Les Palestiniens ont enterré mercredi leur négociateur chevronné Saëb Erakat, décédé du nouveau coronavirus à 65 ans, à un moment où l'élection de Joe Biden à la Maison Blanche esquisse le timide espoir d'une relance du processus de paix avec Israël.
Avec AFP
Le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui souffrait de problèmes pulmonaires, est décédé mardi dans un hôpital israélien de Jérusalem. Sa dépouille a ensuite été transférée vers un hôpital de Ramallah, en Cisjordanie occupée.
Des centaines de Palestiniens, portant pour la plupart un masque sanitaire sur le visage, sont venus lui rendre un dernier hommage mercredi après-midi lors de l'inhumation à Jéricho, ville de la vallée du Jourdain où il résidait.
Abbas Zaki, membre du parti laïc Fatah dont il était membre, a salué "un patriote courageux, qui a mené des missions difficiles". Des membres des forces de sécurité ont tiré 21 coups de fusil en son honneur, a constaté un journaliste de l'AFP.
Des personnalités politiques palestiniennes, parmi lesquelles le président Mahmoud Abbas et le Premier ministre Mohammed Shtayyeh, lui ont auparavant rendu hommage à la Mouqataa, siège de l'Autorité palestinienne à Ramallah, lors d'une cérémonie militaire qui a coïncidé avec le 16e anniversaire du décès de Yasser Arafat, leader historique de la cause palestinienne.
Sa dépouille est arrivée dans un cercueil recouvert du drapeau palestinien et entouré d'un cortège militaire.
Personnalité politique palestinienne parmi les plus connues à l'étranger, Erakat était le négociateur en chef des Palestiniens et avait participé à de nombreux pourparlers de paix avec Israël, actuellement dans l'impasse.
«La mort de Saëb Erakat marque la fin d'une ère, une ère pendant laquelle Israéliens et Palestiniens cherchaient à négocier une solution pacifique à leur conflit. Il incarnait cette ère, avec tous ces espoirs et toutes frustrations», a estimé Rob Malley, ancien conseiller des présidents américains Bill Clinton et Barack Obama et aujourd'hui président du centre d'analyse International Crisis Group (ICG), basé à Washington.
L'ancienne négociatrice israélienne Tzipi Livni, se disant «attristée», a salué mardi un homme ayant "consacré sa vie à son peuple".
Contactés par l'AFP, le président et le Premier ministre israéliens, Reuven Rivlin et Benjamin Netanyahu, n'ont pas commenté le décès d'Erakat.
Optimisme mesuré
«Ces dernières années, il avait beaucoup de désarroi et d'inquiétudes, comme nous tous», a déclaré à l'AFP Nour Odeh, analyste palestinienne, ayant conseillé le leadership palestinien au début des années 2000.
«Comme tous les Palestiniens, il ne fait aucun doute que Saëb se serait réjoui du départ de Donald Trump de la Maison Blanche», a-t-elle affirmé.
Reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël, soutien à la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée, parrainage de la normalisation entre Israël et des pays arabes: le président américain, Donald Trump, a multiplié durant son mandat les gestes de soutien envers l'Etat hébreu, poussant les Palestiniens à couper tout contact avec son administration.
Alors candidat, le démocrate Joe Biden avait indiqué qu'il comptait notamment reprendre les aides financières à destination des Palestiniens, mises à l'arrêt par M. Trump.
«Joe Biden n'est pas Donald Trump et nous nous attendons à de la raison et de la civilité à la Maison Blanche», a estimé Mme Odeh.
«Il y a un optimisme mesuré selon lequel l'administration Biden sera celle avec qui les Palestiniens pourront dialoguer», a-t-elle ajouté, avant de préciser: «Cela ne veut pas dire qu'on s'attend à ce que cette administration mette un terme au conflit» avec Israël.