Emmanuel Macron a annoncé mercredi l’instauration d’un couvre-feu entre 21h00 et 06h00 dans neuf métropoles, dont la région parisienne, à partir de samedi et pendant au moins quatre semaines, afin de contrer la «deuxième vague» épidémique liée au nouveau coronavirus.
Reuters
Pendant 45 minutes sur TF1 et France 2, le chef de l’Etat a justifié ces mesures par la nécessité de contrer l’épidémie qui a fait plus de 33.000 morts dans le pays.
«Nous sommes dans une situation qui est préoccupante et qui justifie que nous ne soyons ni inactifs ni dans la panique», a-t-il dit. «Ce qu’on appelle le couvre-feu est une mesure qui est pertinente.»
Outre l’Ile-de-France, les métropoles concernées sont Grenoble, Lille, Lyon, Aix-Marseille, Montpellier, Rouen, Saint-Etienne et Toulouse.
Le président a jugé «utile» d’imposer ce couvre-feu jusqu’au 1er décembre, soit six semaines.
«Le gouvernement est en mesure de le décider pour quatre semaines. Nous irons devant le Parlement pour pouvoir essayer de le prolonger jusqu’au 1er décembre», a-t-il expliqué. «Si pendant six semaines nous tenons ce couvre-feu (…) à ce moment-là nous pensons que nous pourrons progressivement rouvrir. Je suis très prudent car l’expérience nous enseigne qu’on ne maîtrise pas tout.»
Jean Castex, le chef du gouvernement, tiendra jeudi à 14h00 (12h00 GMT) une conférence de presse au cours de laquelle il évoquera «l’application des mesures pour lutter contre le COVID-19» avec quatre de ses ministres.
L’objectif présidentiel affiché est de faire baisser le nombre de contaminations jusqu’à 3.000 à 5000 par jour au lieu de 20.000 actuellement grâce au triptyque «tester-alerter-protéger».
Afin de mieux tracer le virus, les tests seront améliorés et une nouvelle application, baptisée «Tous anti-Covid», sera présentée le 22 octobre. Elle remplacera l’application «Stop Covid», qui n’a pas donné les résultats escomptés.
La règle des six
Le couvre-feu vise notamment à limiter les moments de convivialité privés, considérés comme des «vecteurs d’accélération» du virus. Le président a d’ailleurs demandé aux Français de ne pas se réunir à plus de six et encouragé le télétravail, à raison de «deux ou trois jours par semaine» si possible.
En cas de non-respect du couvre-feu, les contrevenants seront punis d’une amende de 135 euros.
Il n’y aura pas de restriction dans les transports afin de permettre par exemple aux travailleurs de rentrer chez eux. Il sera possible de voyager d’une région à l’autre, a aussi précisé le président, alors que les vacances de la Toussaint débutent ce vendredi soir.
Pour faire face aux conséquences économiques de ce couvre-feu, le président a annoncé une réactivation des systèmes de prise en charge à 100% du chômage partiel et de prêts garantis par l’Etat pour différents secteurs : hôtellerie, cafés, restaurants, tourisme, événementiel, culture, sport.
«Dès vendredi, dans chacune de ces métropoles, on va relancer une concertation locale avec tous les métiers qui sont concernés et nous allons améliorer la réponse économique avec tous ces professionnels», a dit Emmanuel Macron. «Je ne veux pas que nos indépendants, nos TPE, nos PME ferment, tombent en faillite à cause de ce couvre-feu.»
Pour les Français les plus fragiles, Emmanuel Macron a annoncé une aide exceptionnelle de 150 euros, plus 100 euros par enfant, pour les bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA) et des aides personnalisées au logement (APL).
«On sortira de cela en étant une Nation plus résiliente», a conclu le chef de l’Etat. «Nous avons besoin les uns des autres. On s’en sortira ensemble».