A l’ONU, Trump persiste et signe : «le coronavirus est un virus chinois»

Donald Trump a vivement attaqué la Chine mardi à l'Assemblée générale de l'ONU, illustrant le risque de "nouvelle guerre froide" qui menace la planète en pleine pandémie.

Avec AFP

«Les Nations unies doivent tenir la Chine pour responsable de ses actes» au début du Covid-19 et pour avoir «lâché cette plaie à travers le monde», a lancé le président des Etats-Unis, parmi les premiers à intervenir dans une vidéo enregistrée à l'ouverture de cette grand-messe diplomatique annuelle organisée de manière virtuelle en raison de la crise sanitaire.

Qualifiant une nouvelle fois le coronavirus de «virus chinois», une formule qui suscite l'ire de Pékin, il a accusé les autorités chinoises d'avoir, au début de l'épidémie, autorisé "les avions à quitter la Chine et infecter le monde".

«Le gouvernement chinois et l'Organisation mondiale de la santé, qui est quasiment contrôlée par la Chine, ont déclaré à tort qu'il n'existait pas de preuve de transmission humaine» du virus, a-t-il encore déploré depuis la Maison Blanche, justifiant ainsi le retrait des Etats-Unis de cette agence de l'ONU.

Le milliardaire républicain, dont la gestion du Covid-19 est très contestée - 200.000 morts aux Etats-Unis selon l'université Johns Hopkins - et semble plomber ses chances de réélection à la présidentielle du 3 novembre, a promis de «distribuer un vaccin» et «mettre fin à la pandémie» pour entrer «dans une nouvelle ère inédite de prospérité, de coopération et de paix».

Donald Trump a poursuivi son offensive anti-Chine sur le terrain environnemental et commercial.

La Chine n'a pas l'intention d'entrer dans une guerre froide

Egalement pré-enregistré, le discours du président chinois Xi Jinping ne permettait pas de répondre directement à son homologue américain. Mais son ambassadeur à l'ONU Zhang Jun s'est chargé de «rejeter» de manière outrée ces «accusations infondées».

«La Chine n'a pas l'intention d'entrer dans une guerre froide», a assuré le numéro un chinois dans son message, devant une vaste fresque de la Grande Muraille.

Sans citer les Etats-Unis, il a mis en garde contre «le piège d'un choc des civilisations», appelant à ne pas «politiser» la lutte contre le coronavirus et à «en finir avec la mentalité des blocs et des jeux à somme nulle».

Mais il s'est surtout attardé sur une longue défense de sa gestion de la pandémie, se présentant même en exemple pour le reste du monde.

Face à ce climat qui électrise les relations internationales, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres avait lancé au préalable un avertissement inquiet contre une "grande fracture" entre les "deux plus grandes économies".

«C'est une direction très dangereuse», a-t-il prévenu au sujet de la rivalité sino-américaine croissante. Le monde doit tout faire «pour éviter une nouvelle Guerre froide», a-t-il martelé à la tribune d'un hémicycle clairsemé au siège de l'ONU à New York.

Antonio Guterres a aussi réitéré son appel à un «cessez-le-feu mondial d'ici la fin de l'année», alors que les zones de conflit et de tensions restent nombreuses malgré l'urgence sanitaire.

Une Assemblée générale sans précédent qui s'ouvre

Sur ce front, le président turc Recep Tayyip Erdogan a donné quelques gages en appelant à un «dialogue sincère» pour résoudre le conflit qui oppose la Turquie à la Grèce et l'Union européenne en Méditerranée, tout en rejetant tout «harcèlement» visant Ankara.

Donald Trump s'est lui présenté en «faiseur de paix», une semaine après la signature à la Maison Blanche d'accords historiques entre Israël et deux pays arabes du Golfe, les Emirats arabes unis et Bahreïn.

Aucun dirigeant n'a fait le déplacement -- un contraste saisissant avec les années précédentes qui voyaient plus de 10.000 personnes converger vers ce quartier de Manhattan transformé en bunker par la police.

Sur le site web de l'ONU, les discours des 193 membres, enregistrés souvent avec plusieurs jours d'avance, vont s'enchaîner pendant une semaine.

Cela «manque d'émotion», soupire Richard Gowan du centre de réflexion International Crisis Group. Et plusieurs diplomates de renchérir à l'unisson: sans bilatérales, sans «diplomatie sous la table», comment trouver des solutions, des compromis sur les conflits qui secouent la planète, améliorer les relations entre pays?

En 1945, l'ONU avait été créée pour que plus jamais le monde ne connaisse de conflit à l'échelle du globe. Une troisième guerre mondiale ne s'est pas produite mais la pandémie a mis à genoux la planète avec près d'un million de morts depuis fin décembre et un impact économique et social dévastateur.

Face à la crise et à des pays plus enclins aux décisions unilatérales qu'à favoriser le multilatéralisme, l'ONU a «manqué le rendez-vous» pour son 75e anniversaire, ont relevé de nombreux experts, et son Assemblée générale cette année en est l'illustration.

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