Si Israël s'est permis un tel degré de violence à Gaza, inégalé depuis la deuxième guerre mondiale, ce n'est pas seulement à cause du parapluie américain. L'état hébreu a vu comment le monde est resté muet face aux carnages de la Syrie. Les bombardements de Raqqa, auxquels ont participé les Russes, les Iraniens, les Français et Bachar al-Assad avec ses bombes-barils, ont été d'une violence inouïe.
Aujourd'hui, quand Poutine, Nasrallah ou Khamenei s'expriment sur les atrocités israéliennes à Gaza, leurs discours sont empreints de cynisme, de manipulation et de récupération politique.
Le président russe Vladimir Poutine a récemment pris une position émotionnellement chargée sur la tragédie en cours dans la bande de Gaza, déclarant que seuls ceux avec un "cœur de pierre" pouvaient rester silencieux face à la catastrophe qui s’y déroule. Ces remarques, prononcées le même jour au discours «fiasco» de chef du Hezbollah, soulèvent une nuance importante lorsqu'on les met en parallèle avec l'action militaire russe et iranienne en Syrie, qui a également entraîné de lourdes pertes civiles.
Du Hezbollah aux Mollahs d'Iran, l'imposture de l'axe de la Moumanaa
La "Moumanaa", terme arabe désignant la "rétivité", est un stratagème stratégique mis en œuvre par le régime syrien depuis l'ère de Hafez el-Assad. Elle a pour objectif de maintenir le régime au pouvoir sous le prétexte de combattre Israël, tout en évitant réellement de s'engager dans ce combat.
Cette tactique a été également adoptée par l'Iran et plusieurs de ses alliés, tels que le Hezbollah au Liban, le Jihad Islamique en Palestine, les Houthis au Yémen, les forces du Hachd al-Chaabi en Irak, ainsi que le Polisario en Algérie.
En guise d'exemple, lors des conflits récents à Gaza, alors que les enfants palestiniens subissaient de lourdes pertes, les entités de l'axe de la "Moumanaa" se contentaient de mettre en scène leur soutien tout en menant des négociations secrètes avec les grandes puissances.
Pendant que la communauté internationale cherche à neutraliser le Hamas, qui disposerait de 15 000 missiles, le ministre des affaires étrangères iranien, représentant un pays suspecté de posséder une tête nucléaire, se promène librement à New York. Hassan Nasrallah, à la tête d'une organisation qui compterait plus de 150 000 missiles, a clairement annoncé que la guerre à Gaza est une affaire du Hamas. Quant au Polisario, il est accusé d'avoir attaqué des civils marocains et d'avoir tué un jeune homme de 23 ans sur le territoire marocain.
La compassion affichée par Poutine à l'égard des Palestiniens contraste avec les critiques internationales sévères sur le rôle de la Russie en Syrie. Les opérations militaires russes, officiellement menées pour soutenir le gouvernement de Bachar al-Assad contre les groupes rebelles et l’État Islamique, avec le soutien de l'Iran et de la France, ont été largement condamnées pour leur indifférence présumée au sort des civils syriens. Des accusations d'atrocités, y compris des bombardements aveugles et l'utilisation présumée d'armes interdites, ont terni l'image de la Russie comme un acteur respectueux des droits humains sur la scène internationale.
Poutine, leader du monde opprimé par l'empire américain
La déclaration de Poutine sur la situation à Gaza est perçue comme un effort pour se positionner comme un leader mondial empathique et soucieux des droits de l'homme. Cependant, cette posture peut être vue comme contradictoire au vu de la politique russe en Syrie et en Ukraine. La complexité surgit de la manière dont la Russie définit ses alliés et ses intérêts géopolitiques, souvent au détriment des mêmes principes qu'elle semble défendre ailleurs.
«Au lieu de punir les criminels et les terroristes après une attaque contre les civils d'Israël et d'autres pays, ils ont commencé à se venger sur le principe de la responsabilité collective» a déclaré Poutine ce vendredi.
L'engagement de la Russie au Moyen-Orient ne peut être interprété isolément de ses ambitions géopolitiques globales. En soutenant Assad, Poutine a affirmé l'influence russe dans une région stratégiquement vitale tout en permettant à l'Iran d'étendre son territoire d'influence. De même, sa position sur Gaza, n'est autre qu'un calcul visant à gagner des sympathies dans le monde arabe et à contrer l'influence des puissances occidentales, notamment des États-Unis et de leurs alliés, qui sont traditionnellement proches d'Israël. Il trouve dans le régimes des Mollahs d'Iran un allié providentiel pour faire pression les «Choke Points» de la région et combler le vide laissé par le désengagement américain.
La Russie a bien réussi de remplacer la France en Afrique centrale et de l'Ouest. Pourquoi pas les États-unis au Moyen-Orient.
Poutine a d'ailleurs déclaré pas plus loin que cette semaine : «Les élites américaines et leurs satellites sont les principaux bénéficiaires de l'instabilité mondiale, ils en tirent leur rente de sang. Les États-Unis veulent contenir et déstabiliser leurs concurrents en utilisant le chaos.»
Russie, Iran et l'Algérie mènent une politique des extrêmes commune
Les récents propos de Poutine concernant Gaza mettent en lumière la complexité et le double jeu russe des extrêmes.
Une posture qui rejoint celle d'Erdogan, qui, a construit grâce à la Tribune du Qatar, une réputation du Chef d'état providence, critiquant violemment Israël dans ses meeting transmis sur Al Jazeera, alors qu'en vérité il coopère étroitement avec Israël, notamment dans les domaines militaires et de renseignement.
De même, alors que le régime militaire algérien a soutenu durant ses dernières années le Hamas, il fournit des hydrocarbures en Israël durant sa guerre à Gaza tout en finançant ouvertement les actions considérées comme terroristes dans le Sahara marocain.
Dans ce chaos mondial, où la compassion devrait être une réponse universelle face à la souffrance humaine, les discours et les gestes doivent être conjointement analysés pour saisir la véritable stance d'un leader ou d'une nation.
Il est ainsi primordial de reconnaître que les stratégies politiques qui se cachent derrière des déclarations pleines d'empathie sont souvent embrouillées, reflétant une tentative d'équilibrer les intérêts nationaux, des ambitions hégémoniques avec la bien pensance.
Les seuls oubliés de l'Histoire seront ses milliers d'enfants écrasés par les bombes du complexe militaro-intellectuel.