiants, la pandémie de Covid a été dévastatrice. Nous n’étions pas préparés et donc nous ne savions pas quoi faire, sinon attendre, attendre et attendre. 

La situation s’étant révélée bien plus grave, nous avions dû adopter la fameuse didactique à distance : une approche inédite qui a laissé des traces profondes, notamment chez les étudiants qui ayant obtenu une licence ou soutenu un projet de fin d’études sans jamais avoir mis les pieds à la faculté ni rencontré leurs professeurs. Pour ceux qui portaient haut les valeurs de l’enseignement universitaire, ce fut une épreuve particulièrement difficile.

A cause du confinement les étudiants étaient devenus injoignables, beaucoup d’entre eux n’ayant pas communiqué leur adresse e-mail à l’administration. De plus, nombreux vivaient dans des zones non couvertes par le réseau internet, certains ne disposaient ni de PC, ni de tablette, ni même de téléphone dit « intelligent ». Et quand bien même ils en avaient, beaucoup ne pouvaient se permettre de le recharger pour suivre les cours. On a dû improviser, encore et encore.

Nous avons souffert de l’absence des étudiants, avec qui nous pouvions interagir. Le tableau, le contact direct, le simple fait de se salir les mains en écrivant… tout cela nous manquait énormément. Mais en tant que professeur, rien ne pourra jamais remplacer l’enseignement en présentiel ».


G.N

G. N, Technicienne de laboratoire

Nous enchaînions sans relâche les analyses liées au Covid

« La période du Covid a été, pour le dire de manière familière, une période complètement folle pour nous. Parce que nous étions débordés par les analyses liées au Covid. Que ce soit la PCR ou la sérologie, ce n’était vraiment pas facile.

Il a donc fallu redoubler d’efforts, et parfois, nous n’étions pas assez nombreux parce qu’il fallait fonctionner en équipes alternées de 15 jours. Une équipe travaillait pendant que l’autre était en isolement, souvent parce qu’elle avait été exposée ou était tombée malade. Bien que nécessaire, ce roulement était très difficile à gérer. Du matin jusqu’au soir, on enchaînait sans relâche.

On rentrait chez nous épuisés, parce que des centaines de patients défilaient chaque jour. Le laboratoire étant accrédité pour faire les tests de coronavirus, il y avait encore plus de pression.

Une fois rentrée chez nous, on avait cette inquiétude constante, cette peur de contaminer nos proches. C’était une période extrêmement stressante, remplie d’anxiété.

Par la grâce de Dieu, on s’en est bien sortis ».


 

Mohamed Mouftakir

Mohamed Mouftakir, réalisateur du court-métrage « Confinement »

J’avais tout le temps nécessaire, tel un enfant en vacances

« Lors du confinement en 2020,  j’ai réalisé mon court-métrage « Confinement »,  filmé en noir et blanc. A la base, c’était une commande. Et moi, qui ai horreur des commandes, j’ai voulu transformer cette contrainte en un acte de liberté créatrice. Je me suis approprié la commande et le thème et j’en ai fait miens. C’est en personnalisant toute cette démarche que j’ai obtenu ce résultat : partir de moi-même vers l’autre et pas le contraire. Vous savez, l’artiste est sans doute l’unique personne qui a su/ pu garder l’enfant vivant en lui. Il est un homme-enfant. Picasso l’a si bien formulé, «c’est très difficile de peindre comme un enfant». 

J’ai conçu ce projet comme un enfant qui joue avec son téléphone portable. Pas de scénario, pas d’idée directrice. Je me réveillais le matin et je commençais à jouer avec mon cellulaire, je découvre des choses au fur et à mesure avec ce petit engin. Et comme c’était lors du Ramadan et du confinement, j’avais assez de temps, comme un enfant en vacances ».


Teddy Patou

Teddy Patou, animateur radio 2M

Il était essentiel de maintenir une forme d’espoir chez nos auditeurs

« La période du coronavirus à la radio a été vécue comme dans presque tous les autres corps de métier, à ceci près qu’elle a été un tout petit peu différente chez nous, parce que nous faisons partie de ce qu’on appelle le secteur essentiel. Donc, nous n’avons pas eu recours au télétravail autant que d’autres : nous étions contraints d’être présents à la radio. Cela a entraîné de nombreux changements dans la programmation, nous avions espacé nos éditions de 30 minutes à une heure, voire une heure trente afin de limiter la présence simultanée de l’équipe en rédaction. Il fallait aussi respecter la distanciation sociale et toutes les autres mesures mises en place.

Certes, beaucoup d’émissions ont été suspendues pendant cette période, mais malgré toutes les difficultés, il était essentiel de maintenir une forme d’espoir, de dire aux gens que demain irait mieux, et de leur rappeler qu’au-delà de la maladie, nous avions encore une certaine joie à exprimer. C’est pourquoi j’ai poursuivi mon émission durant toute cette période et suis même intervenu à l’antenne en tant que journaliste.

Au-delà des murs de la radio, la vie était compliquée. C’était une période où nous sommes devenus presque « associables » – et j’utilise ici un néologisme volontaire. On ne pouvait plus voir les amis, on était très isolés. Je me souviens que lorsque j’ai moi-même été contaminé, ce fut la période la plus difficile. Non seulement à cause de la maladie, mais surtout en raison du manque de chaleur humaine, de l’absence de ce tissu social et de ce lien avec les autres qui, malheureusement, ne pouvaient plus vivre normalement.

Oui, il y a eu de la solitude, bien au-delà du cadre professionnel. Et c’est peut-être là que la radio a pris encore plus de sens ».


Mohammed K, journaliste rédacteur

Nous travaillions en alternance pour limiter les brassages dans nos salles

« Toutes les dispositions avaient été prises pour éviter que le virus se répande dans nos différents services. Outre le port obligatoire du masque et les mesures strictes que nous devrions respecter, l’équipe de rédaction avait été scindée en deux groupes travaillant en alternance afin de réduire au maximum les contacts et les risques de contamination. 

La situation sanitaire s’aggravant, toute l’équipe a dû passer au travail à distance pendant de longs mois. Seule une équipe restreinte assurait les tâches nécessitant une présence physique.

Mais pour moi qui suis un passionné de football et habitué des cafés, cette période a été un cauchemar. En revanche, j’étais heureux de pouvoir passer de longues journées en famille. Ce qui n’était arrivé que rarement ».


DG Epson

Ilias El Azzaoui, Directeur Général d’Epson Afrique Francophone

La crise a été un accélérateur de transformation digitale au sein de notre entreprise

“Dès les premières semaines de la crise du Covid-19, nous avons mis en place des mesures rigoureuses pour garantir la sécurité de ses collaborateurs, tout en assurant la continuité de ses activités. Le télétravail — une approche déjà partiellement adoptée auparavant — a été généralisé dans les différents services, chaque fois que cela était possible, que ce soit au sein du hub régional basé au Maroc ou dans les autres sites de l’entreprise à travers le monde.

Des protocoles sanitaires stricts ont été appliqués dans les sites de production et logistiques, et une communication interne transparente a permis de maintenir la cohésion des équipes.
La crise a également été un accélérateur de transformation digitale au sein de notre entreprise, avec une adoption renforcée des outils collaboratifs et une refonte de certains processus internes.

Du côté RH, un accompagnement accru du bien-être au travail et de la santé mentale a été mis en œuvre, à travers des dispositifs de soutien et de formation à distance”.

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