Malgré l'appel au boycott diplomatique de Joe Biden des JO 2022 de Pékin, les dirigeants des trois pays les plus riches du Moyen-Orient se sont envolés ce vendredi, afin d'assister à la cérémonie d'ouverture de ces jeux d'hiver. C'est le signe révélateur du malaise diplomatique entre l'administration Biden et les pays du Golfe. C'est également la manifestation de l'interdépendance des économies de ces pays avec celle de la Chine.
Les Etats-Unis ont appelé le 6 décembre dernier au boycott diplomatique envers la Chine pour les Jeux d’hiver 2022. Neuf pays ont suivi le mouvement et ont annoncé qu’aucun membre de leur gouvernement ne se rendrait à Pékin. Il s'agit du Royaume-Uni, l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, la Lituanie, le Japon, le Danemark et les Pays-Bas.
La Maison Blanche avait justifié ce choix en raison du « génocide et des crimes contre l’humanité en cours à Xinjiang ». Une cause partagé par l'alliance anglo-saxonne composée du Royaume-Uni, l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande.
Tokyo explique sa décision par le fait « qu'il est important que les valeurs communes partagées par la communauté internationale, telles que la liberté, les droits de l’Homme et l’État de droit, soient également respectées en Chine». Copenhague dénonce pour sa part la situation des droits humains dans le pays. Quand à Amsterdam, elle évoque la situation épidémiologique.
Tibet, Ouïghours, Mongolie, Hongkong et Taïwan, les griefs de Washington
En réaction à l'annonce des pays sus-cités du boycott diplomatique des Jeux olympiques d'hiver de Pékin, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin a menacé qu'ils «en paieraient le prix». Il a accusé les États-Unis d'utiliser les JO 2022 à des fins de manipulation politique et a promis de prendre des «contre-mesures résolues».
«Le recours des Etats-Unis, de l'Australie, du Royaume-Uni et du Canada à la scène des Jeux olympiques à des fins de manipulation politique est impopulaire et revient à s'isoler soi-même. Ils paieront inévitablement le prix de ce mauvais coup», a promis Wang.
«Le sport n'a rien à voir avec la politique. Les Jeux olympiques sont un grand rassemblement d'athlètes et d'amoureux des sports, pas une scène pour que les politiciens se donnent en spectacle», a-t-il ajouté.
Il est à noter qu'une coalition des groupes de défense des droits des Tibétains, des Ouïghours, des Mongols du Sud, des Hongkongais et des Taïwanais s'est constituée pour composer une campagne digitale anti-JO : #NoBeijing2022.
Emmanuel Macron a voulu impliquer l'Europe mais a échoué
Le président français Emmanuel Macron avait tenté dès les premiers jours de l'appel au boycott de Biden de se cacher derrière l'Europe. « Avec les partenaires européens et en lien avec le Comité international olympique (CIO), on verra la décision qu’il convient de prendre dans les prochaines semaines », a-t-il dit lors de sa conférence de presse consacrée à la présidence française de l’UE. «Je pense qu’il ne faut pas politiser ce sujet surtout si c’est pour prendre des mesures toutes petites et symboliques » a-t-il souligné.
Et comme l'Union n'est plus que l'ombre d'elle même et aux premiers signes d'hésitation de quelques capitales, Macron pousse son ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, Jean-Michel Blanquer, de prendre rapidement position contre le boycott. «Il n’y aurait pas de boycott diplomatique de la France » a-t-il affirmé. Il annonce qu'il n'allait pas se déplacer à Pékin, mais enverrait, Roxana Maracineanu, la ministre déléguée aux Sports.
MBZ, MBS et TBH répondent présents à l'invitation de Xi Jinping
Ils ont tous décollé ce vendredi matin pour Pékin pour assister à la cérémonie d'ouverture des JO 2022 aux côtés de l'empereur du commerce mondial, Xi Jinping.
Mohammed Ben Zayed, au delà des solides relations économiques qu'il entretient avec la Chine, a une dent contre le successeur de Donald Trump. Et pour cause, Biden préfère «dealer» avec l'Emir du Qatar au point de le désigner «allié majeur» de l'Otan, un statut refusé aussi bien pour les E.A.U que l'Arabie saoudite.
Mohammed Ben Salmane, plus docile que son allié MBZ, fait également les frais de l'inimitié des démocrates à son égard. N'ayant pas reçu le feu vert pour accéder au trône, il s'efforce de maintenir un équilibre diplomatique et commercial entre Pékin et Washington.
Quand à Tamim ben Hamad, TBH, le nouveau chouchou de Biden, il peut se permettre quelques libertés mais il sait pertinemment que la politique de la chaise vide donnerait l'occasion à son ennemi juré MBZ de manoeuvrer contre lui sur la scène internationale.