Israël adopte une loi protégeant Netanyahu d’une destitution en dépit de la persistance des manifestations

Le Parlement israélien a adopté jeudi la première des lois qui constituent la réforme judiciaire controversée de Benjamin Netanyahu, alors que les manifestants qui s'opposent à ces changements ont organisé une nouvelle journée de manifestations visant à alerter sur ce qu'ils considèrent comme la descente du pays vers l'autocratie.

Cette motion permettrait d'éviter que le dirigeant israélien ne soit jugé inapte à gouverner en raison de son procès pour corruption et des allégations de conflit d'intérêts.

Benjamin Netanyahu a résisté aux appels à abandonner sa réforme controversée du système judiciaire israélien lors d'une allocution télévisée enflammée jeudi, quelques heures après que son gouvernement a adopté une loi condamnée par les critiques comme un effort pour protéger sa position.

L'opposition israélienne ont condamné la nouvelle loi, qui limiterait les moyens par lesquels un Premier ministre en exercice peut être déclaré inapte à exercer ses fonctions, la décrivant comme un moyen de protéger Netanyahu, qui fait face à un procès pour corruption en cours.

C'est par un vote final de 61 voix contre 47. que la Knesset a approuvé le projet de loi qui stipule que seul le premier ministre lui-même ou le Conseil des ministres, avec une majorité des deux tiers, peut déclarer le dirigeant inapte. Le vote du Conseil des ministres devra ensuite être ratifié par une super majorité au Parlement.

Les médias israéliens avaient rapporté jeudi après-midi que le ministre de la défense Yoav Gallant, membre du Likoud, le parti de Netanyahu, allait annoncer l'arrêt de la réforme judiciaire en raison des dommages qu'elle causait à l'armée israélienne. Des centaines de réservistes israéliens, y compris des membres d'équipage de l'armée de l'air spécialement formés, avaient annoncé qu'ils refuseraient d'être appelés à servir si la réforme était adoptée, car ils n'auraient plus l'impression de servir un gouvernement démocratique.

Mais M. Gallant a été convoqué au bureau de Netanyahu puis a annoncé qu'il reportait sa déclaration.

«Au lieu d'arrêter la législation et de calmer la situation, Netanyahu a une fois de plus joué la victime et a continué à répandre des mensonges scandaleux contre le système judiciaire qui n'ont aucun fondement dans la réalité», a déclaré Lapid dans un communiqué publié jeudi soir.

«Au lieu de rejeter la faute sur les autres et de jeter l'opprobre sur les Israéliens patriotes qui se battent pour l'avenir de leurs enfants, prenez vos responsabilités pour une fois", s'est-t-il adressé à Netanyahu.

L'ancien Premier ministre Yair Lapid a qualifié cette mesure de «loi personnalisée honteuse et corrompue» et a déclaré que Netanyahu «ne s'occupait que de sa personne».

Par la suite, Netanyahu a réitéré son projet controversé d'affaiblir le système judiciaire israélien, malgré les protestations et les interventions de longue date des dirigeants internationaux, ainsi que les inquiétudes des responsables de la sécurité et de l'armée israéliennes.

«Je m'efforce de trouver une solution et je suis attentif aux préoccupations de l'autre partie. Nous avons déjà procédé à des changements», a-t-il déclaré, évoquant un assouplissement du projet de loi qui donnerait au gouvernement le pouvoir de nommer les juges - une réduction partielle annoncée lundi qui a été jugée insuffisante par les critiques.

Une nouvelle loi qui renforce la position de Netanyahu

La loi adoptée jeudi stipule que «l'autorité de déclarer l'incapacité du Premier ministre n'appartiendra qu'au gouvernement ou à la Knesset et ne se produira qu'en raison d'une incapacité physique ou mentale», selon un communiqué de la Knesset publié jeudi.

Le projet de loi empêche également la Cour suprême d'examiner «une demande visant à déclarer l'incapacité du Premier ministre».

«Étant donné qu'un premier ministre en exercice tire son pouvoir et son autorité du peuple par l'intermédiaire de ses représentants, cette proposition reflète le concept existant selon lequel la destitution du dirigeant contre sa volonté sera déterminée par les seuls représentants du peuple sans l'implication d'un organe non élu», a déclaré un communiqué de la Knesset.

Les manifestants sont descendus dans la rue ces dernières semaines pour protester contre la réforme judiciaire controversée du gouvernement.

La rue en ébullition

Plus tôt dans la journée, les manifestants ont organisé ce que les organisateurs ont appelé une journée de "paralysie nationale", à laquelle a participé un cercle de plus en plus large d'Israéliens de tous horizons. Ils ont bloqué les principales autoroutes du pays. À Tel Aviv, la police a utilisé un canon à eau contre des manifestants qui avaient bloqué une route principale pendant des heures.

Un groupe de chirurgiens a protesté en occupant des héliports autour de la ville côtière de Césarée, où Netanyahu et sa famille possèdent une luxueuse résidence privée. Les manifestants ont marché en cercle avec des drapeaux entourés de grandes banderoles sur lesquelles on pouvait lire «Lutter pour la démocratie» et «Il faut résister à la dictature», selon des images de drone distribuées par les organisateurs de la manifestation.

Par ailleurs, des milliers de réservistes issus d'unités de toute l'armée, y compris des unités d'élite de l'armée de l'air, du cyberespace et du renseignement militaire, ont menacé de ne plus se présenter à l'entraînement si le remaniement devenait loi.

La chaîne d'information israélienne Channel 12 a rapporté jeudi que le chef du service de sécurité intérieure israélien avait averti Netanyahu que la combinaison des divisions provoquées par le remaniement et des menaces croissantes pour la sécurité menait Israël à un «endroit dangereux».

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