Au 7e jour de mobilisation contre la réforme des retraites, le Premier Ministre français, Édouard Philippe, s'est exprimé ce mercredi midi, devant le Conseil économique, social et environnemental (CESE), sur les détails de la réforme des retraites. Une réforme qui va s'appliquer aux français nés après 1975 et elle signe, pour Edouard Philippe, «la fin des régimes spéciaux».
«Le temps est venu de construire un système universel de retraite», a lancé Édouard Philippe, mercredi midi. Le Premier ministre a présenté le contenu de la réforme des retraites, devant les membres du Conseil économique, social et environnemental (CESE), composé des représentants des partenaires sociaux. Évoquant un «nouveau pacte» social, Édouard Philippe a promis une réforme qui «refonde profondément les règles», «corrige les injustices», «s'adapte aux nouvelles trajectoires de carrières» tout en restant «fidèle» aux valeurs fondatrices du système créé au lendemain de la Seconde guerre mondiale.
Le projet de loi de réforme des retraites sera prêt à la fin de l'année, il sera soumis au conseil des ministres le 22 janvier et discuté fin février au Parlement.
Les annonces d'Édouard Philippe
- L'âge légal qui permet de partir à la retraite à compter de 62 ans "ne bougera pas". Mais "sans les y forcer, nous allons devoir inciter les Français à travailler plus longtemps", avec un système de bonus-malus centré autour d'un "âge d'équilibre" fixé à 64 ans. Cet âge entrera en vigueur en 2027.
- Ceux qui ont commencé à travailler à 20 ans ou ceux qui ont des "métiers usants" pourront partir "deux ans avant les autres". "La responsabilité, c'est certes travailler un peu plus, mais c'est aussi entendre les organisations syndicales qui nous demandent de protéger ceux qui ne peuvent pas travailler plus", a précisé Édouard Philippe.
- La fin des régimes spéciaux, "sans brutalité", mais avec "détermination et respect pour les organisations syndicales" : "Le temps du système universel est venu et celui des régimes spéciaux s'achève".
- Tous les Français, "sans exception", sont concernés par la réforme. Tous les Français auront "le même niveau de cotisation" sur "la totalité des revenus jusqu'à 120 000 euros". Le personnel politique, même les élus et les ministres, sera traité comme les autres Français.
- Une pension minimale de 1000 euros net par mois sera garantie "pour une carrière complète au Smic".
- Le niveau de retraite des enseignants sera "sanctuarisé" dans la loi : "Il serait inacceptable perdent le moindre euro de pension, compte-tenu de cette application ; cela ne se produira pas", a assuré Édouard Philippe. Il a promis, avant la fin du quinquennat et dès 2021, les "revalorisations nécessaires pour maintenir le niveau des pensions".
- Les policiers, pompiers, gardiens de prison et militaires garderont le bénéfice de dérogations d'âge sur le départ à la retraite, car ils sont "exposés à des fonctions dangereuses dans le cadre des missions régaliennes".
- Une majoration de 5 % par enfant sera accordé à la mère, sauf choix contraire des parents. 2 % supplémentaires seront accordés aux familles de trois enfants et plus. Les femmes seront "les grandes gagnantes" de la réforme a assuré le Premier ministre, garantissant un "système plus juste" pour ces dernières.
- Les plus riches paieront une cotisation de solidarité plus élevée qu’aujourd’hui. Sont concernés , les contribuables au-delà de 120 000 euros de revenus annuels. Cette cotisation financera des mesures de solidarité.
- La valeur du point d'indice sera fixé par les partenaires sociaux et le parlement. Un "signe de transparence" qui assure aussi que "la valeur des points acquis ne pourra pas baisser", elle sera indexée sur les salaires et plus sur les prix.
- La génération 2004 qui aura "18 ans en 2022" intégrera directement le nouveau système. "Nous avons choisi de ne rien changer pour celles et ceux qui sont à moins de 17 ans de leur retraite", a par ailleurs déclaré Édouard Philippe, expliquant que les Français nés avant 1975 "ne seront pas concernés" par la réforme.
- "Il n'y aura pas de hold-up" des réserves des professionnels libérales, assure Édouard Philippe. Ces réserves "resteront dans leurs caisses, et auront pour vocation à accompagner la transition vers le système universel. Il n'y a donc pas de hold-up, ni de siphonnage, (...) ce n'est pas notre projet."
La philosophie de la réforme
"Le temps est venu de construire un système universel de retraites", a répété le Premier ministre Édouard Philippe. "Nous proposons un nouveau pacte entre les générations, un pacte fidèle dans son esprit à celui que le Conseil national de la Résistance a imaginé et mis en oeuvre après-guerre", a-t-il poursuivi en soulignant avoir "écouté" et "entendu" les partenaires sociaux et l'ensemble des Français.