Bouteflika et l’Algérie humiliés par la mafia au pouvoir

Paraplégique, muet et extrêmement diminué, Abdelaziz Bouteflika a été officiellement déclaré candidat aux présidentielles de 2019 par ses «geôliers», les membres de l’Instance de coordination de l’Alliance présidentielle qui regroupe le FLN, le RND, le TAJ et le MPA. Une décision qui non seulement humilie la carrière et la mémoire de l’homme politique qu’était Abdelaziz Bouteflika mais également l’ensemble du peuple algérien ainsi que la mémoire des 1,5 millions de martyres tombés en luttant pour leur indépendance et leur dignité.

L’Algérie est devenue la risée des commentateurs et des observateurs du monde entier. La décision scandaleuse de l’Instance de coordination de l’Alliance présidentielle de présenter Abdelaziz Bouteflika aux élections présidentielles du 18 avril prochain, jette le discrédit sur toute la classe politique algérienne et sur l’ensemble du processus électoral.

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Le peuple algérien, réduit au silence depuis la décennie noire et la guerre civile des années 1990, et qui a coûté la vie à plus de 60.000 algériens dans des circonstances les plus douteuses, commence à se libérer du diktat d’un régime qui vacille. Après l’appel au boycott des élections lancé par l’opposition, plusieurs localités algériennes commencent à investir les rues pour crier leur colère. Des manifestations durement réprimées par un régime décomposé, divisé est décrédibilisé. « Je parle en ma qualité de représentant de l’Etat. On ne laissera pas l’opposition occuper la rue. L’Etat a prouvé à plusieurs reprises sa capacité à contrôler la situation », a menacé cette semaine le premier ministre algérien Ahmed Ouyahia, ancien directeur du Cabinet de Bouteflika et homme fort de l’Instance de coordination de l’Alliance présidentielle.

Crise économique, scission au sein de l’armée, ingérence internationale, menaces terroristes, l’Algérie au bord de l’implosion

L’Algérie a connu durant les quatres dernières années crise économique sans précédent, principalement dûe à la baisse des cours des hydrocarbures qui a mis à nu la vulnérabilité et la dépendance de l’économie algérienne à la rente gazière. Les réserves algériennes en devises ont fondu comme neige, enregistrant en l’espace d’une année, la perte de près de 17 milliards de dollars. L’Etat algérien peine à payer les salaires des fonctionnaires et n’arrive plus à honorer ses créances envers les petites et moyennes entreprises menacées de banqueroute.

Au bord de la faillite et redoutant l’endettement extérieur, l’Etat algérien va enclencher la planche à billets une fois, puis deux fois puis trois fois en une seule année. La Banque centrale va ainsi créer artificiellement plus de 4.005 milliards de dinars, environ 30 milliards d’euros, soit l’équivalent de 19% du PIB !

Plusieurs économistes ont tiré la sonnette d’alarme contre les dangers de cette stratégie qui ne fait que retarder l’échéance d’une faillite d’û Etat incapable de mener les réformes structurelles nécessaires pour combler le déficit budgétaire abyssal.

Par ailleurs, un évènement majeur va plonger l’Algérie dans le gouffre de l’incertitude. En mai 2018, la découverte de quelque 700 kg de cocaïne dans le port de la ville d’Oran, impliquant des hauts gradés de l’armée nationale algérienne, va donner lieu à une série de purges sans précédent dans les rangs de l’ANP. Une douzaine de généraux très haut placés ont été démis de leurs fonctions depuis juin 2018. Le chef de l’armée de terre, le général Ahcène Tafer et le chef de l’armée de l’air, le général Abdelkader Lounès, ont rejoint la longue liste des destitués, rapportait RFI dans son édition du 19 septembre 2018. Une purge que les «geôliers» ont attribuée à leur otage, le président paraplégique Abdelaziz Bouteflika. L’objectif de cette chasse aux sorcières était de se prémunir contre un éventuel coup d’Etat car ils projetaient déjà à faire réélire le pauvre Bouteflika pour un cinquième mandat, ce qui n’était pas du goût des militaires.

Mais pour achever son plan, le tortionnaire régnant sur Présidence algérienne, le vice-roi et frère du chef de l’Etat, Saïd Bouteflika, l’allié des oligarques, se devait d’éliminer de son chemin le chef d’état-major, le général Gaïd Salah. Said Bouteflika va tenter le renvoi pur et simple du patron de l’armée, via un décret présidentiel, mais la manoeuvre échoue magistralement, grâce à l’appui de patrons de la gendarmerie et les responsables du renseignement militaire fidèles à leur général. Gaïd Salah va vite réagir et s’envolera illico presto à Abu Dhabi pour demander l’appui de Mohammed Ben Zayed qui lui tendra la main et le fera savoir au monde entier en l’invitant à participer à ses côtés aux festivités de la 47ème Journée Nationale des Emirats Arabes Unis. Un rare privilège !

Ces graves événements ont ébranlé l’armée, colonne vertébrale du régime algérien, mais aussi le tissu économique et social algérien et ont fragilisé davantage l’image du pays sur la scène internationale. Une situation qui a ouvert l’appétit aux puissances étrangères pour s’immiscer davantage dans les affaires internes du pays. D’autant plus que le régime algérien semble ne plus pouvoir maintenir l’équilibre entre les camps de l’Est et de l’Ouest. En effet, la compétition et l’adversité croissante entre Washington d’une part et Moscou et Pékin d’autre part, se fait au coeur des arcanes du pouvoir du régime algérien. Les oligarques, plus proches et plus fidèles à l’administration américaine se déchirent avec une armée algérienne entretenant historiquement des relations stratégiques avec la Russie et la Chine. De son côté, la France qui peine à garder son influence politique sur son ancien département, maintient la pression sur Alger, à travers une présence militaire active sur les territoires du sud et sud-est algérien, représentant des menaces sécuritaires, principalement au Sahel et en Libye

La candidature de Bouteflika, une honte pour toute l’Afrique

Alors que l’Afrique connaît une émergence économique certaine et que des quatre coins du continent des pays vivent des sursauts démocratiques et sociaux qui annoncent un avenir meilleur pour leurs populations respectives, ce mauvais feuilleton algérien sonne comme un très mauvais signal pour l’ensemble du continent. Des pratiques d’un autre temps qui n’ont plus lieu d’être, décrédibilisent tous les messages que l’Afrique se bat quotidiennement à installer dans un monde qui lui avait tourné le dos durant des siècles.

La voie empruntée par ceux qui dirigent aujourd’hui l’Algérie n’a d’autre issue que le chaos qui mettra en péril la stabilité de l’ensemble de la région. Et si le régime réussit encore à avoir un quelconque soutien de certaines puissances, fermant les yeux sur cette mascarade électorale, nul n’est dupe pour deviner que les contreparties financières et géopolitiques hypothèqueront l’indépendance économique et politique du peuple algérien pour les cinquante prochaines années.

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