Avec la montée des populistes et des souverainistes au sein de l’Union européenne, le sentiment anti-islamique n’a jamais été aussi à fleur de peau. En France, et sur les 33 listes validées par le ministère de l’Intérieur, deux sont anti-islam. L’une est conduite par Renaud Camus, président du Conseil national de la résistance européenne et théoricien du « Grand remplacement » et l’autre par Vincent Vauclin.
Jamais au cours de l’expérience française des élections européennes, ce genre de liste ne s’était glissé parmi les candidats. La liste « La ligne claire » portée par Renaud Camus sera supporté par Karim Ouchikh, président du micro parti, Souveraineté, Identité et Liberté (SIEL). Cet ancien élu du FN aux élections régionales de 2015 en Île de France. La seconde liste anti-islam s’appelle « La reconquête ». Elle est dirigée par le leader identitaire controversé, Vincent Vauclin, Président du parti de «La dissidence française».
Rééditer « l’exploit » espagnol de 1492 en chassant les immigrés
Le nom choisi pour cette liste n’est pas anodin puisque les immigrés sont des colonisateurs et qu’il s’agit pour les Français de reconquérir leur territoire. Vincent Vauclin avait défrayé la chronique en mai 208 quand il avait comparé les immigrés à des insectes en disant : « Vous pouvez tuer chaque moustique un par un ». Si certains prétendent que leur « combat n’est pas seulement contre l’islam », il n’empêche que les précédents et les référentiels de ces listes ne laissent aucun doute sur leurs intentions. Pour enjoliver sa liste, Renaud Camus a mis en seconde position Fiorina Lignier, une étudiante éborgnée par un éclat de grenade lacrymogène lors de l’acte IV à Paris des gilets jaunes. Vincent Vauclin, lui, a recruté dans sa liste d’anciens conseillers régionaux du Front national, devenu depuis Rassemblement national. Se définissant comme nationaliste, Vincent Vauclin prône le retour des immigrés dans leurs pays d’origine.
Donc un parti musulman aurait obtenu l’homologation une semaine après la date limite alors que nous nous avons failli la manquer pour une coquille dans le nom d’un candidat ? Quelle meilleure preuve y aurait-il que les deux totalitarismes, remplacisme et islamisme, sont alliés ? https://t.co/isdY2SatHg
— Renaud Camus (@RenaudCamus) May 9, 2019
La montée du populisme sert la cause des islamophobes
L’apparition de ces deux listes sur le Journal officiel est surprenante car inédite. Il est d’usage que les élections européennes réunissent toutes les tendances, de l’alliance royale aux partisans de l’Espéranto, mais jusqu’ici aucune liste anti-islam n’est apparue. Si la moitié de ces listes n’auront pas les moyens d’imprimer et de diffuser leurs bulletins de vote, ils pourront néanmoins faire campagne à travers des clips et des affiches. Pour certaines petites formations, c’est en soi une grande victoire. Selon la loi, pour présenter une liste aux élections européennes, il suffit de réunir 79 électeurs en respectant la parité hommes-femmes et ne pas être condamné à une peine d'inéligibilité. Le 26 mai prochain, les Européens devront élire leurs représentants au Parlement de l’Union, ces listes anti-Islam arriveront-elles à percer ?
Vent de panique au Parlement européen
A la veille de ces élections, la panique s’empare du Parlement européen. Pour la première fois depuis 1979, la coalition entre le Parti populaire européen et les sociaux-démocrates va perdre sa majorité absolue au profit des populistes et des souverainistes. C’est ce que confirment les sondages. Ce n’est pas un hasard si Emmanuel Macron a désigné les « populistes » comme les adversaires de son projet européen, qui consiste à reproduire son exploit en France en Europe. Réussira-t-il à stopper la déferlante populiste ? Là est toute la question.