L’Éthiopie au bord de l’implosion, Addis Abeba face à l’inconnu

L'Ethiopie se dirige droit vers un état de déstabilisation totale. Au lendemain de la démission du Premier ministre, Hailemariam Dessalegn, et l’arrestation des principaux dirigeants de l'opposition, les autorités éthiopiennes ont décrété l’état d’urgence. Plusieurs manifestations ont éclaté dans le pays et  risquent de se multiplier. Addis Abeba, siège de l’Union africaine, est menacée de troubles graves.

L’arrestation de deux figures phares de l’opposition éthiopienne, Merera Gudina et Bekele Gerba, a mis les feux aux poudres. Les deux dirigeants d’Oromo, influent Congrès fédéraliste, a suscité une vague de protestations dans le pays et entraîné une vive répression.

Lors du dernier épisode protestataire, il y a quelques mois, et qui a également donné lieu à l’instauration de l’état d’urgence,  plus de 20 000 personnes ont été mises à l’arrêt.

Cette impasse politique affrontée par la manière forte par les autorités inquiète profondément les chancelleries en poste à Addis Abeba. La capitale éthiopienne est également la capitale de l’Union africaine et abrite des milliers de diplomates et hauts fonctionnaires qui se retrouvent otages d’une situation politique compliquée et tendue. Les missions diplomatiques ont ainsi mis en garde contre d’éventuels abus des pouvoirs de la part des services de sécurité.

La capitale africaine, ainsi en effervescence, devrait en principe connaître une valse de réunions des pays membres de l’UA, pour remédier à la situation et éviter qu’elle n’empire au risque de bloquer la bonne marche des institutions de l’organisme panafricain. Mais rien de cela n’a eu lieu. Mis-à-part les chancelleries occidentales et à leur tête l’ambassade américaine à Addis Abeba, aucun pays africain n’a demandé ou convoqué une réunion d’urgence de l’assemblée générale de l’Union pour étudier une situation plus qu’explosive qui menace toute l’institution et non pas seulement le pays hôte.

Imaginons une crise pareille à Bruxelles, siège de l’Union européenne, des réunions de crise marathons se dérouleraient en discontinu pour parer à toute éventualité.

Le Maroc, nouveau membre du Conseil paix et sécurité de l’Union africaine, pourrait prendre par exemple l’initiative et convoquer une réunion d’urgence des instances ad hoc de l’organisation. On ne peut demeurer spectateurs alors que le pays qui abrite le siège de l’instance panafricaine par excellence est vit de graves troubles et est menacé d’implosion.

D’autre part, Jawar Mohammed, haut dirigeant d’Oromo installé aux États-Unis, a appelé le gouvernement éthiopien à libérer les détenus politiques à défaut de quoi «une action nationale d’envergure» sera menée dans le pays. Il a accusé les autorités fédérales d’avoir tué six civils dans la ville de Dembidolo, dans l'ouest du pays.

De son côté, le ministre éthiopien de la Défense, Siraj Fegessa, a détaillé les mesures de l’état d’urgence.  Outre l'interdiction des manifestations et des publications incitant à la violence, l'état d'urgence vise à interdire ce qui suit au risque de graves poursuites pénales :

  • Toute action en violation de la Constitution et de l'ordre constitutionnel, ou des activités qui menacent  la tolérance et l'unité du peuple, et tout lien de près ou de loin avec une entreprise terroriste ;
  • Toute entrave des services de transport, et toute détérioration des infrastructures et des institutions de développement ; toute entrave des activités des forces de l'ordre et toute tentative d'organiser des manifestations et des réunions non autorisées ;
  • Toute entrave du processus de l'enseignement scolaire et distribution des produits de base, des festivals culturels, publics et religieux. Interdiction formelle de promouvoir les agendas politiques.

Depuis quelques semaines, la capitale Addis Abeba, chef-lieu vit un grave déficit d’alimentation en eau potable, en électricité et une médiocrité des réseaux Internet et téléphoniques.

 

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